CARBET – HABITATION LAJUS : DISPARITION PROGRAMMEE D’UN JOYAU AGRICOLE

Qui peut ramener à la raison le maire PPM du Carbet ?

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Le projet du Maire du Carbet d’ériger 84 logements sociaux, sur les terres « AOC » de l’Habitation Lajus, démarrera dès lundi 23 janvier 2012 par la phase de terrassement et de gros œuvre. Depuis 2 jours, les riverains ont été surpris par l’arrivée sur le site de 2 énormes tractopelles et par l’annonce faite par l’entrepreneur du début imminent des travaux. Pourtant les élus PPM de la Région, le Président de Région, Serge LETCHIMY en personne, Daniel CHOMET, président de la Commission du Développement Durable et du PNRM, Camille CHAUVET, président de la Commission de Révision du SAR, ont été officiellement alertés par Louis BOUTRIN sur la disparition d’un joyau agricole du pays et les risques d’altérer durablement le potentiel agronomique, écologique, touristique et économique de ce site emblématique de la Martinique. Visiblement, personne, y compris au sein même de son propre parti, n’a su ramener à la raison le maire du Carbet. 

 

L’habitation Lajus, fondée en XVIIIe siècle (1774) est une des dernières habitations de l’île à avoir miraculeusement échappé à la bétonisation galopante des terres agricoles. Depuis son origine, jusqu’à l’édification de la distillerie Bally, ces terres n’ont jamais quitté la sphère productive agricole. Elles sont mécanisables, carrossables et alimentées par un réseau d’irrigation conçu, à l’instar du Canal de Beauregard (Canal des Esclaves), depuis la Rivière du Carbet. Actuellement, elles sont exploitées par des agriculteurs qui en tirent leurs revenus et qui contribuent à la production maraîchère du pays. Ils étaient encore présents, il y a 48 heures, lors de l’arrivée des tracto-pelles (voir photo). 

Le maire du Carbet a l’intention d’y implanter des logements sociaux et un permis de construire a été délivré à la Société d’HLM OZANAM, le 24 août 2010. L’Association pour une écologie urbaine, représentée par son président Louis BOUTRIN, a engagé un recours en annulation dudit permis devant le tribunal administratif de Fort de France, le 28 janvier 2010. L’avocat de la  mairie a demandé un délai supplémentaire pour mieux préparer son mémoire en réplique et l’affaire est donc toujours en instruction. Un délai qui semble être mis à profit par la Mairie et les promoteurs pour débuter les travaux à partir du 23 janvier. Une attitude complètement irresponsable au regard des enjeux économiques et patrimoniaux et qui conduira à une bétonisation certaine de ces terres agricoles AOC. 

En plus des 84 logements, le maire envisage d’implanter sur ce domaine agricole, un collège ainsi qu’une centrale photovoltaïque qui figurent dans son projet de PLU actuellement en instruction à la Région et à la DEAL (Direction de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement). Interpellés à cet effet, l’ancien Président du Département, Claude LISE, ainsi que David ZODBA, premier vice-président, n’ont pas confirmé les intentions du maire. Aucun projet de construction d’un collège sur le Carbet dans les dossiers du Conseil Général. 

S’agissant des logements sociaux, Louis BOUTRIN, Conseiller Régional, rappelle sa position favorable au développement de logements sociaux au Carbet ce d’autant  que l’Etat a signé une Convention d’Actions Foncières avec la Commune du Carbet et que la Commune possède de fortes potentialités foncières à cet effet. Il ressort des études menées par la DEAL que la commune du Carbet dispose des espaces fonciers constructibles notamment au quartier du Coin et ce… en pleine propriété de la mairie du Carbet. Il n’y a donc pas lieu d’hypothéquer les terres agricoles AOC de l’Habitation Lajus. 

Au-delà de cet épisode de l’Habitation Lajus, il y a lieu de s’interroger sur le décalage croissant entre les discours politiques tenus officiellement et la réalité de terrain. Malgré le moratoire du président de Région du 16 septembre 2010 sur le respect des terres agricoles, en dépit des engagements publics des Conseillers régionaux PPM, de la présentation de l’atlas des paysages, plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles, situées sur un site exceptionnel, sont vouées à la disparition, au nez et à la barbe de tous. 

Que penser dès lors, des engagements pris devant les agriculteurs, des envolées lyriques sur le patrimoine touristique du pays, des ateliers de l’imaginaire et du rayonnement du Grand Saint-Pierre sur les communes limitrophes, si on est incapable de sauvegarder un des fleurons de notre patrimoine ?

Louis BOUTRIN

 

 

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