Barack Obama est né d'une mère blanche du Kansas et d'un père africain, venu, du Kenya, étudier aux Etats-Unis. « Il n'est pas noir, il est métis », nous écrit Molto sur un article de Rue89.
Plusieurs d'entre vous avaient déjà fait la remarque. Pourquoi dit-on de lui qu'il est noir ? Pourquoi vu ses origines ne dit-on pas qu'il pourrait être le premier président métis aux Etats-Unis ?
Obama revendique son héritage maternel, y a fait référence au Kansas à plusieurs reprises en allant notamment sur la tombe de son grand-père, mais il n'emploie jamais le mot « biracial » (métis) pour parler de lui. « Un Noir avec un drôle de nom, on me donnait peu de chances », écrit-il par exemple dans son livre à propos de sa candidature au Sénat.
Son adversaire d'alors, Bobby Rush, un Noir et ancien Black Panther, laisse entendre que c'est dans les livres que Barack Obama, dîplomé d'Harvard, a ppris ce qu'était le mouvement des droits civiques et la ségrégation. Cette année-là, Obama perd les élections de ce district de Chicago en ayant gagné le vote blanc… mais perdu le vote noir. Il en tirera les leçons et apprendra à cultiver lui aussi ses liens avec la communauté noire –des églises aux associations- de Chicago
Si Barack Obama se disait métis, il pourrait donner l'impression de rejeter sa part noire, entend-on dans cette séquence de la chaîne publique NPR consacrée à la question.
C'est l'héritage paradoxal de la ‘one drop rule’ (règle d'une seule goutte), en vigueur au début du XXe siècle et qui voulait que soit considérée noire toute personne qui ait une goutte de sang noir.
Dans une société communautariste, les associations représentantes de groupes ethniques sont plutôt opposés à l'étiquette ‘métis’, craignant qu'elle ne dilue leur influence. On s'en est aperçu lors du recensement de 2000. L'administration, qui jusque là demandait aux résidents américains de s'inscrire dans seulement quatre groupes ethniques, a envisagé d'ajouter une casse ‘multiracial’ (métis). Les associations noires s'y sont pour la plupart opposées, craignant que cela ne diminue leur poids dans la société.
En guise de compromis, le recensement de 2000 a proposé plusieurs cases ethniques, et autorisé les personnes identifiées à en cocher plusieurs, mais sans qu'il n'y ait de case ‘métis’. Autrement dit, aux Etats-Unis on peut appartenir à plusieurs groupes… mais ‘métis’ n'est pas une identité.
Malgré toutes ces explications, la remarque des internautes reste très pertinente. Ce n'est pas parce qu'Obama a décidé de préférer l'étiquette noire à l'étiquette métis que les journalistes doivent en faire autant. Nous tacherons d'y veiller désormais sur Rue89.
SOURCE : Rue89