Vous avez beaucoup fait parler de vous ces dernières semaines. Y avait-il une stratégie politique ou étaient-ce des décisions qui sont liées à l'émotion ?
Il n'y a aucune stratégie politique. J'ai estimé que je ne devais pas soutenir la tête de liste que l'UMP nationale avait décidé d'imposer à toutes les fédérations. J'ai trouvé que ça avait été décidé de manière anti-démocratique. Claudy Movrel, qui avait été désignée en 2004, aurait fait une excellente candidate si on voulait vraiment une Guadeloupéenne. Mais certains veulent capter le pouvoir. Alors naturellement, lors du comité départemental qui s'est réuni au centre Robert-Loyson, j'avais dit qu'il fallait peut-être laisser les adhérents se positionner sans que l'UMP Guadeloupe ne prenne position. Mais je suis également une élue municipale et la commune profite à fond des subventions européennes. J'ai décidé de prendre position à ce titre. Le seul candidat qui a écrit au conseil municipal très tôt, en mars 2009, c'est Harry Durimel. Donc quand il est venu en conseil, nous nous sommes dits, avec les collègues, qu'on pourrait voter pour lui. M. Tirolien, qui savait que je ne soutenais pas Mme Penchard, m'avait également appelée, mais ce même soir, il allait au Gosier. M. Brédent m'a également contactée, mais il était trop tard.
Le choix d'Harry Durimel ne serait qu'une question de chronologie alors ? C'était tout sauf Penchard ?
Durimel était le seul Guadeloupéen tête de liste. Il est devenu conseiller municipal. C'est un homme qui s'est déjà engagé très fortement dans l'action politique pour la Guadeloupe. Avant, il était beaucoup plus virulent, mais je pense qu'il a beaucoup changé. J'ai pris une décision qui peut paraître bizarre, mais je ne pense pas qu'on peut me faire faire n'importe quoi. Il est Vert, mais je ne regardais même pas l'étiquette. C'est un homme d'engagement, c'est tout.
Votre démission de la présidence de la fédération était-elle une sortie par la grande porte alors que Mme Penchard avait annoncé des sanctions contre vous ? Une façon de partir avant qu'on ne vous le demande ?
Mme Penchard a dit que dans les 48 heures suivant ce que je considère être une défaite aux Européennes, elle serait chez le président de la République et que mon cas serait réglé. Entretemps, j'ai écrit au secrétaire national (Xavier Bertrand, NDLR) dès le 11 juin et j'ai démissionné de la présidence de la fédération parce que j'estimais qu'il y avait un manque de respect vis-à-vis de la fédération. C'était avant que Mme Penchard ne soit nommée secrétaire d'État. Jusqu'à ce jour, je n'ai pas eu de réponse. Quand on m'a demandé d'être présidente, j'ai fini par accepter croyant qu'on aurait pu faire une unité et travailler autrement. Mais depuis la création, nous avons eu beaucoup de coups bas. Le premier secrétaire départemental a été élu sous la protection des vigiles. D'ailleurs, je rappelle que je n'avais pas eu de réponse non plus quand j'avais demandé au secrétaire national de me donner son accord pour nommer M. Molinié au poste de secrétaire départemental. J'ai estimé qu'il n'y avait pas de respect vis-à-vis de la fédération ni même pour Molinié. On ne l'a nommé secrétaire départemental, lors de la visite de Mme Penchard, que quand il a menacé de démissionner du mouvement. C'est là qu'elle l'a nommé dans les 48 heures.
Vous quittez la présidence, mais quittez-vous également l'UMP ?
Oui, je quitte le mouvement UMP. Là, trop c'est trop. Les choses ne sont pas claires. En politique, quand on parle de rupture, il faut vraiment arrêter les crocs-en-jambe.
Avez-vous l'intention de créer votre propre parti ? Quelle va être la suite ?
Je n'ai pas l'intention de créer un parti mais on ne sait jamais. Logiquement, je ne vais pas abandonner la politique comme cela. Je suis à l'écoute. J'ai demandé une entrevue avec Jean-François Copé, président du groupe parlementaire UMP. J'ai été élue dans une majorité. Je ne suis plus UMP, je peux être député apparenté. Je pourrais être non-inscrit. Mais il faudrait que je regarde les inconvénients. Et je sais que différents groupes sont en train de se chercher même dans la majorité. Alors...
