On se souvient de l'appel pathétique lancé par Nicolas SARKOZY à Manuel MARULANDA il y a quelques semaines pour la libération d'Ingrid BETANCOURT. Pas de réponse de l'intéressé. Et pour cause ! Depuis, fin mars, le chef historique des FARC est décédé d'une crise cardiaque.
Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc-marxistes) ont annoncé dimanche le décès de Manuel Marulanda, le chef historique de la plus vieille guérilla du monde.
Son décès constitue un coup dur pour la guérilla, confrontée aux désertions et à la disparition de plusieurs dirigeants, ce qui pourrait l'inciter à négocier pour régler le conflit colombien et le dossier des otages, selon les experts. "C'est un fait de la plus haute importance car Marulanda était le mythe fondateur des Farc", affirme Alejo Vargas, politologue à l'Université nationale de Bogota.
Les
Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont annoncé dimanche
la mort de leur leader, décédé d'un arrêt cardiaque le 26 mars à 80
ans, ainsi que la désignation comme successeur d'Alfonso Cano,
l'idéologue de la guérilla, dont il représente l'aile modérée.
Les
Farc, qui luttent contre les autorités colombiennes depuis 1946,
réclament la libération de 5OO guérilleros détenus, en échange d'un
groupe de 39 otages, dont la Franco-Colombienne Ingrid Betancourt,
enlevée il y a plus de six ans alors qu'elle postulait à la présidence
du pays.
"Le
grand leader est parti", a déclaré un membre du secrétariat (organe
dirigeant) des Farc, Timoleon Jimenez, alias "Timochenko", à la chaîne
de télévision vénézuélienne Telesur.
Ses déclarations ont été reprises
par les télévisions colombiennes. Manuel Marulanda, 80 ans, est mort
d'une brève maladie, a ajouté le membre du secrétariat.
"Timochenko"
a précisé également qu'Alfonso Cano, considéré comme le responsable
idéologique de la guérilla, en assumera le commandement.
Né
le 12 mai 1928, à Genova, dans le Quindio, la région du café à l'ouest
de Bogota, Pedro Antonio Marin, de son vrai nom, alias Manuel Marulanda
Velez, pseudonyme rendant hommage à un dirigeant colombien de la région
d'Antioquia (nord-ouest) des années 30 - était le fondateur de la
première guérilla paysanne de Colombie.
Samedi,
le ministre de la Défense colombien, Juan Manuel Santos, avait révélé,
citant les services de renseignement, que Manuel Marulanda, était
décédé le 26 mars mais sans fournir de preuves. Marulanda doit "être en
enfer car c'est là que vont tous les criminels morts", a affirmé le
ministre dans son interview avec Semana.
Dimanche
matin lors d'une conférence de presse, M. Santos a appelé le nouveau
dirigeant Alfonso Cano à la négociation et "à se rendre compte que la
lutte armée ne mène nulle part".
"La porte pour parvenir à la paix est
ouverte", a-t-il dit. Puis le ministre a appelé à la démobilisation des
guérilleros.
"Trois de vos chefs sont sous terre, profitez de cette
opportunité pour vous démobiliser, sinon nous poursuivrons les
opérations militaires avec plus d'intensité", leur a-t-il lancé. "Nous
ne pouvons pas encore crier victoire", a conclu M. Santos.
Samedi
soir le président Alvaro Uribe, lors d'un déplacement en province, a
annoncé que des chefs de la guérilla sont prêts à se démobiliser en
échange de la libération d'otages dont la Franco-Colombienne Ingrid
Betancourt.
"Le
gouvernement a reçu des appels des Farc dans lesquels certains
dirigeants ont annoncé leur décision de se démobiliser et de libérer
Ingrid Betancourt, si le gouvernement (colombien) leur garantit la
liberté", a poursuivi le président dont les propos ont été rapportés
par la télévision d'Etat. Ces dirigeants, a ajouté Alvaro Uribe,
"seraient remis aux autorités de France pour qu'ils puissent profiter
dans ce pays de leur liberté".
A
Beyrouth, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a estimé
que "c'est un grand espoir qui se lève". "Ca facilitera la libération
des otages, le retour d'une certaine paix civile en Colombie", a-t-il
ajouté. A Paris, le président français Nicolas Sarkozy a déclaré
dimanche à des journalistes que des "choses se passent" en Colombie
mais qu'il fallait faire preuve de "beaucoup de prudence". "Je suis la
situation minute par minute.
Je voudrais demander à chacun de faire le
moins de déclarations possibles, il y a des otages et la situation est
mouvante", a ajouté le chef de l'Etat. La
mère et la soeur de l'otage franco-colombienne Ingrid Betancourt ont
lancé un appel au nouveau chef des Farc Alfonso Cano pour qu'il la
libère.
"Face aux derniers événements nous faisons un appel au
commandant Alfonso Cano - homme cultivé et progressiste- qui, en
prenant la direction des Farc, a le pouvoir de pousser l'histoire en
libérant Ingrid et les trois autres otages civils", ont déclaré Yolanda
Pulecio Betancourt et Astrid Betancourt dans un communiqué. Ingrid
Betancourt, 46 ans, ex-candidate à la présidentielle, est otage de la
guérilla colombienne des Farc depuis plus de six ans. Ses conditions de
santé sont alarmantes, selon des témoignages concordants.