Martinique 7 février 2018 – 27 février 2021. Il y a un tout juste 3 ans, MARTINIQUE-ÉCOLOGIE tenait une Conférence de Presse à l’Hôtel Impératrice pour informer médias et opinion publique de l’état d’avancement du dossier pénal du scandale du Chlordécone (voir photo). Les représentants de l’organisation politique, le docteur Jacques DE THORE, Raphaël CONFIANT & Louis BOUTRIN ont, tour à tour, fait le point sur les enjeux de santé publique et la nécessité d’une mobilisation générale de la population en soutien à la procédure judiciaire en cours. Trois ans plus tard, face au déni de justice et à la probabilité d’un non-lieu après 15 années d’instruction judiciaire, chacun s’accorde, enfin, pour mettre de côté les divergences politiques et faire front commun face aux ruses de nos gouvernants et de l’autorité judiciaire. C’est donc tout naturellement que MARTINIQUE-ÉCOLOGIE s’associe à la mobilisation prévue pour le Samedi 27 février à 8h30.
Révélée au grand public en début des années 2000 par plusieurs associations écologiques, puis en février 2007 après la publication du livre Chronique d’un empoisonnement annoncé – Le Scandale du Chlordécone aux Antilles françaises – 1972-2002, l’affaire du Chlordécone vient de connaitre une phase d’effervescence populaire qui traduit une réelle prise de conscience de nos concitoyens. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis la conférence de presse tenue en 2007 au sein même de l’Assemblée nationale par les deux auteurs en présence de Corinne LEPAGE (ex-Ministre de l’Écologie) et Alain LIPIETZ (ex-Député européen – EE Les Verts). Après avoir porté plainte avec constitution de partie civile mais aussi, parallèlement, sillonné les Communes de la Martinique et de Guadeloupe, après avoir multiplié les Forum-Citoyens, les interviews aux télévisions martiniquaises, françaises et étrangères, après avoir conceptualisé dossiers, articles et vidéos visant à vulgariser cette cause qui relève de l’action humanitaire, nous ne pouvons que saluer toutes les initiatives qui concourent à la mobilisation du peuple martiniquais.
NON-ASSISTANCE À PEUPLE EN DANGER
Cependant, cette non-assistance à peuple en danger a suffisamment duré et les clameurs de la rue doivent s’élever suffisamment fort pour que nos gouvernants l’entendent et comprennent sa signification !
Il faut dire que l’évocation d’invraisemblables limites procédurales par les juges d’instruction à l’issue de l’audition des parties civiles et de leurs avocats les 21 & 22 janvier dernier, a de quoi écœurer plus d’un. Que ce soit cette prétendue prescription du crime contre les Martiniquais ou la disparition à peine croyable des pièces du dossiers judiciaires, il y a là tous les ingrédients pour cristalliser stupéfaction, indignation et colère de la population.
Faut-il s’étonner dès lors de la réponse du Président de la République à l’interpellation du Président du Conseil exécutif de la CTM ? Tout en reconnaissant la responsabilité de l’État dans ce scandale lors de sa déclaration au Morne Rouge le 27 septembre 2018, Emmanuel MACRON s’empresse de brandir le sacro-saint principe de séparation des pouvoirs. Un principe à valeur constitutionnelle sur lequel s’est pourtant assis l’Assemblée nationale en autorisant la mise en place d’une Commission d’enquête parlementaire alors même qu’une instruction judiciaire était en cours consécutivement à plusieurs plaintes au pénal. Cette conception à géométrie variable de la séparation des pouvoirs a de quoi inquiéter surtout quand elle débouche sur une Commission d’enquête parlementaire aux pouvoirs d’investigation limités et que la Garde des Sceaux rappelle que ladite Commission n’a pas vocation à empiéter sur le terrain des responsabilités. Pour couronner le tout, les documents remis à ladite Commission par le Ministère de l’agriculture sont placés sous scellés au service des Archives et ne seront pas accessibles par la justice avant 23 ans !
Face à ce qui s’apparente à une nouvelle ruse malgré la tragédie humaine que nous vivons collectivement, notre message est clair :
Aux côtés des parties civiles, nous nous battrons jusqu’au bout pour que cette longue phase d’instruction judiciaire débouche enfin sur des mises en examen et un procès équitable. Nous attendons que la justice soit la même pour tous, que la responsabilité de l’État et des autres auteurs soit établie, que les responsables de ce crime d’empoisonnement de notre peuple soient identifiés, poursuivis, condamnés et que les victimes soient indemnisées. Tant que nous n’obtiendrons pas une attitude digne et respectueuse de nos droits, la mobilisation ira en s’intensifiant à partir du 27 février 2021.
C’est ensemble et solidairement que nous vaincrons !
Louis BOUTRIN
MARTINIQUE-ÉCOLOGIE