Ce Singapourien aurait truqué entre 80 et 100 matches de football
Condamné à plusieurs reprises pour avoir arrangé des matches, Wilson Raj Perumal a raconté sur CNN avoir corrompu des matches d'éliminatoires de la Coupe du monde et des Jeux olympiques.
Il est possible ces dernières années que vous ayez regardé un match de football truqué par ses soins. «Je n'ai jamais vraiment compté, mais je pense que ce doit être entre 80 et 100 matches de football». Le nom de Wilson Raj Perumal ne vous évoque sûrement pas grand-chose mais il est le plus célèbre truqueur de rencontres de football dans le monde. Et sur CNN , lors de sa première interview à la télévision, il a fait des révélations saisissantes.
Si ce Singapourien de 49 ans a d'abord commencé par arranger son championnat local pour se faire la main, il est rapidement passé à des enjeux bien plus importants pour engranger des millions. D'abord en intégrant à la fin des années 80 ce qu'Interpol appelle le «plus grand syndicat de matches truqués».
Des JO aux éliminatoires de Coupe du monde en passant par la CAN
Puis il s'est introduit dans le football international en 1997 avec un amical entre le Zimbabwe et la Bosnie qu'il voulait voir se conclure par une défaite 4-0 des Africains. Il avait alors promis à six Zimbabwéens de se partager 100.000$. Mais le score final fut de 2-2. «Pendant le match, un joueur a accidentellement envoyé le ballon au fond des filets». Cela ne l'empêchera cependant pas de corrompre à nouveau des arbitres et des joueurs du Zimbabwe entre 2007 et 2009, une affaire qui conduira la Fifa à prononcer des suspensions à vie.
Mais Wilson Raj Perumal, qui ne sévit plus aujourd'hui, semble avoir commis de plus gros larcins avec un taux de réussite de 70 à 80%. Il revendique notamment avoir arrangé des matches aux Jeux olympiques, aux éliminatoires de la Coupe du monde, à la Gold Cup, à la Coupe d'Afrique des Nations et aussi à la Coupe du monde féminine. Son nom avait aussi circulé lors du Mondial 2014 au Brésil, même s'il a nié toute implication depuis.
«J'étais parfois sur le banc de touche en train de dire aux joueurs ce qu'il fallait faire ou donner des consignes au coach»
Wilson Maj Perumal
Parfois, lui qui a commencé à truquer des matches à 19 ans parce qu'il était «accro» aux paris et «ne voulait pas perdre» se trouvait carrément sur le banc de touche «en train de dire aux joueurs ce qu'il fallait faire ou donner des consignes au coach». Il explique également comment l'apparition d'Internet a joué un rôle déterminant dans le développement de ses affaires.
«Nous pouvions voir les matches du monde entier. J'ai eu l'occasion de cibler les pays vulnérables, ceux où les gens sont enclins à accepter des pots de vin. Alors j'ai créé une entreprise et j'ai commencé à contacter par mail les associations et créer des relations», raconte-t-il. C'était d'autant plus facile que certaines fédérations «vous accueillent à bras ouverts».
Terry Steans, un enquêteur de la Fifa confirme: «Il a des contacts téléphoniques dans 38 pays et 50 sur son ordinateur portable. La Fifa a 209 associations membres. Donc nous parlons d'un quart des fédérations».
«La Fifa fait beaucoup de choses pour lutter contre le racisme mais je pense que le trucage de matches est un plus gros problème»
Wilson Maj Perumal
Malgré tout, les activités de Wilson Raj Perumal ont parfois été découvertes par la justice. Après avoir écopé d'au moins 38 mois de prison entre 1995 et 2001, il a été arrêté et condamné à deux ans de réclusion pour avoir agi dans le championnat de Finlande. Au bout d'un an, il a été extradé en Hongrie pour coopérer avec la police qui enquête dans les Balkans. «Je n'ai aucun regret. C'est une période de ma vie que j'ai apprécié et j'ai voyagé à travers le monde. J'ai passé du bon temps», dit-il.
Pour l'ensemble de ses crimes, Wilson Raj Perumal dit avoir engrangé 5 millions de dollars. Une somme qui s'est évaporée au casino. Désormais, il aide les autorités à lutter contre ce fléau du football même s'il estime que la Fifa n'en fait pas assez: «La Fifa fait beaucoup de choses pour lutter contre le racisme mais je pense que le trucage de matches est un plus gros problème». En tout cas, le constat est sans appel pour lui: «Le football n'est plus un sport. C'est un business désormais. Les gens veulent gagner et ils feront tout pour obtenir un résultat».
SOURCE : Sport24