Etats Généraux en Martinique

D. Marie-Sainte clarifie le débat

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Après l'entrisme des militants UMP dans l'atelier 5 "Gouvernance" et la diabolisation de l'Art. 74, le débat laisse place à la nécessaire clarification : Allocations familiales, RMI, retraites, sécurité sociale, 40%, crédits d’état, crédits européens seront conservés à l'instar de St Barth et de Saint-Martin qui ont opté pour l'Art. 74 de la constitution. 

Au soir du Référendum, les Martiniquais garderont leur passeport français et demeureront dans le cadre des Régions Ultra Périphériques de la Communauté Européenne.

C'est en résumé ce que Daniel Marie-Sainte, co-président de cet atelier, a rappelé dans une interview accordée à Karl Sivatte. 

 

97news.fr : Après les trois premiers rendez-vous de l’atelier « Gouvernance », comment le vivez-vous de l’intérieur.?

Daniel MARIE-SAINTE : "je le vis très bien, puisque j’ai accepté d’être l’un des animateurs de cetatelier, à la demande du Président du Conseil Régional, par ailleurs PremierSecrétaire du MIM, mon parti politique. Je suis donc en mission et le militant politique que je suis apprécie la lutte idéologique qui s’y déroule."

97news.fr : Les observateurs et critiques ont beaucoup parlé des articles 73 et 74, cela n’a-t-il pas quelque peu empêché une parole plus libérée ?

DMS :"Je ne le pense pas, en tant qu’animateur de l’atelier, je veille que tous ceux qui souhaitent intervenir puissent le faire en toute liberté ! Je vous rappelle que le thème de l’atelier est :«La gouvernance (évolutions institutionnelles locales et adaptation des administrations centrales). Evolutions institutionnelles et adaptations des administrations centrales ».

 

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Lorsqu’on discute des institutions devant « gouverner » notre pays, et si l’on admet que, dans la  phase historique actuelle, la Martinique reste au sein de la République Française, (concession faite par le MIM), il est normal que l’on fasse référence aux articles de la Constitution qui concernent les colonies françaises situées hors du territoire géographique de l’Europe.
Soit, on reste comme on est dans le 73, et toutes les lois et les règles continuent à être décidées, à 7000km, par des députés qui pour la plupart ne nous connaissent pas. Soit, on décide que les élus du peuple martiniquais puissent avoir la possibilité d’adapter voire de modifier ces textes sur place, en fonction des intérêts propres de notre Collectivité, notamment dans le domaine de l’emploi,du patrimoine foncier ou dans l’établissement des entreprises, tel que prévu par l’article 74 de la Constitution !" 

97news.fr : On se rend compte que les partis et mouvements politiques, en tous les cas certains d’entre eux, occupent les bancs des ateliers. N’y a-t-il pas là un risque devoir les Martiniquais dégagés de toute option politique s’éloigner de l’atelier?

DMS :"J’ai, effectivement, constaté que les représentants des partis conservateurs « statuquoïstes » faisaient de l’entrisme dans cet atelier. Etant minoritaires au sein du Congrès des élus départementaux et régionaux, il n’est pas étonnant qu’ils essaient de s’accaparer de l’atelier, voulu par le Président de le République UMP, pour tenter, une fois de plus de ralentir l’Histoire ! Cela ne doit pas décourager les Martiniquais qui veulent voir évoluer leur Pays. Au contraire, je leur demande de venir en grand nombre pour contrer la manœuvre de cette droite et de tous leurs alliés objectifs."

97news.fr : Au fur età mesure des séances de travail, avez-vous senti une évolution dans lespropositions ?

DMS : "Iln’y a pas eu, à ce jour,  de propositions nouvelles."

97news.fr : Le peuple de ce pays peut-il encore faire modifier la projection annoncée, celle des partisans du 73 contre ceux du 74 ?

