U.S.A. : Election présidentielle

2706635982_30c95c846a.jpgClaude RIBBE : "Nous sommes tous des Obamas français."
Comme il est étrange, cet engouement français pour l’élection présidentielle américaine ! Et comme il est curieux de lire, de voir et d’entendre ces journalistes qui font mine de déplorer qu’il n’y ait pas d’Obama français alors que ce sont eux qui semblent l’avoir décidé en excluant a priori et systématiquement tout Obama potentiel pour exhiber leurs béni-oui-oui habituels, choisis à cause de leurs alliances ou de leur sottise (parfois les deux).

 

Regardez un peu ce que nos maîtres censeurs essaient de désigner comme les représentants des «noirs» de France, après avoir tenté de fabriquer de toutes pièces une communauté qui ne peut exister que dans le malheur.

 On pourrait imaginer qu’un pays comme la France donne au moins l’exemple en rappelant que Barack Obama n’a rien de particulier si ce n’est d’être le meilleur candidat de cette élection, en saluant une démocratie où les partis politiques ne barrent pas la route aux candidats sur la seule considération de la couleur de leur peau. C’est d’ailleurs en jouant cette carte universaliste et, au fond, de tradition française, qu’Obama est là où il est.

Mais c’est tout l’inverse qui se produit. La part la plus nauséabonde de la France, celle qui prétend représenter le pays, parler au nom du pays, sous prétexte qu’elle a le porte-voix, de s’exciter sur cette prétendue couleur d’Obama, comme le colon fantasmait sur le cul de la "négresse", avec d’autant plus de nervosité qu’on sait bien qu’ici un Obama aurait, depuis longtemps, été abattu en plein vol.

Depuis des décennies, tous les partis politiques français, de droite, du centre, de gauche, d’extrême gauche, les ont brisés, laminés, ostracisés, nos Obamas. Dès qu’il s’en présentait un, méthodiquement, sournoisement, efficacement, on l’abattait, on le détruisait. Par peur, par bêtise. Voilà où on en est arrivés, à force de vouloir censurer l’histoire. L’Amérique, ancienne colonie esclavagiste, a été obligée d’assumer son passé. En France, on en est encore à se demander s’il est bon d’en parler.

Ce qui se passe en ce moment aux États-Unis met simplement en lumière que la France est gangrenée par le racisme hypocrite de l’élite au pouvoir. Un racisme qui est absolument le même à gauche qu’à droite. Alors, forcément, pendant ce temps, dans les ghettos où se font élire des politiciens corrompus avec des taux d’abstention atteignant parfois les quatre cinquièmes, des jeunes rêvent d’Amérique pour oublier leur quotidien révoltant.

Et pourtant, il y en a des Obamas français. Il y en a même depuis longtemps. En octobre 1795, à une époque où la France savait tirer toutes les conséquences des principes universalistes qui ont fondé la République, c’est le général de division Alexandre Dumas, né esclave à Saint-Domingue, que la Convention appelait à la rescousse, sans s’occuper de la couleur de sa peau.

 

Mais l’essieu de sa voiture se brisa à la patte d‘Oie de Gonesse et c’est un traîne-savate raciste qui lui souffla la place, rétablissant l’esclavage et institutionnalisant un système ouvertement fondé sur des préjugés dont nous ne sommes pas sortis.

Puis de deux siècles après, le même pays, en plein Alzheimer, ne se souvient plus de rien. Des vieillards gâteux, arc-boutés sur une prétendue grandeur napoléonienne qui fait rire le monde entier, n’essayant même plus de cacher les fantasmes coloniaux qui rongent leur vieille carcasse, tentent de nous faire avaler leur vomi communautariste, ce que l’Europe a produit de plus abominable.

Non, les «noirs» de France n’ont aucune raison communautaire de se réjouir de l’élection d’Obama. Mais tous les Français auxquels le racisme a un jour barré la route peuvent espérer, peut-être, grâce à cet exemple donné par le pays jusqu’à ce jour le plus puissant du monde, que justement, on arrive à s’intéresser enfin à autre chose qu’à la couleur de leur peau.

CLAUDE RIBBE