Nous voici donc à nouveau réunis en Congrès des Élus de Martinique les 12 et 13 juillet 2022. Maintenant qu’à l’instar de la Guyane, de la Guadeloupe ou de la Corse, les élus de Martinique s’accordent, enfin, pour le mettre en œuvre dans nos vies, il me semble utile de préciser dans quel état d’esprit que j’aborde ce rendez-vous attendu ainsi que l’idéal qui m’anime.
Ce besoin de transparence et de clarification est d’autant plus indispensable qu’il intervient en pleine crise multiforme sanitaire, sociétale, écologique, économique, sociale et identitaire où s’élèvent des voix de la division sur les médias et réseaux sociaux alors que nous n’avons même pas débuté nos travaux.
Aussi, pour ne pas renouveler cette sempiternelle querelle autour des questions statutaires et institutionnelles, pour éviter à nouveau l’impasse du moratoire, donnons-nous les moyens d’expliquer clairement à la population ce que nous voulons.
OUI, le pays Martinique va mal et l’affirmer sans y remédier c’est défoncer des portes ouvertes.
OUI, notre mode de fonctionnement politique a installé le pays sous perfusion et dans une parfaite allégeance à l’extérieur,
OUI, une des premières victimes de notre inefficience collective demeure notre jeunesse contrainte à l’exil forcé contribuant ainsi à dévitaliser ce pays où le taux de personnes âgées ne cesse d’augmenter.
Alors, au-delà des postures idéologiques, des effets de manches dans les assemblées ou de la politique du coup de menton des sachants(es) universels(les), notre génération souhaite que les choses changent,
Et, ce changement, nous sommes en mesure de l’expliquer à la population en toute simplicité, en toute sincérité, sans aucune arrière pensée politicienne
En clair, il y a deux manières d’aborder nos débats et la complexité de notre situation :
Soit nous nous contentons d’aménager le système actuel avec des ajustements juridiques à la marge pour ne pas déranger l’ordre économique établi où prédominent les latifundistes et les profiteurs de l’import-export, et nous continuons alors cette fuite en avant.
Soit, nous avons l’audace de changer les choses en proposant au gouvernement un véritable contrat social et un new deal écologique et économique à partir d’un changement institutionnel
OUI, nous voulons avoir notre mot à dire et peser sur les décisions qui concernent notre quotidien sans pour autant toiser l’avenir à court et moyen termes.
OUI, nous voulons sortir du piège mortifère de l’économie souterraine qui s’installe aussi et s’affiche de plus en plus au grand jour, au nez et à la barbe de tous, avec son cortège de violence gratuite, de délinquance aveugle, de prostitution autrefois nocturne aujourd’hui diurne (en plein jour), et de trafic en tout genre,
SE DOTER D’UN CADRE INSTITUTIONNEL ADAPTÉ À NOTRE AMBITION COLLECTIVE
Nous voulons aussi adapter les Collectivités actuelles en obtenant les compétences et moyens nécessaires à nos besoins de développement économique, écologique, social, culturel et identitaire
Et, si l’acquisition de compétences indispensables au cadre de notre liberté et de notre développement économique passe par une évolution institutionnelle, abordons les choses sereinement et en toute transparence
Donnons-nous les moyens d’organiser la réflexion nécessaire pour clarifier sans tabou, sans esprit hégémonique cette revendication et construisons-la ensemble, avec le gouvernement et le Peuple martiniquais.
Pour notre part, à MARTINIQUE-ÉCOLOGIE, nous pensons que le moment est venu de se doter des moyens de notre ambition collective et le cadre constitutionnel actuel à travers l’article 74 de la Constitution qui consacre le principe de la spécialité législative et de l’Autonomie, peut tout à fait convenir.
Cependant, l’hypothèse d’une révision constitutionnelle n’est pas à exclure et nous nous devons d’anticiper pour ne pas se voir imposer des lois inadaptées et faire des propositions pertinentes juridiquement et acceptables politiquement d’où notre proposition en faveur d’une simplification du droit constitutionnel applicable aux Outre-Mer à travers un article unique pour l’ensemble de ces territoires en lieu et place des articles 73 et 74.
A l’instar de la Loi Organique du 21 février 2007 pour Saint-Martin et Saint-Barthélemy, une loi organique viendra, préciser à la fois l’organisation administrative et le régime législatif que nous souhaitons.
Une proposition d’article unique non pas pour répondre aux convenances politiques des uns et des autres, mais pour fixer un cadre constitutionnel plus simple, plus lisible et à l’intérieur duquel chaque Collectivité située en Outre-Mer pourrait définir les compétences normatives et les leviers juridiques qu’elle souhaite pour poser les bases d’un développement endogène, renforcer la proximité et l’efficacité de l’action publique, tout en restant ancrée dans la République et en gardant les mêmes protections sociales.
Ayons donc l’audace d’un nouveau contrat social
Ayons l’audace d’un new deal écologique et économique,
Ayons l’audace de changer des institutions inefficientes ou inadaptées à notre époque,
C’est le vœu que nous exprimons en ce début d’un nouveau cycle politique qui s’ouvre aujourd’hui pour que nous puissions regagner la confiance de nos citoyens ;
Pour qu’enfin, nous puissions faire renaître l’espoir dans cette société fracturée.
Louis BOUTRIN
Conseiller Territorial
Pt de MARTINIQUE-ÉCOLOGIE