Dékré abolisyon lesklavaj 27 avril 1848 An tradiksyon Kréyol Rodolf Etienne Edition bilingue
A paraître…
Sortie prévue : 15 mai 2012
Dékré labolisyon lesklavaj 27 avril 1848 – Decret d’abolition de l’esclavage du 27 avril 1848. Edition bilingue. Rodolf Etienne. Mai 2012 - Macré-Lorillo Editions.
Kréyol
« Ministè Lamarin ek Lékoloni – Direksyon Lékoloni
Larépiblik Fransé
Libèté – Egalité – Fratènité
An non Pep Fransé
Gouvènman pwovizwa,
Konsidéré ki lesklavaj sé an krim kont ladinyité nonm ;
Ki lè’y ka mété libèté nonm anba chenn, y ka détjui prensip natirel dwa ek dèvwa ; ki y sé an gran outrajkont prensip menm Larépiblik, kidonk : « Libèté – Egalité – Fratènité » ;
Konsidéré ki si an lalwa séryé pa té ka suiv lamenm pwoklamasyon yo za fè parapot a labolisyon lesklavaj, sé té ka’y lakoz, adan sé koloni a, an pli gran dézòd ; Ka dékrété :
Prèmyè artik - Lesklavaj ka’y, an sel kou a, aboli adan tout koloni ek posésyon fransé, dé mwa apré pwomilgasyon dékré tala ek adan yo chak la. A moman pwomilgasyon dékré tala adan sé koloni a, tout chatiman korporel, tout zafè lavant nonm ki pa lib, ka’y enterdi.
Dézyem artik - Sistenm angajman-pou-an-tan yo té établi Sénégal ka’y abwojé.
Twazyem artik - Gouvernè oben Komisé jénéral Larépiblik ni pou chaj asiré lalibèté jénéral Matinik, Lagwadloup épi dépandans li, Laréyinyon, Laguiyàn, Sénégal ek dot établisman fransé lakot oksidantal Lafrik, lilet Mayot ek dépandans li ek Laljéri.
Katriyem artik - Tout ansyen esklav ki kondané anba lapenn yo kriyé afliktif oben koreksyonel pou zafè ki, si yo té moun lib pa té ka’y mérité chatiman, ka’y amnistyé. Yo ka’y viré-rapatriyé o péyi tout moun yo té dépòté pou rézon sékirité administratif.
Senkyem artik - Lasanblé nasyonal ka’y katjilé lendemnité yo ka’y pou akowdé ba kolon.
Sizyem artik - Sé koloni a, padavrè yo pirifyé laservitid, ek posésyon Lézenn pou otan, ka’y ni riprézantan Lasanblé nasyonal.
Sétjem artik - Prensip nasyonal silon kiles : « Latè Lafrans ka afranchi tout esklav ki touché’y » ka’y aplitjé pou koloni ek posésyon Larépiblik.
Uitjem artik - Pou tan ki ka vini, menm si sé an péyi étranjé, y enterdi pou tout fransé posédé, achté oben vann esklav, ek jwenn bò nenpot model trafik oben eksplwatasyon kon sé tala, ki-si-swa direktiman, ki-si-swa tout dot mannyè. Tout transgrésyon asou sé dispozisyon tala ka’y lakoz laprivasyon kalité sitwayen fransé. Pou otan, sé fransé a ki ka’y anba kout lalwa tala, lè dékré tala ka’y pwomildjé, ka’y ni an tan twa lanné pou ranjé zafè yo. Sa ki ka’y vini pwopriyétè esklav an péyi étranjé, pa éritaj, leg oben mariyaj, ka’y pou, anba menm lapenn tala, afranchi yo oben alyéné yo pou menm tan lanné a, dépi koumansman posésyon yo.
Névyem artik - Minis Lamarin ek Lékoloni ek minis Ladjè ni pou chaj lekzékisyon dékré tala, silon koumandman yo.
Pari, an konsey Gouvènman, 27 avril 1848.
