Le Parti du Congrès triomphe
Le Parti du Congrès au pouvoir en Inde a triomphalement remporté samedi les élections législatives et formera le prochain gouvernement de coalition dirigé par le Premier ministre sortant Manmohan Singh, au moment où le pays traverse une mauvaise passe.
Les résultats partiels et projections de la Commission électorale pour les 543 sièges de l'Assemblée accordent 260 députés à l'Alliance unie et progressiste (UPA) conduite par le Parti du Congrès (centre-gauche, laïc) contre 160 à l'Alliance nationale et démocratique (NDA) menée par le Parti du peuple indien (Bharatiya Janata Party, BJP, droite hindoue).
A lui seul, le Congrès a raflé 200 sièges, sa meilleure performance depuis 1991. "Le peuple de l'Inde a parlé avec une grande clarté", a exulté le Premier ministre Singh, en compagnie de l'influente présidente du Parti du Congrès, Sonia Gandhi.
"J'attends de tous les partis politiques laïcs qu'ils se rassemblent pour donner à ce pays un gouvernement fort et stable, dans un esprit de camaraderie", a plaidé celui qui sera reconduit comme chef du gouvernement.
Grande fête
La fête battait son plein au siège du parti à New Delhi. Des partisans brandissaient des portraits de M. Singh, 76 ans, et de Mme Gandhi, Italienne d'origine, veuve de l'ex-Premier ministre assassiné Rajiv Gandhi et héritière avec ses enfants Rahul et Priyanka de la dynastie Nehru-Gandhi.
Cette victoire représente "le rejet d'une politique fondée sur les castes et les religions et l'approbation d'une politique propre et honnête incarnée par Manmohan Singh", a commenté Rahul Gandhi, 38 ans et en qui la presse voit un futur dirigeant d'un pays aux deux tiers âgé de moins de 35 ans.
La victoire bien plus nette que prévu du Congrès permet d'envisager un gouvernement de coalition solide aux commandes d'un mastodonte de 1,17 milliard d'âmes -mosaïque d'ethnies, cultures et castes, aux 18 langues officielles- et au paysage politique fragmenté en une myriade de partis régionaux.
Les ex-alliés communistes du Congrès, qui lui avaient retiré leur soutien en juillet 2008 à cause d'un accord avec les Etats-Unis dans le nucléaire civil, "ont essuyé un grave revers", a déploré Prakash Karat, secrétaire général du Parti communiste de l'Inde-Marxiste (PCI-M).
Mauvaise passe.
Le fort mandat octroyé au Congrès est la preuve que "le peuple indien ne voulait rien qui le divise en ces temps d'incertitudes", a analysé le politologue Neerja Choudhury.
De fait, la 10e économie mondiale est frappée par la récession venue d'Occident qui a quasiment divisé par deux en deux ans son taux de croissance (de 9% en moyenne entre 2004 et 2008 à 5,5% prévu en 2009).
L'Inde reste aussi le pays d'inégalités criantes -avec 620 millions d'Indiens vivant avec moins de 1,35 dollar par jour- et la proie de tensions inter-religieuses entre la majorité hindoue (80,5%) et les minorités musulmane (13,5%) et chrétienne (2,3%).
Cette puissance atomique craint également d'être prise "au milieu d'un anneau de feu", entre un Pakistan chaotique, un Sri Lanka en guerre et un Bangladesh ou un Népal fragiles.
Ce pays indépendant depuis 1947 est encore traumatisé par les attentats de Bombay en novembre (174 tués) imputés à un groupe islamiste pakistanais et est fragilisé par ses insurrections maoïstes, islamistes ou régionalistes.
Selon la Constitution, le gouvernement doit être formé d'ici au 2 juin.
(Source AFP)