Si cette modification était approuvée dans un référendum prévu d'ici 30 jours, elle permettrait à M. Chavez de briguer un troisième mandat à compter de 2012, alors que la Constitution actuelle n'autorise que deux mandats présidentiels successifs.

Le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV), la formation du président, est largement majoritaire au parlement.

Pour l'opposition, cet amendement constitutionnel enterrerait le principe d'alternance au pouvoir, pour permettre à M. Chavez de s'y maintenir.

"On ne peut pas manipuler les gens en invoquant les principes et valeurs démocratiques, en pensant que le peuple est idiot et ne se rend pas compte que l'objectif est de concentrer le pouvoir sur un seul homme", a estimé le député Juan José Molina, du parti d'opposition Podemos.

A l'occasion du débat parlementaire sur cette question, qui a duré huit heures, l'opposition a également rappelé que la possibilité d'une réélection indéfinie du chef de l'Etat avait déjà été rejetée en décembre 2007 dans un référendum sur un précédent projet de réforme constitutionnelle.

L'amendement de la Constitution adopté mercredi par le parlement porte sur tous les mandats électifs soumis au suffrage universel.

Le 18 décembre, les députés avaient voté en première lecture un projet prévoyant le renouvellement sans limite du seul mandat présidentiel. Mais M. Chavez leur avait demandé ensuite d'élargir cette mesure à tous les mandats électifs, apparemment en raison des sondages qui montraient que la possibilité d'une présidence illimitée était peu populaire.

Le texte doit être transmis prochainement au Conseil national électoral qui décidera de la date du référendum à organiser au cours du mois suivant.

Hugo Chavez, 54 ans, élu il y a dix ans, s'est déclaré prêt à gouverner "jusqu'en 2021", année symbolique qui marquera le bicentenaire de la dernière grande bataille pour l'indépendance du Venezuela.

"Selon les enquêtes d'opinions, le concept de réelection indéfinie n'est pas bien accueilli par la population" et l'amendement est perçu comme "une proposition très égoïste" du chef de l'Etat, a déclaré à l'AFP Saul Cabrera, directeur de l'institut de sondages Consultores 21.

M. Cabrera estime en outre que la rédaction de la question qui sera soumise à référendum, où ne figure pas le mot "réélection", "fait partie d'un changement de stratégie visant à occulter ce que l'électorat rejette".

Dans la présentation de son dernier rapport d'activité, M. Chavez a énuméré les principaux succès de son gouvernement ces dix dernières années au nombre desquels la réduction de la pauvreté et l'accès plus facile aux services de santé et d'éducation, mais il a évité les sujets sur lesquels la population se montre largement insatisfaite tels que l'augmentation de l'insécurité.

Pour l'écrivain et ex-guérillero Américo Martin interrogé par l'AFP, "le président Chavez prend d'assaut les moyens de communication, entre dans les foyers vénézuéliens et présente un panorama du pays absolument risible, mais sans possiblité de le contester".