Des candidats FN apparemment boostés par la popularité de Marine Le Pen avec un score national entre 15 et 17%, et une abstention, sans surprise «premier parti de France»: voici, selon les premières estimations et échos recueillis dans les états-majors des partis, les enseignements de ce scrutin, certes largement boudé, mais qui constitue une dernière occasion de mesurer le rapport de forces avant la présidentielle de 2012.
«Le FN souvent au second tour, même en tête»
Le Front national semble, lui, avoir profité à plein de cette démobilisation selon des estimations le donnant autour de 16-17% - sur la base des premiers bureaux de vote dépouillés, le ministère de l'Intérieur transmet un score de 14,22%. Tandis que début mars, deux premiers sondages Harris interactive plaçaient Marine Le Pen en tête d’un premier tour de la présidentielle, quelque soit le candidat de gauche, l’élection de dimanche confirmerait donc cette percée, avec des candidats frontistes arrivant devant la droite dans certains cantons. «Le FN est souvent au second tour, même en tête», plastronnait dès 20 heures, Jean-Marie Le Pen, joint par l’AFP. Se réjouissant d’une «forte poussée» de son parti doublée d’un «recul assez lourd de l’UMP», la présidente du FN appelle à «renforcer la vague bleue Marine» au second tour.
Combien de cantons placeront ce soir un candidat FN en finale ? Difficile à dire, car malgré une poussée à prévoir notamment dans des cantons rurbains, le mode de scrutin, uninominal à deux tours, et surtout favorable aux notables locaux, désavantage traditionnellement le Front national qui ne compte à ce jour aucun conseiller général. Et parce que le seuil de qualification, relevé de 10 à 12,5% des inscrits pour limiter les triangulaires, compromet ses chances d’atteindre le second tour.
Le secrétaire général du parti, Jean-François Copé, a donné dimanche soir la consigne de laisser les électeurs du parti majoritaire «libre de leur choix» en cas de duel «gauche/extrême droite» au second tour. Si le parti présidentiel a déjà exclu toute alliance avec le FN, sous peine d’exclusion immédiate, il confirme donc que le «front républicain» n'est pas à l'ordre du jour.
«Pas d’enseignement national vu l’abstention»
L’UMP, qui redoutait une déculottée, voudra s’afficher prudente sur les conclusions à tirer d’un élection dominée à ce point par l’abstention. Copé dirait même plus: «Vu l’abstention, on ne pourra pas tirer d’enseignement national de ce scrutin.» A scrutin local, enjeu local, fait valoir la droite, tandis que sur le terrain, nombre de candidats rivalisaient d’imagination pour masquer leur étiquette. Las. L’UMP n’évite pas le vote-sanction à 15,75%. D’autres candidats DVD obtiendraient 11%. Additionnant ces deux chiffres, le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, dans une pirouette, affirme: «On constate une bonne tenue de la majorité présidentielle avec 32,5% des suffrages estimés.»
Sans triompher dans ce contexte trés particulier, le bloc de gauche , passé majoritaire aux cantonales de 2008 à la tête de 58 départements sur 100, grignote encore des voix: le PS recueille 24,88% des voix d'après les résultats provisoires du ministère. Selon d'autres estimations, le Front de gauche et Europe Ecologie-Les Verts tourneraient chacun autour de 8-10%.
Martine Aubry a appelé sur TF1 «tous les Français» à «amplifier leur vote». La première secrétaire du PS avait rendez-vous dès ce soir avec Cécile Duflot, secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts, et Pierre Laurent, numéro un du PCF, pour décider de la suite des opérations.
SOURCE : Libération.fr