YÉMENIA suspend ses vols depuis Marseille.
La compagnie n'assurera plus de vols au départ et à destination de Marseille «pour une durée indéterminée».
Une décision qui répond aux pressions des familles des victimes qui ont manifesté toute la journée à l'aéroport de la ville.
PHOTO : Des membres de la communauté comorienne bloquent l'enregistrement pour les vols de la compagnie Yemenia à l'aéroport de Marseille-Provence, le 2 juillet 2009. Source : Associated Press
Les familles des victimes du crash de l'A310 ont eu raison de la compagnie yéménite. Yemenia a en effet annoncé jeudi soir dans un communiqué qu'elle suspendait «dès à présent» ses vols au départ et à destination de Marseille, «pour une durée indéterminée», après l'accident survenu mardi près des Comores. La compagnie yéménite, qui a déjà dû annuler deux vols au départ de Marseille sous la pression de manifestations de la communauté comorienne locale, invoque «un cas de force majeure» et lie sa décision «aux graves événements survenus à l'aéroport de Marseille-Provence ces deux derniers jours et aux comportements violents qui sont à y déplorer». Yemenia «ne peut poursuivre normalement l'exploitation de ses lignes au départ et à destination de cet aéroport sans mettre gravement en péril la sécurité des passagers, des usagers et des personnels qui y travaillent», selon le communiqué. «La compagnie déplore que cette période de deuil soit affectée par des comportements inadmissibles qui interdisent la recherche sereine des causes de cette catastrophe et empêchent d'acheminer les familles des victimes jusqu'à Moroni», ajoute-t-elle. Cette annonce est intervenue après plus de quatre heures de discussions entre Yemenia, la direction de l'aéroport et des représentants de la communauté comorienne de Marseille. Aux cris de «supprimez, supprimez» et «Yemenia, assassin», une centaine de manifestants présents à l'aéroport souhaitaient obtenir l'annulation définitive des vols, ou au moins pendant la saison d'été. «On nous a menés en bateau», a déclaré Nasser Moegne qui avait représenté la communauté comorienne lors des discussions. «On ne veut plus de Yemenia pour les vols vers les Comores», a-t-il ajouté. Plus tôt dans la journée, la compagnie aérienne avait annoncé l'annulation de son vol prévu à 18 heures : des manifestants s'étaient rassemblés depuis le matin dans le hall de l'aéroport pour empêcher l'enregistrement du vol. Le directeur de l'aéroport, Pierre Régis, avait annoncé la nouvelle sous les applaudissements des manifestants et qualifié celle-ci de «décision d'apaisement». Le crash de l'A310 mardi dernier au large des Comores a fait 153 morts dont 61 venus de Marseille. Une seule personne, une adolescente de 12 ans, Bahia Bakari, est la seule survivante de l'accident. Selon la communauté comorienne, cette accident était prévisible. Depuis plusieurs années, ils dénoncent, disent-ils, les «avions poubelles» utilisés pour faire la liaison entre la France et les Comores. Yémen : des critiques «injustes» contre la compagnie La compagnie yéménite a été fortement mise en cause depuis la catastrophe. Yemenia Airways ne figurait pas sur la liste noire européenne des transporteurs à éviter, mais l'appareil avait été «exclu» de France pour «irrégularités» il y a quelques années. Le secrétaire d'Etat chargé des Transports Dominique Bussereau avait déclaré mardi que la compagnie était « très surveillée » par les autorités françaises. De son côté, un ministre yéménite a jugé jeudi «injustes» les critiques faites en Europe à la compagnie aérienne pour ses normes de sécurité. Lors d'une conférence de presse, le ministre du Transport, Khaled al-Wazir, s'est dit «surpris» par «les jugements anticipés» portés sur les causes du crash «avant la publication des résultats de l'enquête en cours». Le ministre a averti que son département «se réservait le droit de poursuivre en justice les parties qui cherchent délibérément à nuire à l'image de la compagnie nationale yéménite». La réponse de la France a été rapide : «l'avion a été interdit de vol dans notre pays, tout le monde le savait, hélas», a déclaré le ministre français des affaires étrangères Bernard Kouchner. Source : Associated Press