CÔTE D'IVOIRE : LE CONSEIL CONSTITUTIONNEL INVALIDE LES RESULTATS DES ELECTIONS

L'armée a fermé les frontières du pays.

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La Commission électorale indépendante a donné l'opposant Alassane Ouattara vainqueur contre le président sortant Laurent Gbagbo. Mais le Conseil constitutionnel a invalidé les résultats. L'armée a fermé les frontières du pays.



Un bras de fer en Côte d'Ivoire entre le président sortant Laurent Gbagbo et son opposant Alassane Ouattara se profile. Une heure après leur proclamation, les résultats de la Commission électorale indépendante, qui donnaient Alassane Ouattara vainqueur de la présidentielle de dimanche, ont été invalidés par le Conseil constitutionnel. L'institution, seule habilitée à proclamer les résultats définitifs, est présidée parun proche de Laurent Gbagbo. Dans la soirée, l'armée a annoncé la fermeture des frontières terrestres, aériennes et maritimes du pays.

La Commission électorale indépendante (CEI) avait déclaré jeudi soir que l'opposant Alassane Ouattara avait remporté le second tour de la présidentielle avec 54,1% des voix, selon des chiffres provisoires que devait valider le Conseil Constitutionnel. Le président sortant Laurent Gbagbo, au pouvoir depuis dix ans, récolte environ 45,9% des voix.

Pour le Conseil Constitutionnel, la CEI a failli

Mais le Conseil constitutionnel ne l'entend pas de cette oreille. Le président du Conseil, Paul Yao N'dré, a rappelé que la CEI n'avait pas été capable de proclamer les résultats dans les 72 heures légales suivant le scrutin. La barre fatidique de mercredi minuit ayant été dépassée, «la CEI n'est plus à même de décider quoi que ce soit», a tranché Paul Yao N'dré.

Il a également affirmé qu'il venait d'envoyer une lettre au président de la CEI lui demandant de lui transmettre les documents relatifs aux contestations de vote dans le nord du pays - fief de Ouattara -. Il a précisé que les décisions sur ces litiges seraient rendues dans un délai de 7 jours. C'est à cette date que devraient être proclamés les résultats définitifs.

Le camp Gbagbo allait dans le sens du Conseil. «Les résultats provisoires n'ont pas de validité juridique» puisque la CEI a annoncé les scores hors délai, a marteléle le directeur de campagne du président sortant. Une réaction qui suggère que le chef de l'Etat n'entend pas s'incliner. Après une campagne électorale agressive, le camp Gbagbo dénonce depuis dimanche des votes «frauduleux» dans le nord du pays, qu'il entend bien faire annuler par le Conseil constitutionnel. Lundi, des responsables pro-Gbagbo avaient même empêché la publication des résultats par la Commission électorale.

Alassane Ouattara appelle au «rassemblement» pour la «paix»

Au contraire, appelant au calme, Alassane Ouattara a exhorté, dans une première déclaration,au «rassemblement» pour la «paix». L'ex-premier ministre ivoirien, qui ne craint pas le verdict du Conseil, a rappelé à son «frère», Laurent Gbagbo, leur «engagement commun à respecter les résultats proclamés par la CEI». Ouattara aussi promis de former «un gouvernement d'union».Ses partisans ont célébré à Abidjan et à Bouaké la victoire de leur champion; Toutefois es incidents entre les deux camps faisant des blessés, dont un grave, étaient signalés à Abidjan.

Dans un climat de méfiance mutuelle entre les deux camps, la tension n'a cessé de croître dans le pays depuis le scrutin, dimanche. Jusqu'à prendre un tour dramatique dans la nuit de mercredi à jeudi, quand des hommes armés ont attaqué à Abidjan une permanence d'Alassane Ouattara. Au moins huit personnes sont mortes et une quinzaine de personnes ont été blessées.

Inquiète, la communauté internationale exhorte les deux candidats à respecter le résultat. Celui-ci doit clore une décennie de crise politique marquée par le report, six fois, du scrutin présidentiel. Jeudi, le ministère français des Affaires étrangères a demandé aux acteurs ivoiriens de «tout faire pour permettre un climat politique apaisé et serein». Mercredi soir, la haute commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, les a appelés à éviter «tout autre action qui pourrait priver la population ivoirienne de ses droits démocratiques». Le Conseil de sécurité des Nations unies a prévenu jeudi qu'il était prêt à prendre des «mesures appropriées» contre quiconque ferait obstacle au processus électoral.

SOURCE : LeFigaro