EMMANUEL MACRON, AMBASSADEUR DES VOLCANS D'AUVERGNE AUPRES DE L'UNESCO

In.Quotidien La Croix - 26 janvier 2018. Le président de la République a expliqué ce 26 janvier qu’il allait défendre la candidature de la Chaîne des Puys à l’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco.

Cette inscription, deux fois renvoyée par l’institution, serait un atout important pour l’attractivité du territoire.

Le Puy-de-Dôme, qui culmine à 1 465 mètres, veut aussi atteindre le sommet de la reconnaissance internationale – l’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité de l’Unesco – à laquelle la Chaîne des Puys concourt depuis plus de dix ans.

Vendredi 26 janvier, Emmanuel Macron a consacré une partie de son déplacement en Auvergne à la défense de cette candidature. « C’est un beau projet (…) que je vais défendre très fortement auprès de l’Unesco », a-t-il indiqué à la presse.

 

« Je crois que ce projet permettra d’attirer davantage de touristes et de construire l’attractivité du territoire et d’acteurs économiques qui se sont organisés autour de lui, a-t-il ajouté. Quand vous avez des groupes internationaux qui sont ici implantés, pouvoir dire à leurs cadres : "Venez vivre à Clermont parce qu’à côté, vous avez un site exceptionnel classé à l’Unesco", c’est un formidable atout ».

 

Une demande deux fois renvoyée

La demande de classement de la Chaîne des Puys, avec ses 80 volcans âgés de 8 400 à 95 000 ans, a été lancée il y a un peu plus de dix ans. Elle doit être réexaminée par le Comité du patrimoine mondial à la fin juin à Bahreïn. Dans le passé, elle a été par deux fois renvoyée.

En 2014, le comité avait demandé un supplément d’information. L’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), mandatée par l’Unesco, avait en effet rendu un rapport défavorable émettant notamment des doutes sur le caractère exceptionnel du paysage. Même scénario en 2016.

« On a bien compris, dans les discussions, les réticences autour du paysage, avait déclaré le géographe Yves Michelin, après la seconde décision de renvoi. Un paysage naturel exceptionnel à l’Unesco doit être le plus sauvage possible et il est très clair que le paysage de la chaîne des Puys est exceptionnel par sa géologie, pas par sa naturalité. »

 

43 sites Français au patrimoine mondial dont 3 sites Naturels

Si elle était retenue, la chaîne auvergnate deviendrait le 44e « bien » français inscrit au patrimoine mondial de l’Humanité (sur 1 073). Ce terme de « bien » est celui qui est employé par l’Unesco, que ce bien soit naturel, culturel ou les deux…

Un bien ne correspond pas forcément à un site géographique unique. C’est par exemple le cas du « jardin persan » qui comprend neuf jardins dans diverses régions d’Iran, ou des fortifications de Vauban : une douzaine de groupes de bâtiments fortifiés et de constructions le long des frontières nord, est et ouest de la France. Il existe même des biens transfrontaliers comme pour les réalisations de l’architecte Le Corbusier…

La dernière inscription française à la prestigieuse liste date de 2017. Il s’agit de Taputapuātea, sur l’île de Ra’iātea, en Polynésie. Au cœur de ce bien caractérisé par deux vallées boisées, un bout de lagon et de récif corallien, et une bande de pleine mer, se trouve le « marae Taputapuātea », un centre politique, cérémoniel et funéraire.

 

Des décisions politiques

« Longtemps, les pays européens, notamment la France et l’Italie, ont été très favorisés pour l’inscription au patrimoine mondial, estime Didier Arino, directeur du cabinet d’études Protourisme. On sent de plus en plus une volonté du Comité de rééquilibrer les choses. Aujourd’hui, la sélection est devenue plus difficile. »

 

Ce spécialiste témoigne du travail réalisé en Auvergne pour mettre en valeur la Chaîne des Puys, notamment en rénovant de « vieilles stations thermales un peu désuètes », en attirant une clientèle plus jeune, plus sportive. « La dynamique d’un territoire peut-être importante dans une telle compétition, dit Didier Arino. Mais les choix du Comité sont aussi des décisions politiques et l’implication d’Emmanuel Macron peut avoir du poids. »

 

 

Un atout formidable

Selon Didier Arino, l’inscription au patrimoine mondial de l’Humanité peut être un atout formidable pour le développement touristique d’un territoire. « Après avoir rejoint la liste (en 2010 NDLR), Albi a vu sa fréquentation doubler en quelques années, dit-il. Pour Bordeaux (2007 NDLR), cela a été un vecteur énorme de développement. En une dizaine d’années, les retombées touristiques sont passées de 450 millions d’euros à 1,2 milliard d’euros ».

Le label de l’Unesco attirerait en effet une clientèle nombreuse, souvent plus cultivée et à plus fort pouvoir d’achat. Plus lointaine aussi. « L’écho de l’Unesco se perçoit jusqu’aux touristes des pays les plus lointains », conclut Didier Arino.

 

Source : La Croix