Catherine Boudet, une ex-journaliste, était poursuivie pour dénonciation mensongère et malveillante par écrit (false and malicious denunciation in writing). Le délit aurait été commis le12 avril 2011 au poste de police de Rivière-du-Rempart. La Réunionnaise était accusée d’avoir fait de fausses allégations contre son compatriote, Stéphane Sinclair, un « Cultural Consultant ». Elle avait allégué que le Français avait fabriqué une autorisation du Bureau du Premier ministre pour voler des documents d’archives du musée du Château de Labourdonnais.
La Réunionnaise avait plaidé non coupable à la charge retenue contre elle et était défendue par Me Jean-Claude Bibi.
Citant des textes de loi français, la magistrate Shefali Ganoo fait ressortir qu’il faut distinguer entre la dénonciation par erreur excusable — qui n’entraîne aucune responsabilité - et la dénonciation calomnieuse intentionnelle mensongère.
La magistrate a ajouté que pour que l’intention soit réalisée, il faut que le dénonciateur ait commis le délit avec connaissance et plus spécialement qu’il ait connu la fausseté des imputations qu’il dirigeait contre une personne. Cependant, la magistrate Shefali Ganoo a conclu que la poursuite n’a pas été en mesure de prouver les éléments essentiels de la charge. Elle a avancé dix raisons pour soutenir sa décision.
Premièrement, elle s’est appuyée sur le fait que le principal témoin dans cette affaire, le sergent Mohit du Central Criminal Investigation Department (CCID), a confirmé en Cour que Stéphane Sinclair avait utilisé l’enseigne du Bureau du Premier ministre de façon illégale.
Deuxièmement, le sergent Mohit a révélé au cours de son interrogatoire que Stéphane Sinclair s’était vu refuser l’accès aux archives par Alain Gordon-Gentil, conseiller du Premier ministre et qu’il avait falsifié son curriculum vitae, ce qui explique pourquoi Catherine Boudet a porté plainte contre lui.
La magistrate Shefali Ganoo a, d’autre part, trouvé étrange que mis à part les documents volés au musée du Château de Labourdonnais, la police n’a pas vérifié d’autres faits relatifs à cette affaire.
La non-vérification des bagages de Stéphane Sinclair à l’aéroport, lorsqu’il a quitté le pays, a également été évoqué par la magistrate. « Witness 14 (l’Inspector Sooben) who body searched witness 4 (Stéphane Sinclair), candidly stated that he never verified the luggage of witness 4, who was nevertheless a suspect at the time. He was even allowed to leave the Mauritian territory despite the fact that there was an on-going police enquiry which involved him directly », a précisé la magistrate Shefali Ganoo. Celle-ci évoque une série d’e-mails entre Stéphane Sinclair et des témoins de cette affaire qui ont exprimé des doutes sur le Français. Or, la police n’a enregistré aucune déposition de lui.
Enfin, la magistrate fait ressortir que la poursuite n’a jamais convoqué Stéphane Sinclair alors qu’il figurait sur la liste des témoins. Pour toutes ces raisons, elle a disculpé la Réunionnaise pour faute de preuves.
Catherine Boudet : « La vérité a triomphé »
Elle ne pouvait cacher sa joie au point où elle s’est évanouie au sortir de la salle d’audience. Catherine Boudet n’a pu retenir ses larmes en apprenant son acquittement. La Réunionnaise, âgée de 42 ans, s’est dite soulagée que le procès a pris fin et que la vérité a triomphé. « C’est une grande victoire. J’étais confiante que je gagnerai mais l’émotion était trop forte. Je n’ai jamais menti. Je remercie tous ceux qui m’ont soutenu dans ces trois ans d’épreuve. J’ai toujours cru en la justice mauricienne et aux institutions de ce pays », a-t-elle ajouté.
SOURCE : DéfiMédiaInfo