CTM : DES MESURES D’URGENCE SOLLICITÉES POUR L’AGRICULTURE PAYSANNE

CTM - Plateau-Roy – 04/04/2024 : Interpellation du Président du Conseil exécutif par Louis Boutrin lors des questions au PCE. Le Conseil territorial du Gran Sanblé a plaidé pour une aide d’urgence en faveur de la petite paysannerie et les petites exploitations actuellement en grande souffrance. Face à cet inexorable déclin et au risque d’une réelle disparition, Boutrin propose une triple réforme, foncière, de la politique d’irrigation et des outils financiers. Des propositions qui ont trouvé un écho auprès du PCE qui accueille favorablement le principe d’une Conférence des différents acteurs pour sauvegarder une agriculture durable et nourricière.  

CTM : DES MESURES D’URGENCE SOLLICITÉES POUR L’AGRICULTURE PAYSANNE

 

Mars 2020 – Avril 2024. Il y a tout juste 4 ans, des mesures de confinement sans précédent étaient décrétées par le Président de la République. Quelques jours plus tard, La Martinique, coupée du reste du monde, était livrée à elle-même.

Cette crise du COVID-19 nous a rappelé, s’il en était besoin, l’aberration du système agricole d’exportation actuel et l’importance stratégique d’une agriculture durable garantissant un accès à l’alimentation.

Cette crise a également fait émerger le besoin des Martiniquais en faveur d’une agriculture saine avec des produits frais, locaux, respectueux de l’environnement et à des prix économiquement abordables.

Plus que jamais, le système alimentaire martiniquais apparait particulièrement vulnérable : car les besoins alimentaires de notre pays sont largement assurés à plus de 80 % par les importations en porte-conteneurs, en provenance majoritairement de la France. 

Il est d’autant plus vulnérable qu’il doit faire face à une multitude de menaces et de facteurs de risques, liées en partie au changement climatique avec des carêmes de plus en plus longs et des sécheresses particulièrement rudes pour l’agriculture paysanne et des épisodes de cyclones de plus en plus puissants et dévastateurs pour les cultures et les exploitations agricoles

A cela, une vulnérabilité liée aux crises économiques répétitives et une inflation galopante qui impactent les couts de production et qui laissent sur le carreau les petits exploitants agricoles : en 10 ans, la Martinique a perdu un cinquième de ses exploitations agricoles, essentiellement les petites exploitations.

 

Monsieur le Président,

Une fois ce diagnostic de vulnérabilité posé, nous vous proposons de sortir enfin des logiques de constats.

Car, au-delà de l’objectif de tendre vers l’autonomie alimentaire en gagnant des parts du marché local, objectif que nous partageons et soutenons, il y a lieu d’activer urgemment la transformation de l’agriculture martiniquaise dans une approche globale intégrant une transition agro-écologique autour d’une triple réforme : foncière, politique d’irrigation et outils financiers.

Pour ce faire, nous vous proposons :

  1. Le vote d’une aide d’urgence à la petite paysannerie et aux petites exploitations qui risquent de disparaître le temps que les dispositifs d’agro-écologie ne soient opérationnels
  2. La tenue d’une Conférence Territoriale de l’Action Publique (CTAP) avec comme thème unique : LE SAUVETAGE DE L’AGRICULTURE AUTOUR DE CETTE TRIPLE RÉFORME.

N’étant pas fétichistes à la forme mais demeurant des démocrates respectueux de la légitimité issue des urnes, nous comptons sur vous pour trouver la bonne formule, l’essentiel étant que l’on s’unisse autour de mesures urgentes pour sauver une agriculture nourricière en Martinique.

Martinique, le 4 avril 2024

 

Louis Boutrin,

Conseiller Territorial

 

 

RÉPONSE DU PCE :

 

Louis Boutrin, votre question est très pertinente, elle est vraiment d’actualité, et, vous savez l’importance que j’accorde et aussi à l’assemblée d’une manière générale et plus particulièrement Nicaise Monrose qui s’excuse. Il sera là, certainement là durant la journée, nous nous accordons sur ce sujet là.

Donc, sur deux points, ça semble essentiel. Heu, quelle est la formule pour répondre à ces deux demandes là ? Je pense comme vous l’avez dit, il faut trouver la bonne formule de présentation. Est-ce que, une Conférence Territoriale de l’Action Publique qui est très encadrée correspond à ce besoin-là. Je ne sais pas. Je pourrais simplement dire, d’y réfléchir.

L’idée d’une conférence m’intéresse beaucoup. A mon avis, on devrait y aller. Est-ce sur la forme d’une CTAP ? Telle indiquée qui est encadrée, je ne sais pas.

Mais il faut à mon avis, heu, pour présenter à la population cette phase essentielle de transformation et de mutation que nous souhaitons tous. Il faut qu’il y ait, on appelle çà “un blo” quoi. Il faut qu’il y ait un évènement qui se passe sous une forme quelconque.

Donc, avec Nicaise Monrose que j’ai consulté avant de répondre sauf sur le principe d’accord mais peut-être pas sous une CTAP qui est extrêmement encadrée. Donc on mettra ça sur pied.

Deuxième chose, c’est que sur la question de l’aide d’urgence, heu, on converge mais au fond puisque, nous souhaitons une transformation de l’eau. J’ai bien compris que la population a augmenté, c’est une aide d’urgence en attendant que les dispositifs se mettent en place concrètement. Mais, on a commencé. On a commencé mais timidement parce qu’on n’a pas tous les moyens qu’il faut. Vous vous rappelez que nous avons voté ici une aide particulière un peu plus d’un million d’euros destinés aux petits agriculteurs, ce n’est pas grand chose, puisque 3 000 euros par agriculteur, ce n’est pas grand chose.

