"Environ 150 membres des forces aériennes équatoriennes ont pris la piste de l'aéroport Mariscal Sucre", a annoncé plus tôt à la radio Luis Galarraga, porte-parole de l'entreprise Quiport, gestionnaire de l'aéroport. "Pour des raisons de sécurité, les opérations (aériennes) doivent être immédiatement suspendues", a-t-il ajouté vers 10 h 30 (17 h 30 heure de Paris). Pendant ce temps, des dizaines de policiers manifestaient dans la principale caserne de la capitale, mais aussi à Guayaquil, la grande ville portuaire du sud-ouest, et à Cuenca, des manifestations qui ont débouché sur des échaufourées et l'emploi de gaz lacrymogènes. Vers 12 h 30 (19 h 30 heure de Paris), des policiers ont également occupé le Congrès, a déclaré à l'AFP la porte-parole de cette institution.
"Je ne ferai pas un seul pas en arrière" (Correa)
Le chef de l'État, qui s'était rendu aux abords de la principale caserne de la capitale pour tenter de calmer les agents, a lui-même essuyé une bombe lacrymogène, tombée à ses pieds, et a dû quitter les lieux, un masque sur le visage, après un discours enflammé où il a annoncé qu'il ne céderait pas. "Je ne ferai pas un seul pas en arrière, si vous voulez prendre les casernes, si vous voulez laisser les citoyens sans défense, si vous voulez trahir votre mission de policiers, faites-le", a lancé Rafael Correa. Il a ensuite visiblement perdu ses nerfs, arrachant presque sa cravate en criant aux policiers : "Si vous voulez détruire la patrie, allez-y. Mais ce président ne cédera pas". "La troupe unie ne sera jamais vaincue", criaient pour leur part les policiers en appelant les militaires à se joindre au mouvement.
Une loi approuvée par l'assemblée supprime certaines primes d'ancienneté pour les membres des forces de l'ordre. La loi de "service public" a également entraîné une crise entre l'exécutif et le Parlement, la majorité ayant refusé d'adopter certains articles du projet réduisant les émoluments des fonctionnaires de l'État. Mercredi soir, la ministre de la Politique (relations avec le Parlement ndlr), Doris Solis, avait affirmé que Rafael Correa envisageait de dissoudre l'Assemblée, à l'issue d'une réunion avec ce dernier. Le commandant des forces armées équatoriennes, Ernesto Gonzalez, a pour sa part annoncé qu'il soutenait le gouvernement de Rafael Correa. "Nous sommes dans un État de droit, nous sommes subordonnés à la plus haute autorité incarnée par Monsieur le président de la République", a déclaré le général lors d'une conférence de presse retransmise par les médias locaux à Cuenca (sud de l'Équateur).
Un pays instable
Rafael Correa, 47 ans, au pouvoir depuis janvier 2007, a été réélu lors d'élections découlant de l'adoption d'une nouvelle constitution, organisées en avril 2009. Son mandat s'achève en 2013. Selon un sondage Cedatos-Gallup publié à la mi-septembre, 53 % des Équatoriens approuvent sa gestion. Il affronte toutefois depuis quelques semaines la fronde de divers secteurs, notamment les enseignants et les chauffeurs. L'opposition en outre cherche pour sa part à promouvoir un référendum en vue de sa révocation. L'Équateur, 14 millions d'habitants, est un pays notoirement instable, où les trois prédécesseurs de Rafael Correa ont été renversés ou destitués par le Parlement.
À Washington, l'Organisation des États américains (OEA) a décidé de convoquer une session extraordinaire de son conseil permanent consacrée à la situation en Équateur jeudi à 14 h 30 heure locale (20 h 30 heure de Paris). Les États-Unis suivent "de près" la situation en Équateur, a indiqué le département d'État. Madrid a condamné une "tentative de coup d'État" et affirmé son soutien à Rafael Correa.