Il aurait mieux fait de se taire !

Yves JÉGO ravale sa salive

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Limogé lors du remaniement gouvernemental du 23 juin dernier, Yves JÉGO fut averti 10 minutes seulement avant son remplacement.

Vexé, l'homme avait promis des révélations sulfureuses, notamment sur des prétendues représailles des Békés.

En guise de révélation, nous avons droit à une interview insipide dans le quotidien Le Parisien d'aujourd'hui où Jégo s'évertue à passer la brosse à reluire à Sarkozy. Qu'espère-t-il encore, après pareil coup de pied ?

Pas d'autocritique, aucune remise en cause après sa gestion calamiteuse du début de crise en Guadeloupe. Pourquoi n'a-t-il pas été démissionné plus tôt ? 

 

 

 

Ci-dessous, Interview publiée ce jour dans le Parisien. 

Etre débarqué du gouvernement, c’est violent ?
Yves Jégo.
 C’est notre société qui est violente. Même débarqué un peu brutalement, un ministre n’a pas à se plaindre, quand on sait qu’il y a chaque jour 2 000 chômeurs de plus débarqués de leur entreprise dans notre pays. Il faut rester décent… Même s’il est vrai qu’apprendre cela dix minutes avant que ce soit annoncé à la télévision, ce n’est pas très agréable.

Vous n’avez rien vu venir ?
Non. Je n’ai eu aucun signe.

Vous avez rencontré Nicolas Sarkozy mercredi à l’Elysée.

Vous a-t-il expliqué votre éviction ?
On a parlé. Il m’a exposé son souhait de passer à une autre étape en nommant un ministre ultramarin, et ça, c’est plutôt une révolution. C’est sa responsabilité, et je respecte sa décision.

Quel était le ton entre Sarkozy et vous ?
C’était une explication entre amis, très franche et très sereine. Je n’ai aucun reproche à faire à Nicolas Sarkozy. Il a pris des décisions. Quand j’entends certains de mes collègues sortis du gouvernement pousser des cris et faire des reproches à tel ou tel, je le déplore. A ce niveau de responsabilité, on n’a pas le droit de se plaindre.

Avez-vous demandé un poste ou une mission ?
Non. Je ne lui ai rien demandé et il m’a fait l’honneur de ne pas me proposer de hochet.

Comme Roger Karoutchi, limogé lui aussi, vous êtes un sarkozyste de longue date. Sarkozy récompense mal ses amis ?
Sans Nicolas Sarkozy, je n’aurais jamais eu la chance de rentrer au gouvernement. Je lui en suis infiniment reconnaissant. Et s’il veut faire bouger le gouvernement, faire entrer des gens nouveaux, il faut bien que des gens sortent. C’est sans doute plus facile de demander cet effort à ses amis.

Le président vous a-t-il reproché la gestion du conflit aux Antilles ?
Non. Au contraire, il m’a dit qu’il m’avait soutenu pendant tout ce conflit. De toute façon, il y avait deux solutions : soit je ne m’en mêlais pas, et il y avait peu de chance que ça se règle, soit je m’en mêlais. J’y suis allé avec ma sincérité, et j’assume tout. Le président a pu le constater lui-même la semaine dernière lors de son voyage : la situation aux Antilles est redevenue normale. J’ai évité, dans un affrontement extraordinairement compliqué, une dérive insurrectionnelle qui aurait pu voir le sang versé.

Les békés (descendants des colons blancs aux Antilles) et le Medef sont-ils responsables de votre éviction ?
Je ne cherche pas de bouc émissaire. J’ai dénoncé la violence des rapports sociaux aux Antilles, j’ai dit un certain nombre de vérités, pointé des dérives. Par exemple, j’ai demandé à l’autorité de la concurrence de rendre un avis sur la formation du prix de l’essence. Sa conclusion, qui vient d’être rendue, me donne raison en dénonçant de nombreux excès. Mais j’ai d’excellents rapports avec certains patrons békés, je ne désigne pas une catégorie. J’ai voulu me faire le porte-parole d’un Etat neutre, qui n’ait pas de connivence et qui dise les choses. Je pense qu’outre-mer, il y aura un avant et un après-Jégo.

François Fillon est-il soumis à la pression des patrons békés, comme vous l’aviez laissé entendre pendant la crise ?
Je n’ai pas de preuve ni d’élément précis pour répondre. D’autant moins que depuis que je suis rentré des Antilles en février, je n’ai eu aucun contact avec le Premier ministre.

C’est étonnant, sur un dossier aussi chaud… 
Vous me permettrez de ne pas faire de commentaire. Même si mon retour précipité, à la demande du Premier ministre, n’a pas été sans conséquence. Il est vrai qu’à l’époque, beaucoup ont eu le sentiment qu’à Matignon, la vision de la réalité du terrain était peut-être partielle. Ce n’est toutefois qu’un sentiment.

Fillon a-t-il pesé dans la décision du président de se séparer de vous ?
J’imagine que si le Premier ministre avait souhaité que je reste, je serais encore au gouvernement. François Fillon a été lui-même un ministre viré (NDLR : lorsque Villepin a succédé à Raffarin en 2005, il n’a pas gardé Fillon au gouvernement) et ça ne lui a pas si mal réussi !

Allez-vous rejoindre Jean-François Copé et son club Génération France ?
J’ai déjà participé à plusieurs réunions de Génération France. Mon amitié avec Jean-François Copé n’est un secret pour personne. Mon parcours politique aujourd’hui, c’est évidemment de rester pleinement dans la majorité présidentielle et l’UMP. Je ne change pas de convictions. Mais j’ai rejoint le Parti radical de Jean-Louis Borloo. Cela fait longtemps que j’étais un compagnon de route de cette famille. Dans ma jeunesse politique, j’ai travaillé à proximité d’Edgar Faure. Le Parti radical est membre fondateur de l’UMP. Mais j’estime que l’UMP, qui est une très grande maison, s’enrichit avec des marques fortes.

Quelles valeurs faut-il renforcer ?
L’idée d’un libéralisme échevelé qui serait la marque de fabrique de la droite ne me convient pas. Il y a aussi une droite sociale. L’ouverture, c’est très bien, mais ça ne doit pas être pour l’UMP le prétexte pour ne pas développer des valeurs humanistes.