La tonalité de ces déclarations, même si elles se veulent toujours confiantes, tranche avec les discours rassurants tenus jusqu'à maintenant par les pouvoirs publics français.
Le 20 septembre dernier, la ministre de l'Economie avait notamment assuré que le risque systémique lié à la crise financière internationale était passé.
"Le système financier français est un système stable qui a une solvabilité très confortable, et je crois que dans des moments comme ceux-ci, qui sont des moments tendus, il ne faut pas paniquer. Il y a un pilote, il y a des pilotes dans l'avion", a déclaré le président d'Axa, Henri de Castries.
Ses déclarations s'ajoutent à celles du gouverneur de la Banque de France Christian Noyer et du ministre du Budget Eric Woerth, qui vont dans le même sens. "Ne cédons pas à la panique, cela ne sert à rien,", a martelé ce dernier sur LCI.
"L'Etat peut faire ce qu'il faut, il a une capacité de frappe pour sauver le système financier si nécessaire, comme tous les Etats du monde", a souligné de son côté le gouverneur de la Banque de France, selon qui Nicolas Sarkozy est d'une "détermination absolue" sur la question d'un éventuel soutien au système financier.
Jeudi dernier, le président de la République Nicolas Sarkozy avait déjà indiqué que l'Etat garantirait "quoiqu'il arrive la sécurité et la continuité" du système bancaire français.
Le sauvetage de la banque franco-belge Dexia, deux jours après celui de la belgo-néerlandaise Fortis, se traduit par une augmentation de capital de 6,4 milliards d'euros. Du côté français, l'Etat contribue à hauteur d'un milliard d'euros et la Caisse des dépôts à hauteur de deux milliards.
Cette nouvelle a soulagé les investisseurs. Le titre a regagné 4,47% à 7,522 euros après avoir dévissé de 28,5% lundi.
RISQUE SYSTÉMIQUE
Christine Lagarde a précisé lors d'une conférence de presse que Dexia, confrontée à de graves problèmes de liquidités et de refinancement, devait impérativement être recapitalisée pour éviter une crise systémique.
"Dexia représente 650 milliards d'euros de bilan, il n'était pas question de prendre un risque systémique sur cette banque", a-t-elle déclaré, soulignant que Dexia risquait une situation de défaillance. "Il était indispensable que l'Etat intervienne et souscrive au capital de Dexia. Il fallait soutenir et assurer la stabilité du système financier".
Selon l'Elysée, ce plan de sauvetage a été l'objet d'une réunion à 05h00 du matin au palais présidentiel avec le chef de l'Etat, le Premier Ministre, François Fillon, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, et le directeur général du Trésor et de la politique économique, Xavier Musca.
Nicolas Sarkozy a convoqué les mêmes à 10h30 (08h30 GMT) à l'Elysée pour participer à une réunion avec neuf directeurs généraux et présidents de banques et sociétés d'assurances et avec le président de l'Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles, Philippe Jurgensen.
L'objet de cette réunion, qui s'est achevée un peu avant midi (10h00 GMT), était de faire le point sur les derniers développements de la crise et son impact sur la situation économique et financière et de préparer des rencontres européennes et internationales.
Nicolas Sarkozy a proposé la semaine dernière de réunir les dirigeants des pays du G8 et des principaux pays émergents pour remettre à plat le système financier et monétaire mondial.
Il doit réunir cette semaine les dirigeants des membres européens du G8 - France, Allemagne, Grande-Bretagne, Italie - pour mettre au point une position européenne commune en vue de ce sommet financier mondial.
Le climat de la réunion à l'Elysée a été alourdi par le rejet par la Chambre des représentants américaine du plan de sauvetage du système financier et bancaire américain proposé par le secrétaire au Trésor, Henry Paulson.
Ce plan prévoit le déblocage de 700 milliards de dollars pour racheter les actifs douteux qui déséquilibrent les comptes des institutions financières.
Nicolas Sarkozy recevait également en fin de journée à l'Elysée une délégation de Business Europe, organisation représentant les entreprises au niveau européen.
Mercredi, il s'entretiendra avec le Premier ministre irlandais Brian Cowen pour discuter de la crise financière et du traité de Lisbonne, en préparation du conseil européen des 15 et 16 octobre
Avec la contribution de Matthieu Protard, Julien Ponthus, Yann Le Guernigou, Emmanuel Jarry, Sophie Louet, Véronique Tison et Elizabeth Pineau