C'est une très mauvaise nouvelle pour deux raisons :
Permettre à l'ASN de contrôler l'ASN laisse songeur et ne présage rien de bien neuf dans l'évaluation du risque.
D'où l'importance du débat sur les critères à retenir et le choix des autorités chargées de contrôler. Nous avons en France dix-neuf réacteurs correspondant à tous ceux de la première génération de PWR, dont celui de Fessenheim.
Dès lors, la rigueur dans le contrôle de la sûreté est d'autant plus indispensable que la pression va être très forte pour laisser fonctionner des centrales anciennes, qui présentent des risques, au motif que nous ne pourrions pas nous en passer.
La deuxième vérité est économique. Nous devons disposer d'un état des lieux exact des subventions directes ou indirectes allouées aux différentes formes d'énergies. La France a investi 10 dans le nucléaire quand elle consacre 1 aux énergies renouvelables. Au niveau européen, le rapport est de 5 à 1.
Pour chaque euro public investi dans une ou l'autre énergie, nous devons aussi avoir une vision claire des avantages et des coûts associés en termes d'emplois, d'effets externes négatifs et d'équilibre de la balance commerciale. Un audit général devrait porter sur les avantages et les inconvénients économiques de chaque filière, leur potentiel de création d'emplois, leur potentiel de destruction d'emplois, les coûts financiers, environnementaux, sanitaires et sociétaux.
La troisième vérité est celle des prix. Il est indispensable que chaque énergie intègre dans son prix le véritable coût pour la société. C'est indispensable pour éviter, comme le fait l'industrie nucléaire aujourd'hui, de faire porter sur les générations futures la charge de la dette publique que constituent à la fois le démantèlement des centrales et le traitement à long terme des déchets radioactifs.
Le coût de production du kWh nucléaire doit donc être considérablement réévalué pour refléter la vérité écologique et intégrer les charges que représentent le démantèlement des centrales et les déchets, ainsi que les nouvelles mesures de sécurité qui ne manqueront pas d'augmenter.
Le coût, qui était fixé à 55 centimes d'euro, devrait atteindre rapidement 70, soit un montant en réalité très proche de celui de l'éolien. Les dépenses annexes devraient être les mêmes, quelle que soit l'énergie et, en particulier, le coût des lignes et du raccordement, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui.
Enfin, nous devons exiger la vérité sur les provisions et leur disponibilité financière pour assurer le démantèlement et le traitement des déchets. Nous devons ainsi révéler la dette abyssale mise sur le dos du contribuable pour faire face à ces exigences.
La question du prix de vente de l'électricité est très clairement posée, car EDF veut faire payer à l'usager ses erreurs passées et ses investissements futurs. Or l'accès à l'électricité est un besoin vital et une hausse, dans le climat économique actuel, est insupportable pour beaucoup de ménages, encouragés par l'Etat à se chauffer à l'électricité ! La hausse indéfinie du prix de l'électricité est socialement inacceptable, et la stratégie générale de notre champion doit être complètement revisitée pour faire une priorité de sa filiale EDF-Énergies nouvelles (EDF-En).
La quatrième vérité indispensable est d'ordre industriel. La question du devenir d'Areva et d'EDF devrait être clairement posée. Tout d'abord, la privatisation rampante de ces sociétés est parfaitement incompatible avec l'impératif de sûreté. Le précédent de Tepco devrait faire réfléchir. Ce constat met en lumière la situation impossible d'Areva.
Cette société vit sous perfusion d'EDF, qui lui donne ses déchets à retraiter alors que tous les autres exploitants européens ont cessé de le faire. Il n'y a plus aucun intérêt au retraitement, surtout après la mise en évidence de la dangerosité du Mox et la disparition du besoin de plutonium à des fins militaires. Cette situation est totalement malsaine, d'autant que le devenir industriel de l'EPR est de plus en plus menacé et que la catastrophe de Fukushima a démontré le risque lié aux combustibles stockés dans les piscines.
SOURCE : Rue89