CUBA : FIDEL CASTRO PUBLIE SON AUTOBIOGRAPHIE

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Castro, fidel à lui même

Le Comandante publie son autobiographie et réécrit l'histoire officielle dans les moindres détails...

Castristes de tous les pays, réjouissez-vous ! La traduction du premier tome des mémoires de Fidel, Les chemins de la victoire, vient de paraître. Le titre original, Par tous les chemins de la Sierra : la victoire stratégique, est plus honnête. Hameau par hameau, le líder máximo y retrace la bataille, du 25 mai au 6 août 1958, des rebelles contre les troupes du dictateur Batista dans les montagnes du sud-ouest de Cuba. 

Les chiffres sont éloquents : 10 000 hommes de "l'Armée ennemie de la tyrannie", défaits par 300 loqueteux, en 74 jours. Et 653 pages, sans surprise de la part de l'homme aux discours de sept heures. Ceux qui rêvaient de lyrisme révolutionnaire en seront pourtant pour leurs frais. 

La relation minutieuse de chaque attaque, de Las Vegas de Jibacoa à Las Mercedes, dénote une mémoire éléphantesque (aidée par un beau travail d'archives) et un caractère férocement maniaque. Seule une stratégie précise, fondée sur la connaissance du terrain et menée d'une main de fer, assura la victoire en dépit de l'inégalité des forces. Le colérique Comandante orchestre chaque mouvement, exige un compte exact du nombre de balles utilisées et les rationne. "Ne pensez pas recevoir une seule cartouche. Arrangez-vous avec ce que vous avez, ou vous paierez bien cher ce manque de sens commun", dit-il à un chef après une attaque ratée.

Écriture fiévreuse

Car la vraie richesse de l'ouvrage repose dans les photos, cartes et courriers scannés. Fidel, en bon élève des jésuites, se réfère à la bataille des Thermopyles, en 480 avant J.-C., où les guerriers spartiates combattirent l'énorme armée perse. Il noircit des pages d'une écriture fiévreuse et sans fautes d'orthographe, corrige celles des autres, comme Celia Sánchez. Sous sa dictée, elle transmet un texte à lire sur Radio Rebel de l'art de la propagande et la maîtrise des médias, déjà. Les réponses témoignent de la faim (Celia finit par fabriquer du fromage), du manque de sommeil, de la santé fragile des barbudos. "Je crois que je te donnerai l'occasion de m'arracher une dent, car elle me fait mal", note en post-scriptum Fidel au Che. 

Cienfuegos et lui, compagnons des débuts, sont encore là, mais aucune des lettres de l'Argentin, pourtant cité, n'est reproduite. Peut-être parce qu'il s'autorisait des piques comme "j'ai retrouvé le mulet, ce qui m'a fait un peu passer l'humeur noire à la Fidel dans laquelle je me trouvais". Ne figurent d'ailleurs que deux photos du (trop ?) beau gosse sanguinaire. Le grand gagnant, sans surprise, est Raúl, petit frère au visage poupon, à la moustache naissante, quand les autres arborent une barbe hirsute, souriant avec sa mitraillette Thompson, bavardant avec des enfants, tenant par l'épaule un combattant en haillons. Éternel successeur de son aîné, selon un scénario soigneusement orchestré qui ne se limiterait pas à la "victoria" définitive sur Batista, le 1er janvier 1959. Que les fans se rassurent : l'assaut final est l'objet d'un livre à paraître l'an prochain.

SOURCE : LePoint