VERS UNE DÉMISSION DE GENEVIÈVE FIORASO, SECRÉTAIRE D'ÉTAT À L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

L'affaire du diplôme imaginaire de Geneviève Fioraso refait surface

fioraso.jpgLe 21 février 2015, les médias français sont nombreux à commenter l'affaire des diplômes de l'actuelle secrétaire d'Etat à l'Enseignement Supérieur et à la Recherche. 

Se référant à l'article de Mediapart « Le diplôme fantôme de la ministre des universités », BFMTV écrit « La maîtrise d'économie de Geneviève Fioraso n'a jamais existé », alors que Le Point et Le Monde évoquent « Le diplôme imaginaire de Geneviève Fioraso ».

 

L'Express emploie le titre « La maîtrise d'économie imaginaire de la ministre des universités ». Certains titres ont changé pendant la journée. 

Le Figaro souligne à présent la « Confusion autour d'un diplôme de Geneviève Fioraso », alors que Le Parisien écrit finalement « Accusée d'avoir inventé sa maîtrise d'économie, Fioraso se dit "scandalisée" »

D'après l'enquête diffusée par Mediapart, Geneviève Fioraso « s'est inventé une maîtrise d'économie », alors qu'elle « n'a même jamais suivi aucun cursus dans cette matière ». Mediapart rappelle que, depuis la nomination de Geneviève Fioraso, la plupart de ses biographies, y compris dans Who's Who, ont systématiquement fait état de deux maîtrises, l'une en anglais et l'autre en économie. Or il s'agit en réalité, d'après Mediapart, d'une simple maîtrise d'anglais avec une option économie. 

Pendant presque trois ans, aucune rectification n'est intervenue alors que l'intéressée a disposé d'un temps suffisant pour intervenir dans ce sens. Dans Le Point, Jean-Paul Brighelli réclame « Geneviève Fioraso, démission ! » A son tour, Geneviève Fioraso décline toute responsabilité par rapport à cette inexactitude récurrente de ses biographies. 

Le Dauphiné rapporte « Diplôme imaginaire : Geneviève Fioraso "scandalisée" », exposant que la secrétaire d'Etat se déclare « scandalisée par les accusations qui lui sont faites ». D' après la même source, l'entourage de Geneviève Fioraso souligne l'attention qu'elle accorde à son travail sur lequel « elle est concentrée (...) et non sur ses biographies ». Une explication qui paraît peu convaincante, dans la mesure où il suffit de quelques minutes pour vérifier le contenu d'une biographie. 

fioraso.diplome.jpg

 

Mais même avec la prétendue maîtrise en économie, pouvait-on sérieusement considérer un tel niveau d'études comme acceptable pour une ministre ou secrétaire d'Etat chargée de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche ? 

Le curriculum officiel de Geneviève Fioraso est pour l'essentiel politique et « gestionnaire », sans qu'il y apparaisse à aucun moment un enseignement universitaire ou des études de haut niveau (doctorat...), pas plus qu'une activité directe de recherche scientifique. Quant à la réalité de son bilan gouvernemental, la situation récemment exposée dans notre article « La crise des universités françaises (I) » paraît fort parlante en ce qui concerne l'étendue des dégâts.

La version du Who's Who de la biographie de Geneviève Fioraso, que nous nous sommes procurée aujourd'hui, comporte bien de manière fort visible la mention : « Dipl. : Maîtrises d'anglais et d'économie ». Pour quelle raison cette information erronée n'a-t-elle pas été rectifiée ?

Même réflexion, comme le souligne Mediapart, à propos d'une série d'articles parus dans les médias, à commencer par celui de Sylvestre Huet du 9 juillet 2012 dans Libération, où on peut lire :

Geneviève Fioraso. Faire connaissance

(...)

Etudiante normale : une hypokhâgne, puis double maîtrise en anglais et économie (...)

(fin de l'extrait)

Et quelle est, concrètement, l'expérience académique et scientifique de Geneviève Fioraso en tant qu'étudiante universitaire à haut niveau (troisième cycle...), enseignant-chercheur, chercheur... ?

Sa biographie officielle, directement accessible sur le site du Gouvernement à l'adresse http://www.gouvernement.fr/ministre/genevieve-fioraso , ne semble comporter aucune précision à propos d'un éventuel parcours universitaire au niveau d'un troisième cycle ou supérieur, ni personnellement dans l'enseignement supérieur ou la recherche active, de la part de Geneviève Fioraso. Elle nous apprend, en revanche :

Geneviève Fioraso est née le 10 octobre 1954 à Amiens (Somme).

Fonctions ministérielles

Secrétaire d'État à l'Enseignement supérieur et à la Recherche auprès du ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, depuis avril 2014

Ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, de mai 2012 à mars 2014

Fonctions Électives 

- Réélue députée de la première circonscription de l'Isère, le 17 juin 2012
- Députée de la première circonscription de l'Isère, depuis juin 2007
- Membre de la Commission des Affaires Économiques,
Membre de l'Office Parlementaire d'Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques (OPECST)
- Rapporteur pour avis des budgets sur l'industrie, l'énergie, le développement durable, la recherche technologique en 2009, 2010 et 2011
- Rapport sur l'évaluation de l'application de l'article 19 de la loi de programme pour la recherche avec Claude Birraux, député et Président de l'OPECST et Jean-Claude Etienne, sénateur – décembre 2008
- Adjointe au maire de Grenoble à l'économie, l'innovation et au commerce de 2001 à 2008, puis chargée de l'université, de la recherche, de l'économie et des relations internationales, de 2008 à 2012
- Première vice-présidente de Grenoble-Alpes-Métropole, de 2001 à 2012

Carrière

Cadre marketing à France Télécom Grenoble, en charge des marchés émergents dans le secteur social-santé, de 2001 à 2004
- Directrice fondatrice de l'Agence régionale du numérique mise en place par le réseau des villes Rhône-Alpes, pour assurer la diffusion du numérique dans les PME de Rhône-Alpes, de 1999 à 2001
- Directrice de cabinet de Michel Destot, député-maire de Grenoble. Suivi des dossiers de l'économie, de la recherche, enseignement supérieur, CHU et de l'innovation, de 1995 à 1999
- Cadre de direction d'une start-up du CEA, Corys. En charge des projets européens et de recherche et développement, pour améliorer la sûreté des centrales nucléaires et thermiques, de 1989 à 1995
- Co-fondatrice et administratrice d'Agiremploi, association d'insertion des jeune, en 1987
- Assistante parlementaire d'Hubert Dubedout, en 1983
- Chargée d'information au cabinet d'Hubert Dubedout, maire de Grenoble, de 1979 à 1983
- Professeur d'anglais dans une zone prioritaire puis au Gréta d'Amiens auprès de jeunes décrocheurs, de 1975 à 1978

(fin de la biographie, licence Creative Commons)

La carrière de Geneviève Fioraso est donc bien une carrière politique et « gestionnaire », qui commence à la Mairie de Grenoble en 1979. L'alors député et maire de Grenoble, Hubert Dubedout, avait rejoint le Parti Socialiste en 1974.

Que penser d'un tel profil ? Peut-on valablement assumer une fonction gouvernementale dans l'Enseignement Supérieur et la Recherche avec ce curriculum ?

SOURCE : Courrier International