On peut questionner, si l’on est indépendantiste, la voie qu’il a choisie pour son parti, le MIM (Mouvement Indépendantiste Martiniquais), et se demander si elle n’a pas été une impasse dès l’instant où il a accepté de jouer le jeu électoral français puisque pendant longtemps, il a prôné la participation aux élections locales et le boycott des élections « nationales » et européennes. On peut s’inquiéter de sa mise à distance des intellectuels libres, des artistes, des rastas, des homosexuels et d’autres catégories rétives à l’embrigadement politique.

Oui, on peut ne pas aimer « Chaben ».

Mais s’il y a une chose dont on ne peut douter, c’est de son intégrité totale au cours de ses quelques quarante années de vie politique. Je ne suis pas membre du MIM ni ne l’ai jamais été et personne de ce parti ne m’a demandé d’écrire le présent papier. Je le fais en mon âme et conscience, en tant que Martiniquais, certes souvent en colère contre son propre peuple, mais viscéralement attaché à son émancipation. Je ne peux pas supporter une seule seconde que l’on mette en doute l’intégrité d’un homme dont le mode de vie, à l’instar de celui d’Aimé Césaire, a toujours été d’une sobriété sans égale parmi ses pairs et qui en maintes occasions s’est toujours placé aux côtés des plus démunis, chose qui explique, outre son charisme personnel, son immense popularité au-delà même de son camp politique. Ce n’est pas pour rien qu’il a été surnommé « Chaben ». Il s’agit là, bien plus qu’une banale désignation phénotypique, au demeurant inexacte le concernant, d’une marque d’affection. De profonde affection. « Chaben » autrement dit « boug-nou », « boug pep-la », « tala ki toujou ka défann nou lè nou ka pwan fè »…

Colérique, oui, dictatorial parfois, implacable avec ses adversaires sans nul doute, intolérant par moments, rancunier souvent, oui, tout cela est sans doute vrai, mais malhonnête ou corrompu, ça JAMAIS ! Je ne sais rien de cette affaire de construction d’école à la Dominique n’étant ni dans les petits papiers de la justice française ni membre du MIM. Par contre, ce que je trouve lamentable, c’est qu’un élu de la nouvelle majorité ait pris son temps pour monter l’affaire « GREEN PARROT », ce document que j’ai dû bien recevoir vingt fois par mail à l’époque et qui prétend démontrer qu’il y a une prise illégale d’intérêt de « Chaben » dans la construction de ladite école. La Martinique entière a été inondée durant des mois et des mois par ce document anonyme, ce qui n’a pu être l’œuvre d’un seul homme, mais de toute une équipe rivée à ses ordinateurs. Cette machination a joué d’ailleurs un rôle non négligeable dans l’échec de « Chaben » aux dernières élections régionales et c’était bien là l’objectif recherché par ses dénonciateurs anonymes. Sauf qu’après enquête de la justice, le dénonciateur en chef a fini par être démasqué et a piteusement déclaré avoir perdu son ordinateur dans…la région parisienne. Si on accepte de le croire donc, c’est quelqu’un de Créteil ou de Garge-les-Gonesses qui s’en serait emparé et aurait monté le coup contre Marie-Jeanne !!! Ne rions pas, cela montre le niveau d’une certaine frange de la classe politique martiniquaise.

A la veille de l’élection de la Collectivité unique, après que les adversaires de « Chaben » ont tout fait pour en repousser la date à « lanné kannel » (aux calendes grecques) afin de faire jouer l’horloge biologique, voici que l’affaire « GREEN PARROT » revient comme par hasard sur le tapis. On sait la justice lente, mais pas à ce point tout de même. On est en droit de se demander donc s’il n’y aurait pas derrière cette soudaine réapparition, une manœuvre, voire une machination, visant à abattre définitivement "Chaben". Qui serait derrière ce mauvais coup ? Je n’en sais rien, même s’il n’y a pas besoin d’avoir un doctorat en Sciences politiques pour le deviner.

Que ces agisseurs de l’ombre sachent en tout cas qu’ils nous trouveront en face d’eux le moment venu, et pas seulement les marijanistes, mais aussi des non-membres du MIM tels que moi ! Car trop, c’est trop ! Nous sommes déterminés à mettre un terme à ce genre de pratiques qui n’a comme seul résultat que de dégrader encore plus l’image de la chose politique dans l’esprit du Martiniquais moyen et de le détourner des urnes.

Tansion ! Sé pa an sel manman ka fè yich méchan !...

Raphaël CONFIANT in Montray Kréol.org