Accusé d'injures racistes, le Préfet P. Girot de Langlade crie à la manipulation.

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"Je n'ai rien à me reprocher".

Paul Girot de Langlade, suspendu de sa fonction de coordinateur local pour la Réunion pour avoir insulté une Antillaise travaillant à Orly, assure qu'il n'a rien à se reprocher.



«Je ne vois pas ce qu'on peut me reprocher». Le préfet Paul Girot de Langlade, n'en démord pas : il n'a pas insulté l'agent de sûreté d'Orly qui l'accuse aujourd'hui «d'injures à caractère raciste».

«Les comportements et les propos qu'on me fait tenir dans les médias depuis deux jours ne sont pas les miens et ne reflètent ni la réalité ni ma personnalité», s'est défendue sur France Inter celui qui, jeudi, a été suspendu de sa fonction de coordinateur local pour la Réunion pour les Etats généraux de l'Outre-mer par Brice Hortefeux lui-même. «Je n'ai toujours pas eu connaissance d'une plainte et je ne vois pas ce qu'on peut me reprocher», a-t-il expliqué.

Pourtant, il y a bien eu plainte : déposée par l'employée antillaise le 31 juillet au commissariat de Corbeil-Essonnes (Essonne), elle est entre les mains du parquet de Créteil (Val-de-Marne) depuis le 11 août. Une enquête pour «injures publiques à caractère racial» a par ailleurs été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP) de la Police judiciaire (PJ) de Paris.

«On se croirait en Afrique»

Selon le dépôt de plainte, le préfet -hors cadre [préfet qui n'assure plus les fonctions de préfet mais à qui on confie des missions, ndlr] aurait mal supporté qu'une employée de la société de sécurité Sécuritas lui demande de vider ses poches alors que l'alarme du portique de sécurité avait retenti, rapporte le site d'information réunionnais Zinfos 974. Agacé, Paul Girot de Langlade aurait alors jeté le contenu de ses poches au visage de l'employée antillaise, avant de lancer : « On se croirait en Afrique », suivi d'un « il n'y que des noirs ici ». Le site Zinfos 974 assure par ailleurs que la femme qui accompagnait le préfet aurait déclaré : «De toute façon, il n'y a que des personnes de couleur comme vous qui montent au créneau».

 

Une version totalement réfutée par le préfet. «Je m'étonne que des propos qui n'ont jamais été tenus soient véhiculés sans vérification approfondie», a-t-il déclaré. «L'hôtesse d'Air France qui m'accompagnait pour le transit à Orly entre deux avions, était indignée elle-même par le comportement de l'agent de sécurité et m'a présenté des excuses au nom de sa compagnie», a-t-il assuré. «Je leur ai dit 'dépêchez-vous', de façon agressive, certes, mais c'est tout ce que je leur ai dit», a-t-il détaillé.

Deux précédents

«Il s'agit sans doute, pour moi, d'une manipulation en lien avec les deux procès qui ont été engagés à mon encontre par le Mrap (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), pour lesquels je vous rappelle il a été débouté à deux reprises», a poursuivi le préfet. Ce n'est en effet pas la première fois que Paul Girot de Langlade est inquiété dans ce genre d'affaire. En juin 2008, il avait été relaxé en appel pour des propos assimilant les gens du voyage à des délinquants [propos qui sont à l'origine de son placement hors cadre par le Conseil des ministres en 2007ndlr]. Il avait déclaré dans La Nouvelle République : «Il y a trop de gens du voyage sur l'Indre et Loire. On a été trop laxiste pendant trop longtemps (…) il faut arrêter de se voiler la face. Chacun sait que quand ils arrivent quelque part, il y a de la délinquance». En 2004, le tribunal correctionnel de Paris avait également relaxé le préfet pour avoir déclaré le 23 octobre 2002 lors d'une conférence de presse à Carpentras que les gens du voyage «vivent d'escroquerie et de rapines».

En attendant que l'enquête aboutisse, le ministre de l'Intérieur a préféré suspendre immédiatement l'intéressé. «Je ne tolérerai jamais que des propos racistes ou discriminants soient tenus dans notre pays, d'autant plus par un représentant de l'Etat, quel qu'il soit. Ces comportements sont indignes des valeurs de notre République», a fait savoir Brice Hortefeux dans un communiqué. Une décision approuvée par le président de SOS Racisme, Dominique Sopo. «J'espère qu'au-delà de la suspension, il fera en sorte que ce préfet cesse de sévir sur notre territoire de la République», s'est-il expliqué sur France Info.

Source : Le Figaro