ATTITUDE INCROYABLE D'UNE JUGE : LE PROCÈS DU JEUNE ANTILLAIS ASSASSINÉ (TUERIE DE MILLAU) SUSPENDU

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Une juge prend en covoiturage deux accusés du procès où elle siégeait

 

Les trois personnes auraient évoqué le dossier pendant le trajet de covoiturage. La magistrate a été convoquée par sa hiérarchie.

La situation est à peine croyable : une magistrate de Rodez a réussi l'incroyable exploit de prendre en covoiturage deux des accusés du procès dans lequel elle officiait depuis plusieurs jours !

L'affaire est d'autant plus grave qu'il ne s'agit pas de n'importe quel procès, mais de celui de la tuerie de Millau, où 18 personnes sont accusées d'avoir sauvagement assassiné un jeune Antillais de 20 ans lors d'une expédition punitive en 2010. Les prévenus encourent la perpétuité.

Révélée par le quotidien régional Midi-Libre, l'affaire a quelque chose d'ubuesque. Lundi, deux accusés, qui comparaissent libres, s'inscrivent sur le site de covoiturage Blablacar via une amie pour se rendre à Rodez, depuis Montpellier où ils ont passé le week-end, afin d'être présents le mardi matin à la reprise de l'audience.


Une «coïncidence» pour le moins étonnante

Selon Vincent Tournadre et Joshua Bernad, c'est dans la voiture seulement, «au bout de plusieurs kilomètres», qu'ils auraient reconnu le visage de la magistrate, assesseur suppléant à leur procès depuis plusieurs jours, en remplacement d'un collègue indisposé. Une «coïncidence» pour le moins étonnante. Surtout que la conductrice avait indiqué sur son profil Blablacar ses fonctions: «magistrat à Rodez, j'effectue régulièrement les trajets Montpellier Rodez ar». Pourquoi des prévenus ont-ils délibérément choisi une juge pour les conduire à l'audience de leur procès? Selon leurs dires, rapportés par Midi Libre, la conversation aurait bien porté à un moment sur le procès et le dossier. 


La magistrate, dont on ne connaît pas encore la version, va avoir du mal à expliquer comment elle n'a pas reconnu les individus auxquels elle a été confrontée à plusieurs reprises en salle d'audience ou, si elle les a reconnus, pourquoi elle n'a pas refusé de les prendre ou au moins de parler de l'affaire. Elle a été convoquée lundi prochain dans le bureau du Premier président de la cour d'appel de Montpellier et risque des sanctions disciplinaires.


Une affaire désastreuse pour l'impartialité du magistrat

Car, comme le rappelle une responsable de l'Union syndicale des magistrats, l'obligation d'impartialité n'autorise pas de communication entre les magistrats et les accusés en dehors de la salle d'audience: «Tout ce que le magistrat sait, il doit l'avoir appris au cours du procès». «Cette affaire est désastreuse pour l'image d'impartialité de la magistrate, affirme l'USM.


Une faute déontologique d'autant plus grave que la juge a reçu de l'argent des mains des accusés qu'elle s'apprêtait à juger: le trajet avait été négocié 5 euros par personne.

«En raison d'un incident, notre assesseur ne pourra pas continuer à siéger à cette audience» a déclaré le président du tribunal à l'ouverture de l'audience mardi, après que les avocats des accusés l'ont informé de ce qui s'était passé.

 

Source : Le Figaro