Fessenheim, gaz de schiste... François Hollande joue au démineur
"La crise écologique, ce n'est pas une crise de plus, elle s'inscrit dans la crise globale", a justifié le chef de l'Etat. La transition énergétique, qu'il veut initier, est selon lui "autant une exigence pour l'environnement que pour l'emploi".
L'atome n'a plus la cote
En matière énergétique, le chef de l'Etat a rappelé son objectif de réduire la part du nucléaire dans l'électricité produite de 75% actuellement à 50% à l'horizon 2025.
Quant à la controversée centrale de Fessenheim , Hollande a fixé à fin 2016 sa fermeture, soit une échéance plus courte d'un an par rapport à sa promesse de campagne. L'annonce n'a pas totalement satisfait les anti-nucléaires qui auraient souhaité que la centrale soit fermée dès l'an prochain, pour éviter la réalisation de coûteux travaux prescrits par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) d'ici mi-2013.
François Chérèque (CFDT) a qualifié de "prématurée" cette décision alors qu'un grand débat sur les modalités de la transition énergétique doit s'ouvrir après cette conférence environnementale pour aboutir à une loi mi-2013.
De même, le secrétaire national de l'UMP, Sébastien Huygue, a dénoncé le matraquage par le gouvernement de l'industrie nucléaire. "Nous pourrions nous réjouir de le voir enfin tenir une de ses promesses de campagne si cette annonce ne donnait pas le coup d'envoi d'une grande offensive contre une filière d'excellence de notre industrie", s'est-il offusqué.
Fin du débat sur les hydrocarbures non conventionnels
Au plus grand plaisir des écolos, Hollande a également donné des gages aux opposants à l'extraction de gaz de schiste. Le chef de l'Etat a indiqué que sept demandes de permis d'exploration seraient annulés.
"C'est une décision très positive, ça met fin à une cacophonie suite aux déclarations des industriels", s'est réjoui le député européen EELV José Bové. Nicolas Hulot a quant à lui, estimé qu'il y avait "eu des déclarations à la hauteur des enjeux" mais a appelé à "la vigilance" pour la suite.
Au sein de l'exécutif, la ministre écologiste du Logement, Cécile Duflot, a rendu hommage au discours de Hollande sur le réseau social
Je pèse mes mots : ce discours du Président de la République est historique et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste.
Du côté des détracteurs, Laurence Parisot (Medef), qui a pour sa part fortement regretté que "la porte soit fermée" sur les gaz de schiste, a été la plus dubitative. "Le président a mis de côté, ou en tous les cas s'est très peu exprimé, sur le modèle économique qui peut aller avec les objectifs qu'il a fixés".
Les ONG à la manoeuvre
De ce rendez-vous, qui veut mettre le dialogue environnemental au même niveau que le dialogue social, les ONG attendent que l'écologie soit réaffirmée comme une priorité et qu'une vision cohérente de l'action gouvernementale soit donnée.
Pour Bruno Genty, président de France Nature Environnement, "le discours trace un cap et fait preuve d'une volonté politique pour réussir la transition écologique". Mais il ajoute se poser "la question des moyens"
L'énergie, la biodiversité, la santé environnementale, la fiscalité écologique et la gouvernance sont au menu des cinq tables rondes qui s'ouvrent ce vendredi après-midi pour se clôturer samedi midi.
SOURCE : L'Express