CHLORDECONE: LETTRE OUVERTE AUX CANDIDATS DES PRESIDENTIELLES

La contamination au Chlordécone et aux pesticides perpétuée dans l’agriculture aux Antilles, nous soussignés, auteurs  du livre « Chronique d’un empoisonnement annoncé », interpellons les candidats aux élections présidentielles d’avril – mai  2007 sur les mesures concrètes qu’ils comptent prendre pour remédier à ses conséquences sanitaires, environnementales et sociales.



A cet effet, nous leur adressons une lettre ouverte ainsi que les trois questions suivantes :


  1. Aviez-vous eu connaissance de la contamination aux pesticides perpétuée dans l’agriculture aux Antilles françaises depuis 1972 ?
  2. Face à l’ampleur de cette catastrophe sanitaire et écologique, seriez vous prêt à ce que les responsabilités sont clairement établies ?
  3. Quelles seraient vos premières initiatives pour remédier à cette situation si vous êtes élu président de la République ?
Il leur appartiendra, au-delà des promesses électorales,  d’exprimer à nos populations la nécessaire solidarité qu’elles sont en droit d’attendre d’un(e) futur(e) président(e) de la République.

 


 


Mesdames, Messieurs,

Candidats aux prochaines électionsprésidentielles, vous avez signé, le 31 janvier 2007 le Pacteécologique proposé par Nicolas Hulot. Cet acte symbolique est aussi unengagement politique fort devant l’ensemble des citoyens français, sansdiscrimination avec leur origine et ce, quel que soit le territoire dela République où ils résident.

Or, force est de constater queles populations de Guadeloupe et de Martinique ont été victimes depuis1972 d’un grave problème de pollution aux pesticides et plusparticulièrement au Chlordécone, sans que les autorités publiques aientassumé leur protection.
En effet, l’enquête et le travaild’investigation journalistiques que nous avons menés sur cette affaireont révélé les dessous d’un scandale que ni le Ministère del’Agriculture, ni les services déconcentrés de l’Etat en Outre-Mer n’ignoraient. Par leur négligence et leur laisser-polluer, ils ontcontribué à une catastrophe écologique et sanitaire  sans précédent quinécessite une intervention de la plus haute autorité de l’Etat.


Aujourd’hui,on assiste aux Antilles à une explosion des cancers, des maladies deParkinson et d’Alzheimer et des maladies auto-immunes. Les terresagricoles sont toujours polluées, les agriculteurs ne sont toujours pasindemnités et les responsables de ce désastre ne sont ni identifiés nipoursuivis. En pareille circonstance, il ne saurait avoir deux poidsdeux mesures, puisqu’en Vendée, après une contamination du lait devache au Régent en 2004, l’Etat a su prendre ses responsabilités : Cetinsecticide a été interdit quelques mois après, la justice a étésaisie, un juge d’instruction a été nommé, les agriculteurs indemniséset les coupables condamnés.

Aussi, au moment où vous allezbriguer les suffrages des électeurs de Guadeloupe et de Martinique eteu égard à votre engagement récent en faveur du Pacte écologique, noussouhaiterons connaître les mesures que vous comptez  prendre, si vousêtes élus, pour remédier à cette situation qui ne saurait perdurer.


Dans l’attente de votre prise de position publique sur cette question, nous vous prions de croire, Mesdames et Messieurs les candidats aux élections présidentielles, en l’expression de nos sentiments respectueux

Martinique, le 5 mars 2007

Louis BOUTRIN
Raphaël CONFIANT
Auteurs du livre
« Chronique d’un empoisonnement annoncé »
Editons l’Harmattan – Février 2007