Français Décret relatif à l'abolition de l'esclavage dans les colonies et les possessions françaises du 27 avril 1848
Le Gouvernement provisoire,
Considérant que l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; qu'en détruisant le libre arbitre de l'homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; qu'il est une violation flagrante du dogme républicain : Liberté, Égalité, Fraternité. Considérant que si des mesures effectives ne suivaient pas de très près la proclamation déjà faite du principe de l'abolition, il en pourrait résulter dans les colonies les plus déplorables désordres,
Décrète : Art. 1er. L'esclavage sera entièrement aboli dans toutes les colonies et possessions françaises, deux mois après la promulgation du présent décret dans chacune d'elles. A partir de la promulgation du présent décret dans les colonies, tout châtiment corporel, toute vente de personnes non libres, seront absolument interdits.
2. Le système d'engagement à temps établi au Sénégal est supprimé.
3. Les gouverneurs ou commissaires généraux de la République sont chargés d'appliquer l'ensemble des mesures propres à assurer la liberté à la Martinique, à la Guadeloupe et dépendances, à l'île de la Réunion, à la Guyane, au Sénégal et autres établissements français sur la côte occidentale d'Afrique, à l'île Mayotte et dépendances et en Algérie.
4. Sont amnistiés les anciens esclaves condamnés à des peines afflictives ou correctionnelles pour des faits qui, imputés à des hommes libres, n'auraient point entraîné ce châtiment. Sont rappelés les individus déportés par mesure administrative.
5. L'Assemblée nationale réglera la quotité de l'indemnité qui devra être accordée aux colons.
6. Les colonies, purifiées de la servitude, et les possessions de l'Inde seront représentées à l'Assemblée nationale.
7. Le principe que le sol de la France affranchit l'esclave qui le touche est appliqué aux colonies et possessions de la République.
8. A l'avenir, même en pays étranger, il est interdit à tout Français de posséder, d'acheter ou de vendre des esclaves, et de participer, soit directement, soit indirectement à tout trafic ou exploitation de ce genre. Toute infraction à ces dispositions entraînera la perte de la qualité de citoyen français. Néanmoins les Français qui se trouvent atteints par ces prohibitions, au moment de la promulgation du présent décret, auront un délai de trois ans pour s'y conformer. Ceux qui deviendront possesseurs d'esclaves en pays étrangers, par héritage, don de mariage, devront, sous la même peine, les affranchir ou les aliéner dans le même délai, à partir du jour ou leur possession aura commencé.
9. Le ministre de la Marine et des Colonies et le ministre de la guerre sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret.
Fait à Paris, en Conseil du Gouvernement, le 27 avril 1848
Dernière de couverture
Je m’entends souvent dire : « Mais à quoi cela sert-il donc de traduire des textes qui sont déjà en français ? ». Et là, je n’y couperai pas ! J’accepte ! Mais je dis aussi, et j’insiste même, que la résonnance et la maturité de notre poétique créole se valent par des actes comme ceux-là…
Traduire les décrets d’abolition de l’esclavage en créole ! L’idée aurait quelque chose de saugrenue, de sauvage… presque, non ? C’est qu’elle m’a bien fait rire lorsqu’elle m’est venue, cette idée. En voilà une qui devrait bousculer, secouer le cocotier… Et tant pis pour la trique !
On dit que la langue vernaculaire véhicule « son » flot(s) de mémoire(s). On dit aussi qu’elle dynamise les atavismes, les cristallise parfois. C’est certainement vraie… et dans un cas comme dans l’autre ! Mais ce qui nous paraît essentielle ici, c’est qu’elle porte en elle les germes de nos identités et cultures…
Nous signalerons Aimé Césaire. Il nous aura servi invariablement de lune éclatante dans la nuit épaisse de nos mémoires et de nos histoires. Il nous aura illuminé de sa droite patience. Mouvement ? Oui ! Mais non pas d’inertie, ni de renoncement. Mais d’action.
Un pas, un autre pas, encore un autre pas et tenir chaque pas gagné…
Rodolf Etienne