Depuis 1958, en Martinique, la majeure partie des bananeraies est traitée par épandage aérien de pesticides, alors même que les effets des produits utilisés restent inconnus concernant la santé humaine et sont reconnus dangereux pour l’environnement.
A notre connaissance, la seule étude d’impact sanitaire sur l’épandage aérien a été réalisée en 2004, soit 46 ans après, à la demande du directeur Général de la santé.
Dans les conclusions du rapport (page 95) du groupe de travail institutionnel en charge de la saisine AFSSE (Agence Française de Sécurité Sanitaire Environnementale), on relève entre autres :
« - il exclut l’évaluation des risques associés, d’une part, aux métabolites des substances étudiées et, d’autre part à leur phase gazeuse, compte-tenu de l’état actuel des connaissances dans ces domaines et du manque d’outils reconnus et disponibles.
- les évaluations de risque ne considèrent comme point d’entrée de la contamination environnementale que les dépôts au sol ou les concentrations dans l’air en gouttelettes à 50m (ou à 100m) liés à la dérive provoquée par l’épandage aérien : à la lecture de la saisine c’est ce qui est apparu critique et central aux experts. Cela signifie que les travailleurs impliqués directement et quelque soit leur poste ont été exclus des évaluations de risque quantitatives du présent rapport, leur exposition très particulière supposerait de facto une étude à part entière, poste par poste, par méthode d’application et de protection, aéronef par aéronef (sic) ».
L’ASSAUPAMAR retient la même nécessité d’une étude à part entière d’évaluations de risque quantitatives pour les populations très particulièrement exposées compte tenu de l’urbanisation diffuse dans et à proximité des bananeraies.
« - Enfin, les oiseaux, les mammifères et les abeilles n’ont pas fait l’objet d’une évaluation des risques dans le cadre cette saisine (sic)».
« - Enfin, les évaluations de risque ne permettent pas d’évaluer les effets synergiques ou antagonistes de plusieurs produits auxquels sont exposés simultanément les populations et les écosystèmes (sic) ».
Dans la saisine de l’AFSSE, on peut noter l’absence de préoccupations concernant l’impact sur le vivant (flore, faune, ouvriers, populations).
53 ans, c’est trop, d’autant que nous avons déjà fort à faire des nombreuses maladies causées par le chlordécone présent dans notre environnement pour des siècles.
Nous avons reçu copie du courrier du Dr Charles SAINT-AIME adressé le 14 octobre 2011 à Monsieur Julien GOZARD, ingénieur de la DAAF/Service Alimentation. Dans ce courrier que nous joignons à nos observations, compte tenu des risques sur la santé publique, le Dr SAINT-AIME préconise le respect du principe de précaution inscrit depuis mars 2005 dans le préambule de la constitution de la République Française.
C’est aussi la préconisation de l’ASSAUPAMAR.
Pour toutes ces raisons, l’ASSAUPAMAR émet un avis défavorable au projet de dérogation à l’interdiction de l’épandage par voie aérienne de produits phytosanitaires sur les plantations bananières.
La Secrétaire Générale,
Marie-Jeanne TOULON