ALGERIE : UNE DIPLOMATIE INCONTOURNABLE

La diplomatie algérienne, une redoutable efficacité au cours de la guerre de libération.

De la guerre froide à la lutte contre le terrorisme, de Khemisti à Medelci, les Algériens ont toujours su se placer au coeur des événements.

Les diplomates algériens ont été d'une redoutable efficacité au cours de la guerre de libération.

PHOTO : Yasser Arafat, le 13 novembre 1974 à l'assemblée générale de l'ONU.

 

 

 « Les coups qu'ils ont assénés à la puissance coloniale lui ont fait aussi mal que les opérations du commando Ali Khodja [unité d'élite de l'Armée de libération nationale (ALN), NDLR] ou les effets dévastateurs de la bataille d'Alger », se souvient Kamel Bouchama, ancien ambassadeur en Syrie. Six mois après le déclenchement du conflit, l'Algérie s'invite dans « le concert des nations ». Une poignée de diplomates du Front de libération nationale (FLN) participent en avril 1955 à la première conférence afro-asiatique, à Bandung (Indonésie). Dès lors, la question algérienne s'internationalise et le talent des Mustapha Ferroukhi, Ahmed Francis, M'hamed Yazid ou Rédha Malek fait le reste.

 

La grande période des non-alignés

 

Au lendemain de l'indépendance, la diplomatie vit son premier drame. Le 11 avril 1963, Mohamed Khemisti, ministre des Affaires étrangères du premier gouvernement de l'Algérie indépendante, est attaqué sur le perron du Parlement ; il mourra quelques semaines plus tard. Titulaire du maroquin de la Jeunesse, des Sports et du Tourisme, Abdelaziz Bouteflika hérite alors, à 26 ans, de ce portefeuille régalien. Il bat tous les records de longévité à ce poste (avril 1963-février 1979) et marque de son sceau la diplomatie du pays.

Le positionnement idéologique demeure constant. Dans la foulée de la guerre de libération, l'Algérie s'inscrit dans la perspective d'un leader du Tiers Monde, indépendant des deux blocs, sans renier toutefois un net penchant pour les camarades russes et chinois. Discours anti-impérialistes, soutien indéfectible aux mouvements de libération et activisme tous azimuts dans les conférences internationales : l'Algérie devient le poil à gratter de l'Occident. Son influence au sein de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) agace, son tiers-mondisme irrite, son zèle nationaliste panarabe inquiète.

En 1974, à New York, Houari Boumédiène, président algérien et secrétaire général du Mouvement des non-alignés, revendique un nouvel ordre économique mondial lors d'une réunion spéciale de l'Assemblée générale de l'ONU. Assemblée alors présidée par Abdelaziz Bouteflika, qui réussit la même année à offrir à un certain Yasser Arafat sa première tribune internationale et obtient, dans la foulée, que la délégation représentant le régime d'apartheid sud-africain soit exclue des instances onusiennes. La diplomatie algérienne est alors flamboyante et multiplie les médiations (Irak-Iran, otages américains à Téhéran...).

 

Alger, acteur diplomatique de premier ordre

 

Elle perd en stabilité et en visibilité après la rupture que constituent la disparition de Boumédiène et l'arrivée aux affaires de Chadli Bendjedid. Mais si le positionnement idéologique connaît un certain fléchissement (la chute du mur de Berlin n'y est pas étrangère), il gagne en pragmatisme à la faveur d'une professionnalisation liée à l'intégration de nouveaux talents issus principalement de l'École nationale d'administration (ENA). Un pragmatisme qui ne laisse cependant aucune place au marchandage ni au compromis sur les positions de principe. Pas question de revenir sur la question sahraouie, dût-elle provoquer de considérables difficultés en matière de coopération régionale.

Même moins flamboyante, la diplomatie algérienne ne laisse pas indifférent. Ses prises de position ou son mutisme, son activisme ou sa discrétion soulèvent commentaires et analyses. Si les chancelleries s'en méfient, toutes louent le sérieux de leurs interlocuteurs. Et Alger est un passage obligé pour tous ceux qui s'intéressent à l'Afrique ou au monde arabe, aux hydrocarbures ou au terrorisme.