BRÉSIL : L'ÉCOLOGISTE MARINA SILVA SÉRIEUSE OUTSIDER DE L'ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE D'OCTOBRE 2014

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La remplaçante du candidat socialiste décédé pourrait créer la surprise

 

L’écologiste Marina Silva, numéro 2 du ticket socialiste à la présidentielle avant le décès d'Eduardo Campos, fait figure de sérieuse outsider dans la course pour la présidentielle d'octobre au Brésil.

La mort dans l’accident d’un jet privé du candidat socialiste Eduardo Campos entraîne un changement de cap dans la course pour la présidentielle d’octobre au Brésil, car il pourrait être remplacé par l’écologiste Marina Silva, une candidate de poids face à Dilma Rousseff.



Troisième dans les sondages derrière la présidente Dilma Rousseff, du Parti des travailleurs (PT, gauche) - favorite dans les sondages - et le social-démocrate (PSDB, opposition) Aecio Neves, Eduardo Campos (8% des intentions de vote) était candidat à l’élection du 5 octobre, pour le Parti Socialiste Brésilien (PSB), avec l’écologiste Marina Silva comme vice-présidente.


«Le décès de M. Campos crée un élément nouveau, triste et émotionnel dans une campagne qui était plutôt morne. Le choix possible de Mme Silva comme remplaçante change la donne parce que c’est l’entrée en scène d’une candidate plus compétitive», déclare à l’AFP l’analyste politique, André César, consultant chez Prospectiva.


INCARNATION D'UNE TROISIÈME VOIE

Campos, 49 ans, est mort mercredi dans la chute de son avion de campagne à Santos, une ville du littoral de l’Etat de Sao Paulo. «La présence de Marina Silva dans la course présidentielle pourrait constituer un défi de taille pour les deux principaux candidats : cela ouvre une troisième voie qui peut prendre rapidement de l’ampleur», estime l’économiste en chef de Gradual Investimentos, André Perfeito.


Ancienne ministre de l’Environnement de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva (PT), Marina Silva, 56 ans, avait créé la surprise à l’élection de 2010 quand elle avait obtenu près de 20% des voix avec son minuscule Parti des Verts. Elle avait obtenu la troisième place au cours du scrutin qui avait donné la victoire à Dilma Rousseff, poulain de Lula. En s’alliant à l’écologiste populaire, le socialiste Campos se présentait comme une alternative face aux deux partis (PT, PSDB) qui gouvernent le Brésil depuis vingt ans.


UNE «LULA EN JUPE» CHARISMATIQUE 

Marina Silva est née dans une famille qui récoltait du latex en Amazonie et n’a été alphabétisée qu’à l’âge de 16 ans. Elle fut une camarade de lutte du défenseur de l’Amazonie, Chico Mendes, abattu en 1988.


«Marina Silva est très charismatique : on dirait Lula en jupe et elle attire la sympathie de plusieurs secteurs de la société», affirme à l’AFP le politologue de l’Université de Brasilia Lucio Renno, qui compare sa trajectoire à celle de Lula (2003-2010), un ex-ouvrier métallurgiste. «L’élection offre plus de suspense si Silva est candidate. Cela augmente la possibilité d’un second tour», selon Ricardo Ribeiro, analyste de MCM Consultores.


Les analystes s’accordent à dire que le Parti Socialiste Brésilien devra décider rapidement qui sera candidat, puisque mardi commence officiellement la campagne électorale à la télévision. Le PSB a dix jours, selon la loi, pour désigner un nouveau candidat. Cela ne va pas être une décision facile car «Marina n’appartient pas au PSB», dont beaucoup de membres ont critiqué l’alliance avec Campos pour son appartenance au culte évangélique et sa ferveur religieuse, souligne M. Ribeiro.


«Le PSB est partagé, mais n’a pas trop le choix car en politique ce qui compte, c’est d’arriver au pouvoir et Silva est la seule alternative», estime André César de Prospectiva. Consternés par la mort de leur candidat qui avait une excellente relation avec tous les hommes politiques brésiliens, les dirigeants du PSB ont averti que la décision ne serait pas immédiate.


«Nous y penserons plus tard, nous sommes très tristes», a déclaré le député Marcio França, président du PSB à Sao Paulo. Visiblement émue, Marina Silva a déclaré à la presse qu'Eduardo Campos et elle avaient travaillé «dans l’espoir d’un monde meilleur et plus juste». La mort du candidat a des répercussions au-delà des frontières du Brésil, de nombreux investisseurs se montrant plus prudents face à une élection au résultat désomais plus incertain.

 

AFP