DISCOURS DE MARIE-JEANNE SUR LE PROJET DE LOI RELATIF À L'ADAPTATION DE LA SOCIÉTÉ AU VIEILLISSEMENT

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ASSEMBLÉE NATIONALE - MARDI 9 SEPTEMBRE 2014

Discussion Générale sur le Projet de loi 

 

Madame la Présidente,

Madame la Ministre,

Collègues de l’Assemblée,

Qui peut raisonnablement ne pas reconnaître, le bien-fondé du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement.

L’espérance de vie est passée par là.

Elle s’est allongée et constitue un progrès irréversible.

Si comme prévu dans l’ordre des choses, quelques déboires inhérents au vieillissement ont été constatés, pour regrettables qu’ils soient, ce sont de nouvelles fenêtres ouvertes pour la recherche approfondie.


A tout bien considéré, ces multiples aspects sont autant de facteurs d’enrichissement humain et de développement.

Cette approche est-elle identique partout ailleurs ?

Pas en Martinique où le problème du vieillissement de la population se pose en termes singuliers.

Il est question de dépeuplement accéléré avec toutes les conséquences négatives que l’on peut imaginer.

Plusieurs paramètres entrent en ligne de compte et ce sont leurs actions cumulées qui engendrent une telle situation.

L’examen de la pyramide des âges en Martinique fournit des indications alarmantes sur la transition démographique en cours. 

En 2005, 23,3% de la population avait déjà 60 ans et plus.

Une projection pour les 15 années à venir a montré que la catégorie des 60-70 ans serait de 40%.

Au 1er janvier 2013 la population martiniquaise est estimée à 386.486 habitants  confirmant ainsi sa trajectoire monotone décroissante.

Parmi les facteurs explicatifs de cette déperdition, il y a les départs des forces vives du pays.

En effet, plus de 50% de celles-ci concernent des jeunes à la recherche d’un emploi.

L’autre facteur aggravant est la baisse de la natalité.

Et contre toute attente, voici la solution préconisée par l’INSEE dans une étude publiée le 03 février 2011 :

« Il faut aussi comprendre qu’avec le départ à la retraite des générations issues du baby-boom, il va y avoir une déstabilisation du marché de l’emploi. Très rapidement, c’est-à-dire d’ici 5 à 10 ans, près de 50 000 personnes partiront à la retraite et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer, le remplacement par des personnes au chômage n’est pas mécanique… on va se trouver face à une difficulté concernant l’effectif de la population active. Si on veut maintenir un certain dynamisme économique à la Martinique, on n’aura pas d’autre choix que de favoriser l’installation de personnes venues d’ailleurs. »

A ma place, qui accepterait sans broncher de telles solutions alors que des alertes et des propositions antérieures n’ont pas manqué.

Car, c’est la Martinique, que l’on fossoie continûment. 

Quel que soit le gouvernement, vous soutenez à l’unisson et plus que jamais, le patriotisme économique qui n’est autre chose que le développement endogène, rebaptisé, requalifié.

Quand c’est nous qui le proposons, on trouve cela douteux, inquiétant, voire révolutionnaire. 

On oublie le vieil adage martiniquais très à propos qui dit ceci : 

« chak bèt-a-fé kléré pou nanm-li.» Ce qui signifie en clair que l’élémentaire développement s’appuie sur la mise en valeur des potentialités internes de tout Pays.

Ce n’est ni le repli sur soi, ni un quelconque retour à l’autarcie.

Je constate que chaque fois qu’une cause martiniquaise est défendue, on bute toujours, là où l’on s’attend le moins, sur des positions tardigrades.

Observons le monde, il ne cesse de se défaire et de se refaire.

Ainsi, face au vieillissement de la population martiniquaise, la réponse doit être à la fois politique, économique et sociale.

- Mettre en place de nouvelles activités spéciales et spécialisées répondant aux besoins réels de personnels liés à la dépendance, 

D’accord sur ce point.

- Prévenir les pathologies, soutenir la recherche, renforcer la solidarité intergénérationnelle, 

D’accord aussi sur ce point.

- Si l’on tient à débloquer la machine économique, à diminuer le chômage endémique, à freiner l’exode que je viens d’évoquer, il faut saisir cette opportunité en recrutant des jeunes formés et décidés à relever le défi.

Accord sur ce point crucial et déterminant pour la Martinique.

Madame la Ministre,

Madame la Présidente,

Si l’inactivité est la mère de tous les vices, le manque de décisions pertinentes serait alors le père de tous les découragements et de tous les désenchantements à venir.

Alfred MARIE-JEANNE

Paris le mardi  09 septembre 2014