Scénario catastrophe au PS
"Je ne peux pas proclamer de résultat car au moment où je vous parle, les résultats sont extrêmement serrés et je ne peux pas dire qui l'emporte", a déclaré peu avant 2h30 l'ancien ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, qui devait annoncer les résultats officiels du scrutin.
"Les déclarations intempestives ne facilitent pas le travail pour parvenir à des résultats incontestables", a-t-il ajouté tandis que des proches de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle contestent la victoire que revendiquent les partisans de la maire de Lille.
Selon plusieurs sources, l'écart entre les deux candidates ne dépasserait pas 200voix alors que 233.000 adhérents socialistes étaient appelés à les départager."C'est le scénario catastrophe. Aucune des deux n'a de légitimité, aucune des deux ne peut diriger", a dit à Reuters un responsable socialiste. L'ex-candidate à l'Elysée était arrivée en tête du premier tour jeudi avec 43% des voix contre34% à Martine Aubry. Benoît Hamon, éliminé avec près de 23% des voix, avaitappelé ses partisans à "se reporter massivement" sur la maire deLille."Martine Aubry a gagné la consultation des militants. Sur 95% des bulletins, elle obtient 50,5% des suffrages", a affirmé Claude Bartolone, l'un de ses lieutenants. Il a précisé que ce résultat du second tour ne tenait pas compte de la fédération du Nord et de la Guadeloupe. "Il semble maintenant acquis que Martine Aubry est la nouvelle premier secrétairedu PS", a également déclaré à la presse Razzye Hammadi, secrétaire national, au siège du Parti socialiste."Il y a en effet des contestations, mais elles ne changent pas la naturedes résultats", a-t-il ajouté. "NOUS NE NOUS LAISSERONS PAS VOLER LA VICTOIRE."Mais Manuel Valls, proche de l'ancienne candidate présidentielle, a prévenu: "Nous ne nous laisserons pas voler la victoire." Il avait fait état plus tôt dans la soirée d'un scrutin "extrêmement serré, à 50/50"."Tant qu'on n'a pas l'ensemble des résultats, on ne peut rien dire. Ce que nous constatons, c'est que nous progressons partout entre trois et dix points", a souligné le député de l'Essonne à la presse réunie dans un hôtel particulier parisien. Après dix-huit mois sans boussole depuis l'élection de Nicolas Sarkozy et une âpre campagne interne, les militants socialistes étaient appelés aux urnes pour la troisième fois en deux semaines afin de départager Aubry et Royal."Ça manquait, ce suspense", ironisait Manuel Valls alors que se profilait l'impasse dans laquelle le parti se retrouve, incapable de proclamer lavictoire de l'une ou de l'autre. En milieu de nuit, plusieurs dizaines de militants socialistes, partisans des deux candidates, ont bruyamment manifesté devant les grilles du siège du parti.A unequinzaine de royalistes venus dénoncer des "magouilles", unecinquantaine de partisans de la maire de Lille ont répondu "unité". "Lesmilitants ont parlé, on ne peut pas prôner le respect du vote et le contesterensuite", a déclaré un des manifestants pro-Aubry tandis que d'autresscandaient "Tous ensemble socialistes"."C'est malheureux qu'on ne puisse donner un résultat clair ce soir mais c'est le prix à payer pour avoir une démocratie vivante", a dit Sylvette, adhérente depuis 1976 et partisane de Royal. "Le Parti socialiste est aujourd'hui encore plus gravementcoupé en deux, et cela quel que soit le nom de la première secrétaire élue", déplorait dans la journée Michel Sapin. "Il faut se préparer à remettre lePS au travail, à recoller les morceaux brisés, à apaiser les haines",ajoutait l'ancien ministre de l'Economie