Clash au groupe GDR
Les députés EELV ont claqué la porte du groupe parlementaire qu'ils forment depuis 2007 avec les députés du PCF et deux députés d'Outre-Mer, Huguette Bello (Reunion) et Alfred Marie-Jeanne (Martinique).
C'est le nouveau psychodrame de la journée à gauche, où un nouveau front s'est ouvert. Avec, cette fois, dans la distribution, des communistes dans le rôle des «méchants» et des écolos dans celui des «victimes». Ambiance cour de récréation garantie. Le tout avec pour décor les respectables murs du Palais Bourbon.
Mardi matin, le numéro 2 d'Europe Écologie-Les Verts (EELV), le sénateur Jean-Vincent Placé, avait pourtant appelé à l'apaisement, en lançant sur Europe 1 un «halte au feu à gauche», après le nouveau coup de chaud de la veille entre socialistes et écologistes. Auquel lui-même n'était pourtant pas totalement étranger…
Synopsis du feuilleton du jour. En début de journée, dans un communiqué signé à l'unanimité des quatre députés EELV, les écolos annoncent qu'ils claquent la porte du «groupe technique» qu'ils forment depuis 2007 avec les députés communistes. À l'époque, le seuil nécessaire pour former un groupe était de vingt élus. Les écolos n'étant que quatre et les communistes moins de vingt, ils ont alors décidé de s'unir pour former «La Gauche démocrate et républicaine» (GDR), en emmenant avec eux deux élus d'outre-mer. Ils convinrent d'adopter une présidence tournante entre communistes et Verts…
Depuis, le seuil pour former un groupe a été abaissé à quinze. Les députés PCF n'ont plus besoin de leurs collègues Verts. Or les amis de Jean-Luc Mélenchon, le candidat du Front de gauche, ont assez peu goûté l'accord de législature signé entre la première secrétaire du PS, Martine Aubry, et la secrétaire nationale d'EELV, Cécile Duflot.
Alors, mardi matin, les communistes ont décidé de montrer des muscles là où ils le peuvent encore. C'est-à-dire au sein du groupe GDR, dont ils ont décidé de reprendre la présidence à leurs «amis» écolos. Les Verts ont aussitôt dénoncé un «diktat» et annoncé qu'ils siégeraient désormais parmi les non-inscrits. François de Rugy, député EELV de Loire-Atlantique, qui devait remplacer la semaine prochaine à la présidence du groupe son collègue parisien Yves Cochet, désigné pour aller siéger au Parlement européen, y voit un «prétexte» qui sent bon «les vieux réflexes des Mélenchon et autres communistes fort peu attachés au pluralisme».
Pour Rugy, «cette attitude montre bien que le Front de gauche est dans une phase identitaire». «Ils veulent nous couper la chique pour tenter d'exister», dit-il. À la vérité, dans le rôle de «victimes», les Verts ne sont peut-être pas non plus tout blancs. Dans l'accord passé avec le PS, ils se sont réservé, pour Stéphane Gatignon, un transfuge du PCF passé à EELV à la faveur des régionales de 2010, une circonscription de Seine-Saint-Denis occupée par le communiste François Asensi depuis 1981.
Dans un courrier adressé à Martine Aubry et François Hollande, Roland Muzeau, qui devrait prendre la tête du groupe GDR, juge ainsi «profondément choquant que des accords PS et EELV soient envisagés contre des députés communistes sortants».
SOURCE : LeFigaro