La candidate écologiste se dit outrée et scandalisée par l'intervention d'Areva dans les discussions avec le P.S.
La candidate écologiste, qui assure dans Le Monde se maintenir dans la course présidentielle, accuse les socialistes d'être les «marionnettes» de la filière nucléaire.
Après une dizaine de jours de recul, Eva Joly est sortie de son silence. Dans un entretien au Monde daté de mercredi, la candidate écologiste se dit «plus décidée que jamais» à porter les couleurs d'Europe Écologie Les Verts à la présidentielle, estimant, que les «amis de François Hollande» sont «archaïques face à la modernité de notre projet». Interrogée sur l'accord conclu dans la douleur avec le PS pour 2012, l'eurodéputée affirme que «cet accord ne (la) fait pas rêver» avec des désaccords actés sur «l'EPR, la sortie du nucléaire, (l'aéroport) Notre-Dame-des-Landes, la réduction des déficits». «Les négociateurs écologistes ont fait de leur mieux. Mais la vérité, c'est que les amis de François Hollande se sont révélés archaïques face à la modernité de notre projet», juge-t-elle.
Comme on lui fait remarquer que le candidat PS est intervenu, contrairement à elle dans les négociations, elle répond: «Libre à lui», mais «je ne suis pas sûre qu'il ait gagné à se mêler de tambouille politicienne».
L'ex-juge d'instruction, qui a «passé (s)a vie à lutter contre l'influence des lobbies, quels qu'ils soient», se dit également «outrée, scandalisée, de l'intervention d'Areva dans les discussions avec le PS». «Ainsi, donc, une entreprise puissante obtenait en l'espace de quelques heures ce qu'elle voulait, c'est-à-dire le retrait, dans un texte politique, d'une disposition qui la gênait?» Le paragraphe sur la «reconversion» de la filière MOX, un combustible nucléaire controversé, avait en effet été retiré in extremis par les socialistes mardi dernier après des avertissements lancés par le groupe industriel. Areva avait notamment contacté Bernard Cazneuve, député-maire de Cherbourg et proche de François Hollande. Pour Eva Joly, «il pèse désormais sur les socialistes le soupçon d'être du bois dont on fait les marionnettes».
«L'austérité n'est pas une fatalité»
Aussi, Eva Joly se dit «plus décidée que jamais à porter le mandat» reçu lors de la primaire écologiste face à Nicolas Hulot. «Je veux réussir le rendez-vous entre la France et l'écologie», souligne la candidate. Elle explique n'être «pas rentrée en politique pour accepter les moeurs de ce petit monde, mais pour les changer». «Moi, je défends une politique de civilisation», souligne la candidate de la sortie du nucléaire, qui croit pouvoir «gagner cette bataille dans les urnes».
Eva Joly compte aussi «parler des valeurs, du rétablissement dans notre pays d'une 'République exemplaire'», «de la question sociale et de la crise» car «l'austérité n'est pas une fatalité» et «sans justice sociale, la violence gagnera ce pays». Mais, assure-t-elle, «je sais où sont mes adversaires : «J'aurai sur (Nicolas Sarkozy) et son clan bien des choses à dire durant toute la campagne. Je ne me tairai pas, car je ne suis pas une femme sous influence.»
Dans les sondages, François Hollande est crédité à environ 30% des voix au premier tour, Eva Joly autour de 6%.
SOURCE : LeFigaro