DMS : "La Constitution française ne le prévoit, sauf à en sortir… nous avons admis que, pour l’instant, cette position n’était pas majoritaire !"

97news.fr : On a noté une comparaison entre la Martinique actuelle régie par l’article 73 et ceux qui pointent du doigt les côtés négatifs du 74. Quel rôle pouvez-vous jouer sur le terrain de la pédagogie en direction du  plus grand nombre ?

 DMS : "il faudrait d’abord me dire quels sont ces cotés négatifs de cet article 74. Tout ce que l’on nous avait dit s’est révélé faux !
On nous avait dit que si nous allons dans l’article 74 : Nous perdrions les allocations familiales, le RMI,les retraites, la sécurité sociale, les 40%, les crédits d’état, les crédits européens …. Que sais-je encore ! Cela s’est avéré être de la foutaise et des mensonges ! Depuis, il y a eu le cas de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy que chaque journaliste devrait avoir étudié.  Il verrait que ces citoyens n’ont rien perdu de leurs avantages sociaux acquis, bien qu’ils ont voté pour passer sous le régime de l’article 74 et qu’ils  y sont depuis le 21 février 2007 !  Par contre, leurs élus peuvent, désormais, protéger le patrimoine foncier et les emplois, modifier les textes législatifs et réglementaires dans toutes les matières où ils ont obtenu la compétence, et ce,  sans avoir perdu un centime des ressources en provenance de l’Etat ou de l’Europe !"

 97news.fr :Il y a des sceptiques quant à l’utilisation des travaux des ateliers organisés par l’Etat, quel est votre avis ?

DMS : "Je fais partie des sceptiques, c’est pour cela que je travaille d’arrache-pied au sein de la commission de suivi des travaux, sur le rythme de deux réunions par semaine,  pour préparer la liste des compétences à réclamer, lors de la deuxième séance plénière publique du Congrès, prévue pour le 18 juin 2009 au Conseil Général."

97news.fr : Quels rôles peuvent avoir ces EGOM dans l’optique des élections futures notamment lors du renouvellement à la Région? 

 DMS : "Aucun, sauf à considérer que la campagne électorale y a déjà commencé."

97news.fr : Quelle est votre appréciation sur le fait que le Collectif du 5 février soit absent des EGOM, collectif dont on dit qu’il aurait été à la base du retour « à la parole» des Martiniquais ?

DMS  : "Je n’ai pas de commentaires particuliers à faire sur la position du Collectif du 5 février. Ce que je peux dire, en ma qualité d’ancien dirigeant syndical de la CSTM, que j’ai, plusieurs fois, boycotté ce type d’ « assises » ; car nous considérions que la CSTM n’avait pas à faire de la cogestion du système mais à défendre les intérêts des travailleurs contre les patrons et la politique de l’Etat colonial. Je le pense toujours pour les syndicats dont le rôle n’est pas à confondre avec celui des partis politiques."

97news.fr : Selon vous, cette grève de février-mars et, ces EGOM vont-ils entraîner une nouvelle façon de faire avec et pour la société de ce pays ?

DMS :"Non je ne le crois pas !"

97news.fr : Les jeunes semblent absents de l’atelier Gouvernance, comment l’expliquer?

DMS : "Plus largement, les jeunes semblent être absents de tout ce qui concerne la chose politique, cela m’inquiète, car la relève doit être assurée… Le MIM y travaille, ce n’est pas un hasard que les plus jeunes élus martiniquais viennent de nos rangs (je pense à Sandrine SAINT-AIME, Daniel NIRDE, Jean-Philippe NILOR…)"

97news.fr : Quel serait votre vœu en terme de participation lors des prochaines réunions de l’atelier Gouvernance ?

DMS : "Que la légitimité du Congrès des élus départementaux et régionaux, pour ce qui concerne les question de l’évolution des institutions martiniquaises au sein dela République française, soit reconnue."

Propos recueillis par K.Sivatte.