"Elle n'est pas en cohérence avec les rythmes biologiques de l'enfant"
L'Académie de médecine relance le débat sur la réforme mise en place à la rentrée 2008 en publiant un rapport, qui fustige la suppression du samedi qu'elle juge nocive pour le rythme des enfants.
Un petit Français travaille ainsi deux heures de plus par jour par rapport à un petit Suédois, rappelle l'Académie de médecine.
Le constat est sans appel : pour l'Académie de médecine, l'aménagement du temps scolaire en France «n'est pas en cohérence avec les rythmes biologiques de l'enfant». Et ce «à tous les niveaux de l'organisation, journée, semaine ou année scolaire». En particulier dans le cas de la semaine de quatre jours dans le primaire. La France est le seul pays européen à avoir adopté ce rythme, à la rentrée 2008, et ce malgré de nombreuses protestations de chronobiologistes. L'académie a donc créé un groupe de travail, qui a consulté plusieurs acteurs de l'école, ainsi que des chercheurs spécialistes des rythmes biologiques de l'enfant. Résultat, elle constate qu'avec la semaine de quatre jours, «la vigilance et les performances » des élèves sont en baisse le lundi et le mardi, à cause de la coupure du week-end. L'élève est «désynchronisé les deux premiers jours de la semaine», explique le rapport. Autrement dit, son rythme biologique n'est plus respecté, puisqu'il reste calé sur son rythme du week-end, ce qui provoque une grande baisse d'attention. Elle propose donc d'aménager la semaine sur au moins quatre jours et demi, avec cours le samedi matin, ou même sur cinq jours. Autre conséquence de la semaine de quatre jours, la journée scolaire trop chargée. Un petit Français travaille ainsi deux heures de plus par jour par rapport à un petit Suédois, rappelle l'académie. D'autant que peuvent s'y ajouter deux heures de soutien scolaire pour les plus faibles. «La journée scolaire de 8h30 à 16h30 devrait être améliorée en brisant ces horaires conventionnels pour organiser une journée moins longue » prône l'académie, qui conseille 5 heures maximum de cours par jour, avec éventuellement une heure d'étude pour éviter aux enfants d'avoir à effectuer ses devoirs le soir à la maison. La FCPE, principale Fédération de parents d'élèves, s'estime confortée, par «ce rapport de scientifiques», dans son opposition répétée à la semaine de quatre jours. Du côté du ministère de l'Education nationale, on rappelle que la décision de passer à la semaine de quatre jours se fait au cas par cas, dans chaque école, à l'issu d'un vote du conseil d'école, dans lequel siègent les représentants de la direction, des enseignants et des parents d'élèves. «95% des écoles ont fait ce choix», constate le ministère, qui souligne que la réforme semble convenir aux parents. La FCPE pointe ici la contradiction, entre ce qui «correspond à des envies d'adulte», comme le fait d'avoir un week-end complet, mais pas «au besoin des élèves». Contactée par lefigaro.fr, la FCPE affirme «avoir obtenu du ministère de l'Education nationale l'engagement, en décembre dernier, d'une réflexion sur les rythmes scolaires de l'enfant». Mais aucune date n'a été pour l'instant définie. Le débat sur la semaine de quatre jours pourrait donc être rouvert. Pas forcément pour revenir à des cours le samedi matin, interdit désormais par décret, mais peut-être pour généraliser le travail le mercredi matin, déjà pratiqué par certaines écoles, afin de réduire le nombre d'heures de cours par jour. Plus de vacances à la Toussaint Dans ses recommandations, l'académie conseille aussi de prendre en considération les différences de capacité d'attention de l'enfant tout au long de la journée, et appelle à ce que les matières difficiles soient enseignées au moment où la performance intellectuelle de l'enfant est censée être la meilleure, c'est-à-dire entre 10 et 11 heures, et de 15 à 16 heures. Inversement, les moins propices sont les débuts de matinée et d'après-midi. Pour tenir compte des données biologiques de l'enfant, il faudrait, selon le rapport, une année scolaire plus étendue, de 180 à 200 jours, contre 144 aujourd'hui dans le primaire, quitte à réduire les grandes vacances. Et une alternance de sept semaines de cours et deux semaines de congé. Ainsi, à l'automne, période difficile pour l'enfant, les vacances de Toussaint devraient être étendues à 2 semaines au lieu de seulement 10 jours. Le rapport attire par ailleurs l'attention sur le «rôle primordial» du sommeil dans le rythme de l'enfant, dont une privation peut entrainer une «altération des capacités d'apprentissage». Elle préconise même de considérer le sommeil comme un sujet de santé publique, «au même titre que le tabac ou l'alcool». Et propose de «retarder l'entrée des enfants en classe en créant une période intermédiaire d'activités calmes en début de matinée, car l'enfant arrive fatigué à l'école». Elle souligne aussi la fatigue due à un excès d'activités de l'enfant, que ce soit des cours de sport le soir ou du soutien scolaire. Et l'académie de fustiger que, si plusieurs facteurs sociaux et économiques sont pris en compte pour élaborer le rythme scolaire, comme «des habitudes sociétales de week-end», «l'enfant n'est pas au centre de la réflexion». Elle préconise ainsi la création d'un observatoire des rythmes de l'enfant. Source : Laure Daussy in Le Figaro