Pourquoi les séismes sont-ils moins fréquents dans cette zone? La majeure partie des séismes se produisent dans les zones où se rencontrent les plaques tectoniques (comme c'est le cas en Californie, en Alaska, au Chili ou au Japon par exemple). Ce n'est pas le cas de l'est des États-Unis qui est situé au milieu de la plaque nord-américaine. «La secousse de mardi est typiquement un séisme intraplaque», explique Jean-Paul Montagner, sismologue à l'institut de physique du globe de Paris. «Ce phénomène n'est pas exceptionnel, mais il est beaucoup moins courant et plus difficile à analyser.» L'origine précise du dernier séisme n'a d'ailleurs pas été clairement identifiée. «Les anciennes failles inactives liées à la chaîne de montagne des Apalaches pourraient avoir été réactivées pour une raison inconnue», avance le sismologue. Pouvait-on prévoir la survenue d'un tel séisme? Les séismes sont toujours des événements imprévisibles. Les géologues ne peuvent que déterminer leur probabilité d'occurrence dans une région donnée. C'est ce qu'on appelle l'«aléa sismique». En Virginie, où se situe l'épicentre de la secousse survenue mardi, il est très faible. Quelle que soit la région du monde, il n'est jamais nul. «On peut simplement dire, dans certains cas, qu'à l'échelle d'une vie humaine, voire d'une société, la probabilité d'observer un séisme de grande ampleur à un endroit donné est quasi-nulle», précise Jean-Paul Montagner. La région avait-elle déjà été frappée par des tremblements de terre importants? Le séisme le plus intense enregistré dans cette région par l'institut de surveillance géologique américain (USGS) date de 1886. D'une magnitude de 7,3, il avait frappé Charleston en Caroline du Sud. «Les séismes intraplaques ne sont pas forcément anodins. Les tremblements de terre de 1811-1812 à New-Madrid, dans le Midwest, compte parmi les 20 plus importantes secousses qu'aient connues les Etats-Unis en deux siècles», rappelle le sismologue. Pourquoi le récent séisme a-t-il été ressenti aussi loin de son épicentre? Le même séisme en Californie n'aurait jamais eu un rayonnement comparable. «La roche est beaucoup plus vieille et plus compacte à l'est. Les ondes sismiques s'y propagent beaucoup mieux. C'est pourquoi il a été ressenti avec force à Washington ou à New York», explique Jean-Paul Montagner. La côte Est est-elle plus vulnérable ? Dans une étude parue en 1997, un chercheur faisait sensation en assurant que le «risque sismique» était plus important à Boston qu'à San Francisco. Il voulait en fait dire par là qu'en dépit d'un faible aléa sismique, les bâtiments sont si vulnérables dans les vieilles villes de l'Est qu'une secousse importante aurait des conséquences désastreuses. «Ce type de raisonnement est un peu trompeur», remarque Jean-Paul Montagner. «Objectivement, il y a tout de même bien plus de chances d'observer un séisme destructeur à San Francisco.»