GUADELOUPE : MOBILISATION CONTRE L'ARRÊTE DU PREFET ET L'EPANDAGE AERIEN

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Réagissons tous ensemble contre l'épandage aérien
par Jacky DAHOMAY
 
Ainsi donc, le Préfet vient de prolonger pour six mois l’autorisation de l’épandage aérien en Guadeloupe. Les principaux arguments  avancés sont « Le traitement des bananeraies pour la lutte contre les cercosporioses  ne peut pas être arrêté brutalement » et que « le recours au traitement antifongique par voie exclusivement terrestre ne peut se réaliser aujourd’hui ».


 

Malgré la réaction de protestation des citoyens et de nombreux avis défavorables y compris celui du Parc national lequel insiste sur la dangerosité des produits répandus pour la faune guadeloupéenne, le  représentant de l’Etat se range comme à l’accoutumée du côté des planteurs. Certes, certains de ces  produits utilisés sont   encore à  l’étude concernant leur capacité de nuisance quant à la santé des citoyens mais il nous semble indispensable, surtout après l’épisode tragique du chlordécone, de faire jouer le principe de précaution exigé par de nombreux citoyens et associations. Cela suscite de notre part deux grands points de réflexion.

 

-Premièrement, nous sommes renvoyés au fait nu et brutal que depuis l’expansion de ce  qu’on appelle le capitalisme mondialisé, une logique économique systémique et puissante gouverne le monde. Même les Etats y sont assujettis  et les luttes sociales et politiques traditionnelles peinent à contrecarrer le mouvement. C’est pour cela que des formes inédites de protestation, comme celle des Indignés, timidement encore, voient le jour. Les Etats sont affaiblis et les représentants parlementaires classiques éprouvent actuellement leurs limites. Ainsi, il a suffi de la pression exercée sur le nouveau gouvernement par la compagnie pétrolière Shell pour qu’une ministre de l’environnement soit remplacée peu de  temps après sa nomination. Mais la puissance du système économique capitaliste mondialisé tient surtout à l’hégémonie idéologique qu’il exerce sur les citoyens grâce à ses puissants canaux médiatiques. Elle consiste à contrecarrer, surtout chez les jeunes,  la formation d’une subjectivité authentique.  Les citoyens sont atomisés, sérialisés, en individus mais un individu n’est pas forcément un sujet capable de se projeter dans le futur. Cette dé-subjectivation des individus en font de parfaits consommateurs acceptant la  domination  comme une logique des choses contre laquelle on n’y peut rien.

 

-Cela nous amène à notre deuxième point de réflexion :

Comment expliquer , malgré les tentatives plurielles dont celles du LKP, de Basse-Terre environnement et bien d’autres pour annuler la dérogation accordée aux planteurs concernant cet épandage aérien, l’étrange léthargie du peuple  guadeloupéen à ce sujet ? Sans doute les Guadeloupéens sont-ils, eux aussi, victimes de la domination hégémonique du capitalisme mondialisé où la  rationalité purement instrumentale qui domine le système dominant mondial a eu tendance à  affaiblir d’autres formes de rationalité comme la rationalité morale et politique. C’est l’homme  lui-même  qui est asservi à cette logique dominante donc c’est l’humain qui tragiquement  risque de s’en aller au gouffre. Mais  y aurait-il une explication plus  spécifique pour notre pays ? L’héritage esclavagiste et colonialiste aurait-il produit un rapport au corps, à la mort, au territoire donc fondamentalement au collectif lui-même qui nous empêcherait de fonder un sujet collectif maître de sa destinée ? La question reste posée. Ce qui est sûr, c’est que si les Guadeloupéens ne se mobilisent pas à propos de ce qui concerne leur santé, leur territoire, l’intérêt général et surtout l’avenir de leurs enfants, tout autre projet fondamental aura du mal à voir le  jour.

 

Le plus  déroutant est l'étonnant silence de la  classe politique  guadeloupéenne, chargée pourtant de représenter l'intérêt des citoyens. Comment expliquer leur  silence sur des questions aussi essentielles ? Nous avons envoyé au Ministre des DOM, Victorin Lurel une lettre à ce sujet et nous attendons impatiemment sa réponse.

 

Certes, nous ne nions pas  les intérêts économiques en particulier ceux de l’économie bananière et plus largement ceux de la Guadeloupe toute entière. Mais est-ce aux seuls  planteurs de dicter leurs lois, comme ils  l’ont  toujours fait dans l’histoire de nos îles ? N’y a-t-il  pas d’autres solutions, plus compliquées sans doute pour les  planteurs de banane mais plus économique pour notre santé ? Quel  est l’intérêt supérieur qui doit prévaloir en ce domaine ?

 

Pour tout cela,  parce que nous pensons que seul le regroupement de  nos forces peut avoir une pertinence en ce  moment, nous invitions les syndicats,  les associations de l’environnement, de la santé et tous les citoyens qui se sentent concernés à une réunion de concertation  le jeudi19 juillet à 19 heures à la Casa del tango, 651 rue Alfred  Lumière à Jarry

 

Jacky DAHOMAY