MARTINIQUE : LA PAUVRETÉ S'EST ÉTENDUE DEPUIS 2011

insee.jpgAprès la parution de l’étude Insee sur les budgets des familles 2011.
Depuis 2011, la pauvreté a continué à augmenter en Martinique.

Selon la dernière enquête Insee sur les budgets des familles 2011 (Insee-Analyses- n° 7 d’août 2015)  le taux de pauvreté en Martinique était de 21,1 % en 2011 en augmentation de 4,7 points sur 2001, dix ans plus tôt, soit 16,4 %. Cela fait 84 000 personnes dans la pauvreté.

 

Ce taux de pauvreté est mesuré à partir d’un seuil de pauvreté calculé par l’Insee à 620 € par mois alors que le niveau de vie médian martiniquais est de 1 026 euros par mois (40 % inférieur à celui de la France). Avec un seuil de pauvreté égal à celui de la France en 2011, soit 977 euros mensuels, le taux de pauvreté martiniquais serait très supérieur à 21,1 %. En 2006, le taux de pauvreté calculé avec le seuil de pauvreté de France à 880 euros était de 37,8 % au lieu du taux officiel de 20,5 %. Il n’est donc pas loin de 40 % en 2011. 

 Par ailleurs, on sait que le coût de la vie est supérieur officiellement de l’ordre de 17 % en Martinique globalement à celui de la France et de près de  + 45 % pour les produits alimentaires (étude INSEE de 2010) lorsque la consommation se rapproche du profil des dépenses français. Ce qui tend à être la norme de plus en plus du fait de notre dépendance économique grandissante. Les gains de pouvoir d’achat n’auraient été que de 5 % en dix ans de 2001 à 2011, soit + 0,5 % par an en moyenne. Mais on sait que les moyennes sont trompeuses. Celui des ménages modestes aurait enregistré une progression de  plus de 10 %. Il est certain que les augmentations de salaires et le ralentissement des prix consécutifs au mouvement de février-mars 2009 ont du jouer dans ce gain de pouvoir d’achat des ménages moyens inférieurs et modestes.

 L’Insee se  contente d’expliquer que « a contrario, les plus pauvres, appartenant au premier décile (D1) de la distribution des niveaux de vie, connaissent des pertes importantes de pouvoir d’achat ».  Sans préciser de combien. En d’autres termes, les inégalités se creusent.

Et depuis 2011 ?

Vu la date de l’enquête en 2011, la légitime question est de savoir si la pauvreté a augmenté ou diminué depuis cette date.

 

 Un des indicateurs de mesure de la pauvreté est le nombre de personnes allocataires soit du Revenu minimum d’insertion(RMI) ou de revenu de solidarité active (RSA) qui l’a remplacé. Voici les données selon l’IEDOM-Martinique :
 

 

ANNEES

Allocataires RMI ou RSA

Observations

1er T 2010

 28 262

RMI

1er T 2011

36 433

RSA à partir 1er/01/2011

1er T 2012

39 329

 

1er T 2013

33 448

 

1er T 2014

42 806

 

1er T 2015

43 171

 

Juin 2015

45 229

Chiffre dit « consolidé ».

 

Ainsi le nombre de personnes relevant du revenu minimum est passé de 28 262 au 1er trimestre 2010  à 43 171 au 1er trimestre 2015 si on part du RMI, soit 14 909 personnes de plus et + 52,7 %. Si on part du RSA créé au 1er janvier 2011, l’augmentation est de 6 738 personnes et de + 18,5 %.  Si on prend en compte le chiffre de juillet 2015, à savoir 45 229 allocataires, l’augmentation est de 8 796 personnes par rapport au 1er trimestre 2011, soit + 24 %. Rappelons que le Revenu de Solidarité Active dit RSA est fixé à 513,88 euros par mois pour une personne seule depuis janvier 2015. Ce n’est pas une prime des rois du CAC 40 ! Le seuil de pauvreté est supérieur et calculé par l’Insee à 620 €/mois en 2011.

Indéniablement la pauvreté s’est étendue depuis 2011 à ce jour, date de la dernière enquête de l’INSEE budget des familles.

Donc plus d’un, voire sans doute deux Martiniquais(es) sur cinq, est dans la pauvreté ! 

 Les causes, on les connait : en premier lieu, la poursuite de la hausse du chômage ; surtout  l’aggravation du chômage de longue durée (au-delà d’un an), la précarité croissante de l’emploi (multiplication de CDD). Et le tout favorisé par le ralentissement, voire l’arrêt, de la pseudo-croissance de l’économie martiniquaise en crise en dépit des plans de relance régionaux à coup d’endettement massif. Pour mémoire, la dette régionale est passée de zéro en 2010 à 300 millions d’euros en 2015.

Depuis l’arrivée de Serge Letchimy à la tête du Conseil régional en 2010 et de François Hollande à la tête de la République française la, pauvreté a creusé son sillon de souffrance.

Il est clair qu’il existe une urgence sociale dans ce pays.

                                                                 Michel Branchi (14/09/2015)