DEMOCRATIE A L'ITALIENNE : LE GOUVERNEMENT ITALIEN BOYCOTTE LE FESTIVAL DE CANNES

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Draquila, une réflexion sur la dérive autoritaire de l'Italie.

 

Le ministre italien de la Culture entend protester contre la sélection de «Draquila», un film sur l'après-séisme de L'Aquila qui se veut «une réflexion sur la dérive autoritaire de ce pays», selon sa réalisatrice.

Le ministre italien de la Culture, Sandro Bondi, a décidé de ne pas se rendre au Festival de cinéma de Cannes. La raison de son courroux : la sélection de «Draquila», un «film propagande» selon lui, sur l'après séisme à L'Aquila d'avril 2009, qui avait fait 308 morts et privé de logement 80.000 personnes.


«Draquila - l'Italia che trema» («Draquila - L'Italie qui tremble»), de Sabina Guzzanti, une imitatrice spécialiste de la satire politique, figure dans la sélection officielle, hors compétition et doit être projeté en «séance spéciale». Selon des rushes non utilisés vus à la télévision, Sabina Guzzanti, grimée à l'image du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, y dénonce, un peu à la manière du réalisateur américain Michael Moore, une mainmise d'hommes proches du pouvoir sur les projets de reconstruction de la ville.

Dans une interview au site internet Articolo 21, la réalisatrice a expliqué qu'elle voulait montrer que «les habitants de L'Aquila sont restés sous la tente pendant six mois seulement parce que le gouvernement voulait faire voir le ‘miracle' des maisons» remises en grande pompe aux sinistrés à partir de septembre dernier. «Ce film est une réflexion sur la dérive autoritaire de ce pays», a ajouté la réalisatrice.

Le seul réalisateur italien figurant dans la sélection officielle de Cannes cette année avec «La Nostra Vita», Daniele Luchetti, a vivement critiqué le boycott décidé par le ministre Bondi, très proche du chef du gouvernement Silvio Berlusconi. «Je ne sais pas trop quoi dire à propos d'un ministre qui a honte d'un artiste libre», a-t-il déclaré aux médias italiens samedi. «Un pays libre doit montrer ce type de spectacles. Il faut être fier d'emmener à l'étranger une telle démonstration de liberté», a ajouté le cinéaste dont le film sortira le 21 mai dans les salles italiennes.

Le député européen du parti Italie des Valeurs (centre-gauche, opposition) Luigi de Magistris a été encore plus dur à l'égard du gouvernement. «Ceux qui insultent la liberté et le peuple italien, ce ne sont ni l'art ni l'information, mais un ministre qui au lieu d'honorer ses engagements institutionnels récite le rôle de fidèle serviteur du premier ministre en désertant» Cannes.