HAITI - PRESIDENTIELLE : CHAQUE CANDIDAT DEVRA DEBOURSER 3 à 6 MILLIONS $US POUR MENER CAMPAGNE

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La course à la présidentielle la plus chère de l’histoire d’Haïti


 
Les experts estiment entre 3 et 6 millions de dollars américains les sommes nécessaires [par candidat] pour mener leurs campagnes électorales, un défit qui sera difficile à surmonter pour de nombreux candidats.
Les analystes politiques quant à eux, estiment que les budgets pourraient atteindre entre 10 et 20 millions de dollars pour les meilleurs candidats. La course à la présidentielle dans cette perspective, pourrait être la plus couteuse de l’histoire d’Haïti pour les candidats

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Haïti était déjà chère avant le séisme mais alors que la campagne va démarrer tous les prix ont explosé, la demande dépassant l'offre. Selon des experts, les élections présidentielles et législatives pourraient très bien devenir un moteur de relance économique, soulignant que les campagnes des candidats vont générer des dizaines de milliers d’emplois.

« Leslie Voltaire, qui envisage pour sa part d'embaucher 10.000 observateurs (à 20 dollars américain par personne et par jour). Il envisage aussi la location d’un hélicoptère (750 dollars de l’heure) pour se déplacer dans les zones difficiles d’accès. Il estime qu'il lui faudra entre 6 et 8 millions de dollars pour financer sa campagne. Il vient de passer 3 jours en Floride pour tenter de lever des fonds dans la diaspora « c’est coûts sont scandaleux [...] heureusement qu’il y a des gens prêts à les subventionner ».

Un budget de campagne pour une visibilité minimale comprenant billboards, publicité dans les journaux locaux (1,000 dollars américains la page couleur, 450 dollars en noir et blanc), diffusions de spots audio de 30 secondes (entre 60 et 100 dollars par diffusion), T-shirts (29 à 35 dollars la douzaine) et posters, représentent déjà un montant d‘1 millions de dollars, hors frais de production, de véhicules, de carburants, de nourriture etc...[pour mémoire lors de la campagne de 2006, René préval avait fait distribuer près de 1,5 millions de T-shirts]

« Les véhicules sont difficiles à trouver en Haïti [essentiellement à cause de la pression excercée par les besoins des humanitaires] les locations, lorsqu’elles sont disponibles, sont passés de 150 dollars américains à 250 dollars par jour » a fait savoir le sénateur Joseph Lambert, coordonnateur national pour INITE ajoutant qu’il est plus avantageux d’acheter les véhicules pour la campagne que de les louer. Encore faut-il pouvoir le faire lorsque l’on sait qu’un petit véhicule Ford qui se vendait 30,000 dollars américain avant le séisme est introuvable aujourd’hui à moins de 40,000 dollars!

Mais le transport n'est pas le seul coût important, rappelle le Sénateur. Il faut aussi inclure les coûts de la fourniture d'électricité et de la nourriture lors des rassemblements de campagne, « Le peuple a faim, vous ne pouvez pas aujourd’hui, simplement les inviter à venir à une réunion et de ne pas les nourrir [...] cela est extrêmement cher ».

Lambert refuse de parler du coût de la campagne d’INITE mais assure que le financement se fera à partir de fonds provenant du secteur privé. Précisant, que lui et d'autres sénateurs, seront attentifs à ce que les fonds des ministères ne soient pas utilisés pour financer des candidats, déplorant cette pratique courante.

Steven Benoit, un ancien député, doute « avec l'absence d'un parlement fonctionnel, il sera difficile de surveiller les dépenses illégales » s’inquiétant des récentes décisions de M. Préval de prélever 100 millions de dollars du fonds PetroCaribe pour les routes et qui pourraient finir dans le financement de ses candidats. « Je suis convaincu que cet argent sera utilisé dans les élections pour acheter des votes ». Il est connu que des agences gouvernementales, dans le passé, ont été utilisées comme « boîtes noires » et ont payé des dépenses de campagne, une pratique interdite et illégale, mais rarement signalées. Étant donné le nombre d'anciens fonctionnaires du gouvernement parmi les candidats on ne sait pas si quelqu'un va recevoir des fonds publics autres que ce que le gouvernement prévoit officiellement.

Le financement des campagnes soulèvent inévitablement une autre préoccupation, l’utilisation des bénéfices de trafic de drogue, des rançons d’enlèvements et d'autres argent mal acquis dans le but de soutenir des candidats,d’acheter des voix ou de financer des désordres sociaux. « Le rôle du crime organisé est un grand sujet de préoccupation, nous craignons que des trafiquants profitent de la campagne pour essayer d’avoir une influence sur des politiciens » a déclaré Mark Schneider, un expert en Haïti a de la « Washington International Crisis Group». En Haïti, les experts internationaux rappellent que les organes électoraux n’ont pas la capacité de contrôler efficacement le financement des campagnes.

Il est à craindre, malheureusement, qu’au delà des qualités des candidats, ce soit le ou la candidate qui disposera du plus de moyens financier qui aura la plus grande chance de l’emporter.

SOURCE : S/ Miami Herald/HaïtiLibre /LNC