Affaire POLANSKI : COHN-BENDIT VOIT ROUGE

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"Je suis mal à l'aise
car il y a une accusation grave".

 

Daniel Cohn-Bendit a pris le contre-pied des nombreux témoignages de soutien à Roman Polanski en France, se disant "mal à l'aise" face à l'accusation de viol qui vise aux Etats-Unis le cinéaste franco-polonais.


 

 

L'eurodéputé Vert a estimé mardi que le ministre français de la Culture, qui a fait part de sa "stupeur" après l'arrestation de Roman Polanski le 26 septembre à Zurich, avait réagi trop promptement.

"C'est un problème de justice et je trouve qu'un ministre de la Culture, même s'il s'appelle Mitterrand, devrait dire : j'attends de voir les dossiers", a-t-il dit sur Radio Classique.

Frédéric Mitterrand avait déclaré dimanche s'être entretenu du sort de Roman Polanski avec le président Nicolas Sarkozy, qui avait souhaité lui-même la libération du cinéaste.

"Je suis mal à l'aise. Parce qu'il y a une accusation grave", a ajouté Daniel Cohn-Bendit.

"Même si cela date d'il y a trente ans, est-ce que ça doit se régler juridiquement? Je n'en sais rien. Mais simplement s'il y a viol, ou abus sexuel d'une jeune fille de 13 ans, et que l'on puisse s'en sortir seulement parce que l'on peut payer sa caution (...), moi ça me met mal à l'aise", a-t-il poursuivi.

Daniel Cohn-Bendit avait été pris à partie par le dirigeant centriste François Bayrou durant la campagne pour les élections européennes de juin pour sa complaisance supposée envers la pédophilie.

L'ancien leader étudiant de Mai 68 avait publié en 1975 "Le Grand Bazar", dans lequel il s'interrogeait en termes controversés sur la sexualité des enfants.

LE PEN DÉNONCE UN "CRIMINEL PÉDOPHILE"

Roman Polanski, 76 ans, a été arrêté samedi dernier à son arrivée à Zurich en vertu d'un mandat d'arrêt américain pour une affaire de moeurs remontant à 1977.

Le réalisateur avait alors été arrêté à Los Angeles pour des "relations sexuelles illégales" avec une mineure de 13 ans et avait purgé six semaines de prison après avoir plaidé coupable. Il avait quitté les Etats-Unis en 1978 pour ne plus jamais y revenir.

Le dirigeant du Front national, Jean-Marie Le Pen, juge "normal" mardi dans un communiqué que Roman Polanski soit extradé aux Etats-Unis.

"Le soutien qu'ont apporté MM. (Bernard) Kouchner et (Frédéric) Mitterrand à ce criminel pédophile, au nom des droits particuliers qu'aurait la caste politico-artistique, est scandaleux et justifie que soit demandée leur démission", déclare-t-il par ailleurs.

L'ancien ministre socialiste de la Culture Jack Lang a appelé mardi à défendre Roman Polanski.

"Il y a là la liberté d'un créateur, d'un artiste qui a commis cet acte voici trente ans, qui a reconnu son erreur. Il s'est excusé, la victime elle-même a retiré sa plainte", a-t-il dit sur France 2.

"Je suis révolté, indigné, scandalisé : il ne faut pas laisser faire. Roman Polanski ne doit pas repartir aux Etats-Unis, nous devons le protéger. Il restera en Europe si chacun d'entre nous se bat pour le défendre et le soutenir", a-t-il ajouté.