COPENHAGUE 2009 : Pourquoi cela bloque ?

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Des négociations climatiques difficiles


 
Aide financière aux pays en développement, réforme du marché du carbone, objectifs chiffrés de réduction des émissions de CO2…


Les thèmes abordés lors des réunions préparatoires au Sommet sur le climat de Copenhague ont mis en exergue les divergences entre pays industrialisés et en développement.


Décryptage des principaux points de blocage, pour comprendre quel type d’accord devrait être signé à Copenhague.




- CO2 : le problème des objectifs chiffrés

Pour limiter le réchauffement climatique à 2°C en 2100, le Groupe International d’Experts sur le Climat (GIEC) estime que les pays industrialisés doivent réduire d’ici 2020 leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) de 25% à 40% et les pays en développement de 15% à 30% par rapport au niveau de 1990. A plus long terme, les émissions mondiales de GES devront baisser de 80% d’ici à 2050, d’après les scientifiques.

Problème : parmi les grands pays émergents, seul le Brésil se dit prêt à s’engager sur des objectifs ambitieux de réduction des émissions de GES. Considérant que c’est aux pays industrialisés de payer leur dette écologique, la Chine et l’Inde ne sont pas prêts à sacrifier leur développement économique au nom de l’enjeu climatique.

Les pays en développement n’accepteront de s’engager sur des objectifs chiffrés de réduction de leurs émissions que s’ils obtiennent des garanties sur le montant de l’aide internationale devant leur permettre de développer des technologies propres et de financer leur adaptation au changement climatique.

Dans ce contexte, ils pourraient voir d’un bon œil l’adoption d’objectifs de réduction des émissions de GES à long terme (horizon 2050) plutôt qu’à court terme. Une solution qui ne remet pas en question la nécessité pour les pays qui ont ratifié le Protocole de Kyoto de se fixer de nouveaux objectifs chiffrés pour la période 2013-2020.


- La dette écologique des pays industrialisés

Pour aider les pays en développement à faire face au changement climatique, les plus riches vont devoir fournir une aide financière importante. Le montant de cette somme est le principal sujet de discorde qui devra être tranché à Copenhague.

Les pays en développement du G77, Chine en tête, réclament la création d’un fonds alimenté par les pays développés pour un montant compris entre 0,5% et 1% de leur PIB, ce qui représente 135 à 270 milliards d’euros par an. Cette somme permettrait notamment de financer des transferts de technologies comme, par exemple, l’installation d’instruments de "télédétection" pour améliorer la surveillance des forêts et lutter contre la déforestation clandestine.

Mais les pays industrialisés jugent ce montant bien trop élevé. Seul pays du G8 à avoir pris position sur cette question sensible, le Royaume-Uni a proposé un financement annuel de 60 milliards d’euros par an d’ici à 2020, tandis que la Commission européenne a évoqué une somme comprise entre 33 et 74 milliards d’euros par an sur cette période.

Si un montant est fixé à Copenhague, il devrait s’élever à environ 100 milliards d’euros par an d’ici à 2020, un chiffre évoqué lors des négociations qui ont précédé le sommet. Les pays devront alors s’accorder sur l’avenir du Fonds spécial d’adaptation aux changements climatiques. Cet organisme, créé à l’issue de la conférence de Bali en 2007, est censé être alimenté par une taxe de 2% sur les Mécanismes de Développement Propres (MDP) et les donations des pays les plus riches. Mais le fonds ne détient aujourd’hui que 18 millions de dollars sur les 500 millions qu’il est censé recueillir d’ici 2012.


- Négociations : bilan médiocre avant Copenhague

La conférence de Bali, en décembre 2007, a permis de définir la feuille de route des sujets à négocier dans la perspective du sommet de Copenhague. Mais les sommets préparatoires de Bonn, Bangkok et Barcelone n’ont pas permis de dégager d’accord significatif, sauf sur une réduction de moitié de la déforestation, dont les financements restent à définir. En revanche, un document de travail compilant les propositions des différents pays a été rédigé à cette occasion. Il va servir de base au texte qui devrait être signé à Copenhague.


- Les clés d’un accord à Copenhague

Aucun accord ambitieux ne sera signé à Copenhague sans la Chine et les Etats-Unis, responsables de près de la moitié des émissions mondiales de CO2. A ce titre, l’annonce par les deux pays d’objectifs chiffrés de réduction de leurs émissions de GES, à quelques jours du début du sommet, est un pas important. En revanche, les deux géants jugent "irréalisable" la signature d’un texte fixant des objectifs "juridiquement contraignants". Une solution que l’Union européenne appelait pourtant de ses vœux.

L’UE jouera d’ailleurs un rôle clé durant les négociations de Copenhague. Elle devra assumer son rôle de leader dans la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, tout en cherchant à concilier les intérêts des Etats-Unis, des grands émergents (Chine, Inde, Brésil) et des pays les plus pauvres (Afrique, petits Etats insulaires…). C’est en tout cas le sens des rencontres bilatérales entre Nicolas Sarkozy et le président brésilien Lula, qui ont débouché sur des engagements concrets, notamment sur les questions de déforestation et de transferts de technologies aux pays les plus pauvres.

Si le sommet ne débouche pas sur un "Protocole de Copenhague", il doit néanmoins permettre la signature d’un accord politique fixant les grandes orientations d’un futur traité, qui pourrait être signé au printemps 2010.