Condamné à perpétuité, Yvan COLONNA serait innocenté.
Coup de tonnerre au procès d'Yvan Colonna. Un ancien Secrétaire Général de Claude Erignac à la préfet d'Ajaccio vient de disculper Yvan Colon. D'après ses révélations, les deux suspects de l'assassinat n'ont jamais été arrêtés. Autorités politiques et judiciaires, parquet, et responsables du RAID seraient pourtant informés.
Source : AFP. Photo : Les avocats d'Yvan Colonna
"Il y a peut-être deux hommes dans la nature qui ontparticipé à l'assassinat du préfet (...) Ca m'est insupportable", adéclaré Didier Vinolas, ancien secrétaire général de Claude Erignac à lapréfecture d'Ajaccio, se présentant aujourd'hui comme "directeur deprojet" à la Ville de Paris.
M. Vinolas a affirmé tenir ces "deux noms"--qu'il a refusé de révéler-- d'un mystérieux informateur depuis septembre2002, et les avoir transmis quelques jours plus tard au procureur Yves Bot, quis'apprêtait alors à prendre la tête du parquet de Paris avant de devenir en2005 procureur général.
L'informateur, qu'il a baptisé "X", "unepersonne tout à fait respectable", a ajouté M. Vinolas, lui a présenté lesdeux hommes "comme faisant partie de la sphère" à l'origine del'attaque de la gendarmerie de Pietrosella (Corse-du-Sud) en septembre 1997,une des premières actions revendiquées par le groupe nationaliste dit des"anonymes".
Puisque l'assassinat du préfet le 6 février 1998 a aussiété signé de ce groupe (qui s'est servi d'une arme volée à Pietrosella),"je me dis qu'il y a peut-être d'autres personnes ayant participé àl'assassinat" qui n'ont jamais été arrêtés, a poursuivi le commissairedivisionnaire en détachement.
Déjà témoin au premier procès de Colonna fin 2007, iln'avait jamais évoqué cette hypothèse, mais s'est décidé à en parler en appelpour "aider les magistrats à forger leur intime conviction", a-t-ilajouté, parlant aussi du "risque de laisser condamner innocent".
"C'est le premier fait extraordinaire de cetteaudience", a déclaré Me Gilles Siméoni, un des avocats d'Yvan Colonna,après la déposition de M. Vinolas.
Six membres des "anonymes", condamnés en 2003,sont sous les verrous. Yvan Colonna, rejugé depuis lundi par une cour d'assisesspéciale à Paris, serait le septième d'après l'accusation qui s'appuie sur lesdénonciations de quatre des six conjurés en 1999. Ceux-ci s'étaient ensuiterétractés faisant valoir des "pressions" policières. Colonna n'acessé de clamer son innocence.
Le berger de Cargèse, arrêté en juillet 2003 après quatreannées de cavale, a été condamné le 13 décembre 2007 en première instance à laréclusion criminelle à perpétuité, reconnu coupable d'avoir participé àl'assassinat du préfet et à l'attaque de Pietrosella.
Didier Vinolas "a communiqué à Yves Bot, au parquetgénéral de Paris, à un certain nombre d'autorités politiques et policières, desinformations déterminantes pour la recherche de la vérité (...) tendant àinnocenter Colonna, qui ont été escamotées", a protesté Me Siméoni. Il alaissé entendre que les cinq avocats de Colonna pourraient demander rapidementde nouvelles auditions.
Dans sa déposition, l'ancien collaborateur de ClaudeErignac a déclaré que l'ex sous-préfet de Corte Jacques Nodin détenait depuis2001 des informations nouvelles sur Pietrosella. "Il souhaiterait êtreentendu", a-t-il précisé. Il a dit avoir aussi transmis les noms de deuxsuspects en février 2004 à Christian Lambert, ancien chef du RAID (à l'originede l'arrestation de Colonna) et plus récemment à Charles-Antoine Erignac, lefils du préfet.
"Je suis totalement stupéfait", a commenté Me PhilippeLemaire, avocat de la veuve et deux enfants Erignac. "Pourquoi dire çaaujourd'hui, dix ans après?", a demandé l'un des avocats généraux, ChristopheTeissier.