Assemblée Nationale : 3 nouveaux sièges pour l'Outre-Mer
La France hexagonale devrait perdre 14 sièges de députés, au profit de l'outre-mer et surtout des Français de l'étranger.
Les expatriés, jusqu'alors absents de l'Assemblée nationale, seront représentés par 11 élus. Explications.
Les Français de l'étranger
C est le plus grand changement qu apportera ce redécoupage électoral. Jusqu ici, les expatriés n élisaient que des sénateurs .Aux prochaines législatives, ils désigneront également des députés. Selon les premières suppositions, 11 élus devraient représenter les Français de l'étranger. De vastes circonscriptions (Afrique, Europe occidentale, AsieOcéanie, Amériques, Europe de l Est/Proche-Orient,...) seraient créées.
L'outre-mer
Sur lesquatorze sièges perdus par les différents départements de métropole, unepoignée sera attribuée aux collectivités d outre-mer
La Réunion pourrait en gagner deux, Mayotte et la Polynésie française un. Saint-Martin et Saint-Barthélémy pourrait également pour la première fois être représentés dans l hémicycle.
Armé de grands ciseaux, Alain Marleix, secrétaire d'Etat aux collectivités locales, cherche à établir la nouvelle carte électorale. Les premières annonces ont provoqué un tollé à gauche. L'opposition dénonce lamenace faite, selon elle, à l'équilibre droite-gauche. Eclipsée du débat, l'une des mesures phares de la réforme prévoit l'attribution de 11 postes de députés pour les Français de l'étranger, population estimée à de plus de 2 millions de personnes, parmi lesquels 820 000 personnes sont inscrites sur les listes électorales.
Jusqu'à présent, aucun député ne les représentait. Depuis 1982, 12 sénateurs, élus au suffrage universel indirect par le collège électoral de l'Assemblée des Français de l'étranger, s'en charge. L'AFE formule depuis de nombreuses années le souhait d'être représenté dans les deux chambres du parlement. Ce sera bientôt chose faite.
Quatre zones à travers le monde
En 2012, lors des prochaines élections législatives, les Français del'étranger, regroupés dans des circonscriptions transnationales, éliront au scrutin uninominal à deux tours leurs représentants à l'Assemblée nationale.
Dans le détail, cela devrait donner cinq élus pour l'Europe occidentale, dont un spécifiquement pour la Suisse, deux pour l'Amérique, idem pour l'Afrique et enfin un député pour l'Europe de l'Est et le Proche-Orient. "Ils seront les interlocuteurs des français répartis dans 25 pays". Ces zones géographiques sont les mêmes que celles utilisées par l'AFE pour élire ses conseillers, aujourd'hui au nombre de 153.
A Matignon, on explique que cette "répartition du nombre de députés s'est faite comme pour la France à partir du dernier recensement".
Avec cette réforme, l'AFE risque de voir son rôle modifié. Claudine Schmid, vice-présidente de l'AFE, installée en Suisse estime qu' "il est encore trop tôt pour en évaluer l'impact" mais rappelle que "les sénateurs ne feront pas doublon avec l'Assemblée". "Il faudra qu'on travaille avec eux, ils font partie des nôtres", souligne-t-elle. "Mais leurs rôles ne sont pas encore déterminés au sein de l'AFE."
Des sièges très convoités
Ces postes de députés répondent à une demande récurrente des expatriés, relayée par les conseillers de l'AFE et les sénateurs. Promesse électorale de Nicolas Sarkozy durant la campagne présidentielle, cette questionavait déjà fait l'objet d'une proposition de loi en 2005 du sénateur socialiste RichardYung. "A l'époque notre proposition était tombée dans un silence poli et s'était heurtée à une majorité hostile au Sénat", se souvient l'élu. "Le Sénat craignait de perdre son rôle spécifique, son'monopole' sur les Français de l'étranger" poursuit-il.
Lors des élections présidentielles en 2007, les Français de l'étranger ont majoritairement voté pour Nicolas Sarkozy ( 54%), le plébiscitant dans certains pays comme en Israël (90%) ou en Suisse (63,7%). Cesrésultats laissent penser que, si la tendance est la même lors des législatives, la droite verra le nombre de ses sièges augmenté.
Une crainte que ne partage pas Richard Yung: "Il y a un certain nombre d'endroits où nous étions majoritaires, notamment en Afrique du Nord et en Europe Occidentale", rappelle-t-il. "D'autre part le mode de scrutin choisi va mettre en avant la personnalité des candidats, plutôt que leur parti", ajoute-t-il.
Des candidats qui seraient nombreux à guetter 2012, "tout le monde y pense, même des sénateurs !", s'exclame Richard Yung. Onze confortables fauteuils, objets de toutes les convoitises.