Nous avons déjà versé à 200 bénéficiaires près de 600 000 euros. Nous avons actuellement en paierie 115 bénéficiaires qui attendent pour 341 000 euros et puis, nous avons 46 bénéficiaires qui sont en cours de mandatement, je parle de petite agriculture, cela me semble essentiel 238 000 euros.

Nous avons aussi parallèlement mené une bataille très importante, vous êtes au courant, puisqu’on s’est énormément battu avec l’Etat pour que les applications qui sont faites à propos de mouvements sur le plan national des agriculteurs, qu’on ait des retombées localement. On avait même anticipé pratiquement 4 à 7 mois avant les évènements de décembre en France. On avait déjà anticipé pratiquement sur tout ce qui se disait au niveau national.

Et, heu, nous prenons acte et notez bien cela, que le Gouvernement a voté 11 millions d’euros pour les exploitations de moins de 18 hectares pour la banane avec une possibilité d’une aide financière de 39 millions d’euros sur 3 ans.

Nous en prenons acte, c’est pour la banane. “Nou di-yo” tout de suite, c’est bon pour la banane.

Fok fey ba ti péyizan-an.

Donc, on s’est battu et on avait véritablement tapé sur la table. J’ai été reçu par le ministre de l’agriculture, Monsieur Darmanin, je lui ai répété que nous attendons une réponse claire de l’Etat sur la contribution de soutien d’urgence pour les petits planteurs, notamment la diversification mais des petits planteurs de banane aussi, et la réponse qui a été formulée à deux reprises, la première réponse a été formulée par une question posée par une Députée réunionnaise et à Monsieur Darmanin et la ministre de l’Outre-Mer  ici présente, “ki té asiz a kotey” sur cette chaise là, a répété, a indiqué clairement que donnant une réponse favorable à la Martinique, et bien sûr,  à l’ensemble de l’Outre-Mer par une Mesure CIOM de 14 millions d’euros et qui permettrait d’aider les petits agriculteurs. 1 million d’euros et 14 millions.14 millions, c’est pour l’ensemble de l’Outre-Mer, ça viendra compenser, et on sera très attentif à ce que ce soit mis en place très rapidement pour les agriculteurs de la Martinique.

Je partage aussi Monsieur le Président, Monsieur le Conseiller, aussi votre souci sur la question de l’urgence, honnêtement, je ne sais pas si c’est une volonté ou pas une volonté, mais, tout le monde déclare qu’il y a une crise , tout le monde déclare, je ne parle pour vous, j’espère que vous êtes conscient de çà et que nous importons 80% de ce que nous consommons, que ce soient les maires, que ce soient les EPCI, que ce soient les Parlementaires, que ce soient les Présidents de collectivités territoriales, y compris moi-même et tous les élus, oui “nou ka,... men kisa nou kafè?” Derrière çà qu’est ce qu’on fait? Quelle décision qu’on a prise, concrètement et puissamment ?

Parce que je pense franchement qu’il faut y aller quoi. Mais si vous voulez qu’il y ait une diversification, il faut au moins, qu’il y ait un accès aux terres des jeunes agriculteurs qui n’ont pas de terre, ce sont les formés sans terre, comment on fait ? J’ai demandé 1 000 hectares sur les 5 000 hectares qui ne sont pas exploités.

Est-ce que j’ai eu un soutien de tous les mouvements politiques de la Martinique pour dire oui, il faut que ces 1 000 hectares servent à la diversification ? Je n’ai pas demandé d’exproprier qui que ce soit. Je n’ai pas demandé de récupérer les terres de manière violente, j’ai dit simplement qu’il faut 1 000 hectares pour la diversification.

Tout le monde m’a salué, “men ma pa janmen wè an dimi hekta”.

Où est-ce qu’on va dans ce pays-là, donc il va falloir faire quoi ? On réforme la SAFER ? j’ai demandé la réforme de la SAFER parce que l’accès aux terres des jeunes agriculteurs, c’est essentiel. Pas seulement un accès foncier, la viabilisation, l’accompagnement financier, la formation, l’apport de contribution en amont, une aide forfaitaire découplée par rapport à ce qu’on a comme conditions, etc ...

Voilà un sujet de forme, c’est pour cela je pense qu’il faut aller sur des sujets de fond. Il faut y aller franchement.

Nous avons aussi demandé à ce qu’on ait un contrat territorial de transition écologique, ce contrat là, nous attendons. A priori, le Gouvernement l’aurait inscrit. Toutes les demandes formulées par la Martinique sur ce calendrier politique pour donner une réponse positive à la mise en place de la CTEA.

D’accord, ok. On attend encore. Mais, nous sommes aussi très avides de savoir comment on va gérer le POSEI, nous avons demandé une territorialisation du POSEI. Je n’ai jamais vu une inertie telle, politique par rapport à une demande aussi importante. Parce que vous savez que 80 % du POSEI est consommé par la banane et le rhum et ce qui est laissé pour la diversification est résiduel.

Dans quel monde, nous demandions la plupart des progressistes qui sont dans la salle y compris les autonomistes et indépendantistes, on territorialise le POSEI, pour qu’on puisse l’appliquer régionalement et enfin à bon usage. Je n’ai pas entendu des gens monter au créneau pour dire qu’on soutient cette demande. C’est une demande de responsabilité qui est essentielle pour la Martinique. J’ai pris ces 3 exemples là, mais j’aurais pu en prendre beaucoup d’autres, mais nous sommes d’accord.

Oui, Monsieur Boutrin, il faut agir dans l’urgence et nous allons répondre à la demande par cette conférence qui ne sera pas sous la forme indiquée et nous mettrons en place, un service politique à plus long terme, plus structurant pour nous permettre de revivifier notre agriculture locale.

Merci.