Et localement ?
« Personne ne peut m'empêcher de travailler avec d'autres collègues. Souvent, en Guadeloupe, on s'oppose pour des petites choses, au mépris de l'intérêt commun. Quand j'étais dans Objectif Guadeloupe, on n'aimait pas que je m'adresse à certains élus parce qu'ils étaient de gauche. Je suis une femme libre et je suis une femme de dialogue. D'ailleurs, dans mon conseil municipal, celui qui était mon adversaire depuis de longues années est maintenant dans ma majorité de travail.
Au niveau local, j'ai entendu dire qu'il y avait également des tensions. Mercredi, vous étiez invitée à l'émission Tout est politique qui devait être diffusée sur sept radios dont Gayak FM à 12h30. Pourtant, rien. Que s'est-il passé ?
J'avais accepté. Mais hier (mercredi, N.D.L.R.), il y a eu un débrayage dans ma commune aux services techniques. Quand il y a des petites difficultés, je préfère les régler. Je suis passionnée, et j'estime que pour les difficultés rencontrées à cause de bennes qu'on n'arrive pas à nettoyer, le personnel aurait pu venir me rencontrer tout de suite pour régler ce problème. J'ai préféré gérer ma commune.
Ce caractère très passionné a des avantages comme des inconvénients... Y-a-t-il une volonté de reprendre votre image en main suite à votre démission ?
Ceux qui n'ont pas compris ma décision, libre à eux. J'estime que c'était la meilleure. On peut me critiquer mais ils finiront par comprendre que j'avais raison parce que je ne peux plus admettre qu'on tue certains amis pour toujours paraître. Quand on est élu, on doit aider les autres et savoir passer le flambeau. On n'est pas là pour se servir et capter le pouvoir.
Mme Penchard a été vivement prise à partiE par Noël Mamère aux questions au gouvernement mardi ? Comment avez-vous jugé sa première prestation ?
J'ai été déçue. Je croyais que c'était une dame calme. Et j'ai retrouvé un petit peu sa mère. Je précise que je ne la connais pas. Il n'y a rien de personnel entre nous. Le lendemain (mercredi, NDLR), elle a eu droit au rattrapage. On a sans doute dû imposer au collègue Almont de lui poser une question. Là, elle était beaucoup plus calme.
Pour les régionales, avez-vous des ambitions ?
Je n'ai actuellement aucune ambition.
Même pas en vous regardant le matin dans le miroir ?
C'est la belle-mère de Blanche-Neige qui demandait à son miroir si elle était belle...
Le président pensait aux élections présidentielles le matin en se rasant.
« Moi, je n'ai jamais voulu être maire du Moule. Étant une femme, je me voyais bien maire-adjoint. Il n'y avait pas beaucoup de femmes en politique à l'époque. L'avenir seul le dira. »
Au regard de votre bilan au Moule, pensez-vous avoir l'aura nécessaire pour conquérir un électorat plus large ? Qu'est-ce qu'il vous reste à offrir à la Guadeloupe ?
Je suis maire depuis 1989. J'ai été réélue avec plus de 77% des voix en 2008. Je ne sais pas ce que je peux offrir au niveau régional, mais il y aura un choix à faire. Mon rôle sera d'informer ma population, les gens de ma circonscription pour qu'on fasse le meilleur choix possible. On ne m'a pas demandé de me positionner, mais on a voulu m'utiliser juste avant les Européennes, depuis le mois d'octobre, en m'envoyant des messages : « Ma fille aux Européennes, et toi tête de liste aux régionales » . Et celle qui a envoyé le message se voyait bien quatrième sur la liste de Mme Carabin. Pour toute réponse, j'ai écrit : « cela ne m'intéresse pas. » Pour l'instant, je me concentre beaucoup plus à fédérer le Nord-Est Grande-Terre. J'ai rencontré les élus de Saint-Francois et de Désirade à l'initiative de Laurent Bernier d'ailleurs. Personnellement, j'ai rencontré les élus de Port-Louis et d'Anse-Bertrand. Il y a des projets où nous pouvons nous mettre ensemble dans une idée d'intercommunalité. Je ne sais pas ce que ça peut donner. Il faut prendre le temps, ne surtout pas l'imposer, mais j'ai vraiment commencé cette démarche.
in France-Antilles, 4 juillet 2009