Le parti "Inité" en force au Parlement
Le nouveau président haïtien va devoir composer avec une Chambre dominée par les partisans de son prédécesseur.
47 députés et 17 sénateurs, le parti "Inité" de l'ancien Président René Préval sort grand vainqueur des élections législatives. Une victoire qui fait d'eux une force incontournable dans la phase de reconstruction qui attend Haïti.
Coïncidence peut-être révélatrice : le président élu d'Haïti n'était pas à Port-au-Prince lors de l'annonce définitive de sa victoire. Invité par la Maison-Blanche, Michel Martelly posait pour les photographes avec le président Obama, la secrétaire d'État, Hillary Clinton, et les directeurs de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international à Washington.
Si le nouveau président risque d'être perçu par ces concitoyens comme en proie à ce qu'ils appellent «l'ingérence étrangère», celui-ci a, sans doute, bien déterminé ses priorités. Car il aura besoin du soutien de l'international pour obtenir le déboursement des quelque 8 milliards de dollars encore promis à la reconstruction d'Haïti et contrôlés par la Commission intérimaire pour la reconstruction d'Haïti (CIRH). Son gouvernement en dépend pour réaliser ses projets de campagne, de la reconstruction à la scolarisation des enfants, en passant par la relance de l'agriculture.
Selon le coprésident de la CIRH, le voyage de Martelly était essentiel. «Ils avaient une certaine méfiance liée à l'inconnu, mais je crois qu'il a beaucoup étonné et il est en train de rassurer», indique Jean-Max Bellerive. Premier ministre sortant, celui-ci pourrait être reconduit par Michel Martelly. Ce serait faire une pierre deux coups pour l'ancien chanteur, car Bellerive a la confiance des milieux internationaux et la sympathie d'Inité, le parti actuellement au pouvoir, qui a gagné le plus de sièges au Parlement.
Bellerive ne nie pas la rumeur. «Je suis au centre de beaucoup de choses qui ont à voir avec la coordination des bailleurs de fonds, avec un plan d'investissement public, et il se trouve que j'ai de très bonnes relations avec Inité et ses alliés, ainsi qu'avec Martelly qui est un parent», explique-t-il. «Cependant, Michel Martelly a beaucoup parlé d'un changement de système et d'échec du gouvernement passé. Il s'agit de définir de quel échec il parle pour envisager une cohabitation Martelly-Bellerive.»
Pour Martelly, le choix de son premier ministre déterminera l'efficacité d'application de son programme de relance du pays. «Il doit chercher quelqu'un qui fasse l'unanimité au Parlement et qui corresponde à sa conception de rupture», indique l'ancien candidat à la présidence, Leslie Voltaire.
Alliance de court terme
Avec déjà 47 députés et 17 sénateurs au Parlement, ainsi que la sympathie de plusieurs députés de droite, Inité pourrait dans les semaines à venir former un bloc majoritaire, ce qui mettrait des bâtons dans les roues du nouveau gouvernement. Mais l'équipe Martelly reste confiante. «Je ne dirais pas que le Parlement est hostile», soutient son conseiller de campagne et ancien ministre, Daniel Supplice. «Les négociations ont déjà été entamées avec certains membres influents du Parlement et l'on pense assez vite pouvoir former un gouvernement.»
Dans la culture politique haïtienne, les alliances politiques sont de court terme, et l'allégeance aux partis est souvent moins forte que l'appât du gain. De plus, Martelly a remporté les élections avec près de deux tiers des voix et dispose du soutien et de l'affection de la population. Le temps dira les cartes que Martelly décidera de jouer pour obtenir la bonne grâce du pouvoir législatif dans les moments difficiles.
SOURCE : LeFigaro.fr