VENTE D'ARMES : LE MARCHE DE LA HONTE !

La France vise le podium mondial pour 2010.

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Les industriels espèrent signer de 10 à 12 milliards d'euros de contrats à l'export. Faut-il s'en enorgueillir ? N'est-ce pas atteindre le comble même de l'hypocrisie que de déplorer des guerres dévastatrices pourvoyeuses de drames humains et, parallèlement, faire de l'industrie de l'armement un des piliers de son économie. La France des Droits de l'Homme et du Citoyen ne pourrait-elle pas exporter autre chose que sa technologie de la mort ? Où est ce brin d'humanité qui sommeille en chacun d'entre nous ? Et, quel crédit peut-on accorder à ces gouvernants qui se sont lancés dans cette compétition débile ?

 

Les industries françaises de l'armement sont repassées à l'offensive à l'international. En 2009, elles ont exporté pour près de 8 milliards d'euros de matériels militaires (+ 31 % sur 2008), retrouvant ainsi leur niveau de l'an 2000. Talonnée par Israël et derrière les États-Unis, la Grande-Bretagne et la Russie, la France veut reconquérir son rang de troisième exportateur de matériels militaires, en signant entre 10 et 12 milliards d'euros de contrats exports cette année, a annoncé lundi Laurent Collet-Billon, le directeur général à l'armement (DGA).

«Pour atteindre cet objectif, il faut que certains grands prospects aboutissent», a-t-il admis. Et de citer les discussions avec le Brésil et les Emirats arabes unis (EAU) pour la vente d'avions de combat Rafale, construit par Dassault Aviation (*). «Nous attendons sereinement la décision du gouvernement brésilien et espérons la concrétisation d'un accord à Abu Dhabi, où les négociations avancent à un rythme soutenu, cette année, voire au premier semestre 2010», a déclaré Jacques de Lajugie, directeur de l'international à la DGA. Lundi, le nouvel ambassadeur de France au Brésil, Yves Saint-Geours, a estimé que Brasilia, qui a déjà acheté à la France des hélicoptères et des sous-marins Scorpène, devrait faire son choix «sous peu» entre les différents chasseurs en compétition.

Egale concurrence 

Parmi les autres pistes prometteuses, la vente à la Russie du Bâtiment de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral construit par DCNS. «La France a donné son accord pour la vente d'un exemplaire. La Russie souhaiterait en acheter quatre au total», a indiqué Jacques de Lajugie. Dans l'attente d'une déclaration officielle au plus haut niveau, Paris examine cette demande «technique» de l'état-major russe qui suscite des réserves de certains pays, notamment des États-Unis. Un BPC qui peut transporter 900 hommes ainsi que des chars d'assaut et des hélicoptères de combat coûte de 500 à 600 millions d'euros.

Dans le domaine terrestre, plusieurs pays seraient intéressés par le char Leclerc fabriqué par Nexter. «Mais la ressource est rare. Nous ne pouvons vendre qu'un lot de 40 chars. Aussi, le premier arrivé sera le premier servi», a prévenu le directeur de l'international.

Enfin, dans le dossier à rebondissement - il dure depuis huit ans - du renouvellement de la flotte d'avions ravitailleurs de l'US Air Force, Laurent Collet-Billon a souhaité qu'il ne soit pas biaisé. «Ça ne serait pas bon pour les États-Unis. S'il n'y a qu'un seul compétiteur, l'affaire pourrait être bloquée par le Congrès», a-t-il estimé. «L'appel d'offres lancé doit permettre à EADS de concourir avec son partenaire Northrop Grumman dans des conditions d'égale concurrence (face à Boeing, NDLR)», a insisté de son côté Hervé Morin, le ministre français de la Défense, à l'issue d'un entretien à Paris avec son homologue américain Robert Gates.

(*) Le groupe Dassault est également propriétaire du Figaro