22 MAI 2023 – MARTINIQUE-ÉCOLOGIE SUR LES TRACES DE L’ESCLAVE ROMAIN

Saint-Pierre / Sainte-Philomène - 22 mai 2023. En cette journée de commémoration des 175 ans de l’abolition de l’esclavage, les militants de MARTINIQUE ÉCOLOGIE ont choisi de rendre hommage à l’esclave Romain non loin de l’Habitation Duchamp lieu de départ de l’insurrection du 22 mai 1848.

Arrêté arbitrairement sur l’habitation Duchamp pour avoir bravé l’interdiction de son maître de jouer du tambour, Romain est emprisonné à la Mackauline, prison de Saint-Pierre. Des esclaves venus des communes voisines, Prêcheur, Carbet, Morne Rouge, déboulent sur Saint-Pierre et obtiennent de Pierre-Marie Pory-Papy, maire adjoint en charge de la sécurité, la libération de Romain. C’est sur le chemin de retour vers l’habitation Duchamp qu’une embuscade a été tendue par la milice du maire du Prêcheur, le béké Jean-François Antoine Huc. Un véritable carnage sanglant s’en est suivi. Plus de 25 morts et d’innombrable blessés sont à déplorer. Par réaction, les esclaves se révoltèrent. Gendarmerie, mairie, presbytère où s’étaient réfugiés les hommes de mains de Huc sont pris d’assaut. Les familles békés qui s’étaient retranchées chez Michaud sont encerclées par les insurgés qui mettront le feu à la maison. Saint-Pierre est en grande partie en feu. Les autorités pierrotines qui ne contrôlent plus la situation finissent par réunir à la hâte un Conseil municipal et demande au gouverneur Rostoland de décréter l’abolition. Le lendemain, au bout du petit matin, le gouverneur Rostoland signe l’arrêté d’abolition. Article 1er : « L’esclavage est aboli de ce jour à la Martinique ».

C’est sur le chemin menant à Sainte-Philomène, théâtre de cette histoire tragique mais méconnue de la nouvelle génération, que Martinique-Écologie a voulu mettre l’accent en ce mai 2023. En lieu et place des sempiternels discours sur les abords de l’habitation Duchamp, l’organisation écologique a opté pour un moment de partage générationnel et d’échange historique tout au long des deux heures de marche (aller-retour). 

Au bout d’un effort soutenu sous la chaleur des terres volcaniques du Nord Caraïbe, les premières sonorités de tambour, ti-bwa, cha-cha et autres instruments se font entendre et portent littéralement nos marcheurs de Fond Canonville vers l’arrivée à Sainte-Philomène.  Après              avoir remercié le groupe Agissons pour Saint-Pierre pour son hospitalité, le leader de Martinique-Écologie a renouvelé son appel pour une concorde martiniquaise. Plus que jamais, au moment où Alfred Marie-Jeanne quitte la scène politique, il est donc nécessaire de créer les conditions d’un environnement favorable à la transmission générationnelle respectueuse des hommes et des organisations.

Louis Boutrin a souligné l’importance d’une unité des luttes qu’elles soient mémorielles, institutionnelles, sociales et écologiques. Et, face au réchauffement climatique dont les effets se font particulièrement ressentir sur la biodiversité végétale de 0 à 400 mètres d’altitude, l’urgence d’une stratégie de protection au niveau du pays tout entier notamment par une politique de revégétalisation des zones les plus vulnérables. S’agissant des luttes sociales, le leader écologiste a salué la présence devant la stèle commémorative de Georges Erichot et des autres militants du Parti Communiste, preuve symbolique de l’unité des luttes martiniquaises.

En effet, le leader écologiste a rappelé la place essentielle de l’engagement citoyen solidaire en cette journée du 22 mai et le rôle fondamental des militants du Parti Communiste Martiniquais, Bissol, Césaire, Lamon, entre autres, dans la conquête des droits sociaux et l’obtention de la Sécurité Sociale. Rien n’a été octroyé. Tout a été arraché au bout de luttes acharnées. Et ce, grâce à ces hommes déterminés qu’il convient d’honorer même si, les jours passent et emportent avec eux, tant d’espérances trompées.

JLA

 

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