Pour mieux cerner l’enjeu du sommet de Copenhague, le point sur la situation des pays qui émettent le plus de CO2 dans le monde.
Les émissions mondiales de CO2 ont augmenté en 2008, atteignant le niveau record de 10 milliards de tonnes de carbone, d’après l’étude annuelle du "Global Carbon Project", publiée le 17 novembre. Elles sont très inégalement réparties à la surface du globe, les Etats-Unis et la Chine représentant à eux seuls plus de 40% des émissions mondiales. Chine : charbon et urbanisation Avec 24% des émissions mondiales, la Chine est aujourd’hui le principal émetteur de dioxyde de carbone de la planète. Le pays tire les deux tiers de son électricité du charbon, construit des logements à tours de bras et est devenu en 2008 le premier marché automobile mondial. Sa croissance spectaculaire a fait tripler le niveau de ses émissions de CO2 entre 1990 et 2007. Mais en seulement deux ans, la Chine a massivement investi dans l’efficacité énergétique et doublé sa capacité en matière d’énergies renouvelables. "La Chine construit une nouvelle turbine éolienne toutes les deux heures en moyenne", selon Greenpeace. Objectif Copenhague : la Chine s’est engagée à réduire ses émissions de GES par unité de Produit Intérieur Brut (PIB) de 40 à 45% d’ici 2020 par rapport à 2005. En clair, ses émissions devraient continuer d’augmenter, mais à un rythme moins rapide. États-Unis : premiers objectifs chiffrés Deuxième plus gros émetteur de CO2 derrière la Chine, les Etats-Unis ont, en revanche, un niveau d’émissions par habitant quatre fois plus élevé (19 tonnes de CO2 par an et par habitant contre 4,5 pour la Chine). Des chiffres préoccupants qui s’expliquent par le niveau de vie élevé des Américains et des transports gourmands en carburant. Le Sénat américain n’avait pas ratifié le Protocole de Kyoto et n’a toujours pas adopté le projet de loi d’Obama sur le climat, qui prévoit d’importants investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (voitures propres, bâtiments moins polluants…). Objectif Copenhague : Le président Obama, qui se rendra à Copenhague le 9 décembre, s’est prononcé pour une diminution des émissions de GES de son pays de 17% d’ici 2020 par rapport au niveau de 2005, ce qui représente une baisse de seulement 3% par rapport à 1990, année de référence du Protocole de Kyoto. Union Européenne : Kyoto, contrat rempli ? Selon un rapport publié mi-novembre par l’Agence européenne de l’environnement (AEE), tous les Etats membres à l’exception de l’Autriche devraient atteindre les objectifs de Kyoto. La baisse moyenne des émissions de CO2 des pays de l’Europe des 15 par rapport aux niveaux de 1990 pourrait même être plus proche de 13% que de 8% selon l’AEE. La situation varie cependant d’un pays à l’autre. Grâce aunucléaire, les émissions françaises sont relativement faibles, mais les investissements du pays dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique sont encore insuffisants. L’Allemagne, sixième plus gros émetteur mondial de CO2, est parvenue à faire baisser de 20% ses émissions sur les quinze dernières années grâce au développement des énergies renouvelables. Mais le pays produit toujours près de la moitié de son électricité (42,4%) grâce au charbon. A trois ans de l’échéance (fin 2012), le Royaume-Uni a déjà dépassé les objectifs du Protocole de Kyoto, grâce au remplacement du charbon par le gaz dans les années 1990. Objectif Copenhague : L’UE a confirmé sa volonté de réduire ses émissions de 20% d’ici à 2020 par rapport au niveau de 1990, voire de 30% en cas d’accord international ambitieux à Copenhague. Russie : une baisse en trompe-l’œil Si la Russie est parvenue à réduire ses émissions de près de 30% entre 1990 et 2007, c’est grâce à la chute de l’activité économique liée à l’éclatement de l’URSS. L’effondrement du bloc soviétique a fait dégringoler les émissions russes sans que le gouvernement n’adopte de politique ambitieuse en matière énergétique. La Russie, qui a ratifié le Protocole de Kyoto à reculons, a même augmenté ses émissions de CO2 depuis le début des années 2000 et n’envisage pas de ralentir le rythme de l’exploitation de ses immenses ressources gazières et pétrolières. Objectif Copenhague : L’engagement de la Russie de baisser ses émissions de 25% par rapport à 1990 est déjà atteint. Et le président Medvedev n’a pas l’intention d’adopter des engagements chiffrés plus contraignants, risquant de ralentir la croissance économique du pays. Japon : encore à la traîne Les émissions de gaz à effet de serre du Japon sont stabilisées depuis quelques années grâce à une politique d’efficacité énergétique et au recours à l’énergie nucléaire. Mais les émissions absolues restent toujours supérieures au protocole de Kyoto. Pour parvenir à les réduire, le nouveau gouvernement japonais envisage notamment de mettre en place une Bourse des droits à polluer. Le Japon s’est également engagé à fournir une aide financière et technique aux pays en développement. Objectif Copenhague : le nouveau Premier ministre, Yukio Hatoyama, a revu l’objectif de réduction des émissions du Japon à la hausse. Il s’est engagé sur une baisse de 25% d’ici 2020 par rapport à 1990, quand son prédécesseur envisageait une baisse de seulement 15% par rapport au niveau de 2005. Inde : vers une croissance plus verte ? L’Inde ne génère que 5% des émissions de CO2 alors qu’elle abrite 17% de la population mondiale. Des statistiques inversement proportionnelles à celles des Etats-Unis, qui génèrent 20% des émissions mondiales de CO2, mais où ne vivent que 5% des habitants de la planète. Ses émissions de CO2 ont quasiment doublé depuis 1990, notamment à cause de la consommation d’électricité, qui provient encore à 68% du charbon. Pour limiter l’impact écologique de sa croissance économique, New Delhi mise déjà sur les énergies renouvelables. Le pays possède aujourd’hui le cinquième parc éolien mondial et prévoit de produire 20 gigawatts d’électricité grâce à l’énergie solaire d’ici 2020. Objectif Copenhague : L’Inde ne s’est toujours pas prononcée sur des engagements chiffrés de réduction de ses émissions de GES, malgré les annonces de la Chine et des Etats-Unis. Le Premier ministre s’est prononcé pour des objectifs chiffrés "ambitieux", avant d’être contredit par le chef de la délégation indienne à Copenhague, qui préfère parler de "déviation du "business as usual". Brésil : SOS Amazonie La déforestation de la forêt amazonienne, un puits de carbone précieux, est responsable des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre du Brésil, quatrième plus gros émetteur mondial de GES. Un désastre écologique qui fait également du Brésil le premier pays d’élevage de la planète. Le président Lula s’est engagé en marge du sommet de Copenhague à réduire de 80% le rythme du déboisement de ses forêts d’ici 2020. Autre priorité : limiter l’impact écologique des transports et poursuivre les investissements dans les énergies renouvelables, qui représentent déjà aujourd’hui près de la moitié (45%) de la consommation énergétique du pays (hydroélectricité, biomasse…). Objectif Copenhague : Le président Lula a annoncé une baisse de ses émissions de CO2 de 36% à 39% d’ici 2020. Pour atteindre cet objectif, il entend réduire la déforestation en Amazonie de 80% d’ici 2020 par rapport au rythme moyen de déboisement des années 1995-2005. Un scénario de référence assez peu ambitieux, puisque la déforestation durant cette décennie a connu un pic (environ 20 000 km2/ an en moyenne) et ne cesse de baisser depuis.